Histoire de l'économie

Première Révolution Industrielle : 1765 - 1852

.

Economie leader : Angleterre

Industries motrice : textile, métallurgie

Technologies : Métiers à tisser, machine à vapeur

Energie : Charbon

.

1765-1790 : Les innovations, qui allaient donner naissance à la première révolution industrielle, mettent 25 ans à se diffuser.

1790-1814 : Phase d'expansion économique de 24 ans.

1814-1852 : : Période de ralentissement économique en Angleterre qui dure 36 ans.

Mais c'est aussi au cours de cette période de ralentissement économique que s'accélère l'innovation, dès 1825 en Angleterre, une décennie plus tard aux USA, puis en France et en Allemagne, donnant naissance à la deuxième révolution industrielle.

.

I - Mouvement de libération contre les blocages de l'Ancien Régime et l'obscurantisme religieux

.

Depuis la Renaissance, la redécouverte des textes philosophiques et scientifiques de l'antiquité Gréco-Romaine alimentait un nouvel esprit scientifique, en lutte contre l'obscurantisme religieux et les superstitions.

Les esprits les plus éclairés remirent en cause les blocages de l'Ancien régime, où les masses paysannes étaient écrasées d'impôts, pour financer les rentes de l'Aristocratie terrienne et du Clergé.

Les économistes de l'école classique dénoncent la rente foncière dont bénéficient l'aristocratie et l'église, qui est un prélèvement sur les richesses créées par les exploitants agricoles et les entrepreneurs. Ricardo fera remarquer que si la terre appartenait à l'État, celui-ci pourrait supprimer la rente foncière. La richesse globale de la société n'en serait nullement diminuée, et les sommes ainsi économisées par les capitalistes et les fermiers leur permettraient d'investir, donc d'accroître davantage cette richesse globale.

.

II - Les conditions préalables à une révolution industrielle

.

Révolution agricole

La révolution industrielle touche aussi le monde agricole : mécanisation de l'outillage, suppression de la jachère, diffusion de plantes (pommes de terre, betteraves à sucre), usage de l'engrais.

Les régions se spécialisent et le commerce agricole, jusque là très local, s'internationalise.

.

III -  La période 1765-1852

.

La première révolution industrielle, en créant de nouveaux enjeux économiques considérables, amplifia l'opposition entre la bourgeoisie industrieuse montante et l'aristocratie terrienne qui vivait de ses rentes sans travailler, bloquait les réformes et ne payait pas d'impôts.

1765 : Les métiers à tisser créent l'industrie textile du coton.

Dès 1733, l'invention en Grande-Bretagne de la "navette volante" accélère l'opération de tissage.

1765 : le tisserand Hargreaves invente la Spinning Jenny, rouet à plusieurs fuseaux.

Les innovations se multiplient et se répandent rapidement dans l'industrie du coton, puis dans la sidérurgie, les mines et les transports.

1775 : La machine à vapeur alimentée par le charbon de bois.

1769 : James Watt dépose le brevet de sa machine à vapeur à condenseur séparé.

1771 : Arkwright invente le métier à tisser hydraulique (Water-Frame).

1775 : La fabrication industrielle de la machine à vapeur débute avec le manufacturier Boulton,

1779 : Samuel Crampton fabrique la Mule Jenny, combinant les avantages de la Spinning Jenny (fil fin) et du Water-Frame (fil résistant).

1784 : Cartwright en Angleterre utilise la force hydraulique et la machine à vapeur pour fabriquer des métiers à tisser mécaniques. L'industrie textile (laine, coton, soie, lin) se développe rapidement.

La nouvelle énergie issue de la vapeur est utilisée pour les transports et l'extraction de la houille.

1783 : La métallurgie permet le développement des ouvrages d'arts et de la construction navale.

L'extraction de la houille avec l'énergie de la vapeur entraîne la construction de hauts fourneaux et de fonderie,ce qui donne naissance à l'industrie de la métallurgie.

En 1783, l'invention du puddlage permet la conversion de la fonte en fer par utilisation de la houille, beaucoup plus abondant que le charbon de bois. Les produits en fonte et en fer deviennent beaucoup plus solide, ce qui permet le développement de la construction d'ouvrages d'arts (ponts) et de la construction navale.

1786 : Echec du premier traité de libre échange entre la France et l'Angleterre

1786 : 10 ans après la publication de "Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations" d'Adam Smith, la France et l’Angleterre signent un premier traité, dit « Traité Eden-Rayneval », en vue de limiter les entraves au commerce entre les deux pays.

Les blocages de l'Ancien Régime défavorisèrent les entrepreneurs français face au Anglais, faisant de la France un simple fournisseur de produits agricoles. A partir de 1789, les troubles de la Révolution française et des guerres napoléoniennes retardent pour un temps l’essor du libre-échange : avec le blocus continental, les anglais n'ont plus accès aux marchés européens et inversement l'activité des grands ports du continent s'effondre.

1791 : Protectionnisme Américain

En 1791, Alexander Hamilton, Secrétaire au Trésor Américain, préconise la protection des industries du territoire contre la supériorité de l’industrie britannique, le temps de développer une industrie nationale suffisamment puissante pour affronter cette concurrence.

1795 : La "loi sur les pauvres" invente le concept de "revenu universel

Le 6 Mai 1795, à une époque de grande détresse, des notables de Berkshire se réunirent à l'auberge du Pélican, sise à Speenhamland, dans le sud de l'Angleterre. Ces "juges de paix" décidèrent qu'il fallait, au sein de chaque paroisse, accorder aux plus nécessiteux des compléments de salaires conformément à un barème indexé sur le prix du pain. Ce fut la naissance du premier revenu minimum destiné aux pauvres, qui peinaient alors à trouver une place dans la grande mutation industrielle.

D'abord appliquée dans un seul comté, cette loi s'appliquera dans la plupart des campagnes anglaises, les premières à pâtir de l'industrialisation, mais également, plus tard, dans les milieux manufacturiers. A l'époque, les paroisses avaient la charge des pauvres, des orphelins, des infirmes et des indigents.

Speenhamland restera dans l'histoire de l'économie mondiale comme l'échec spectaculaire, selon l'économiste et historien Karl Polanyi, d'un fait de solidarité sociale méconnu. La loi a abouti au "résultat ironique que la traduction financière du "droit de vivre" finit par ruiner les gens que ce "droit" était censé secourir".

Le Point 30 Mars 2017

L'échec de la "loi sur les pauvres" de 1795 :

1798 : Les progrès de la médecine provoquent une explosion démographique

1798 : Jenner met au point la vaccination contre la petite vérole. Les vaccins stimuleront l'essor démographique dans le monde. Thomas R. Malthus publie son Essai sur le principe de la population. Face à la croissance démographique européenne, l'économiste anglais prône la limitation des naissances pour pouvoir jouir des richesses produites. La population européenne a augmenté de 50 % en un siècle (de près de 100 % dans le Royaume-Uni).

1799 : Les lois anti-Conbination laws interdisent la création de représentations syndicales.

1807 : Le Royaume-Uni met fin à la traite négrière.

Après le servage de l'ancien-régime, la bourgeoisie libérale met fin à la traite négrière, qui en tout point s'oppose à sa vision politique et économique :

L'esclavage sera définitivement interdit dans l'Empire Britannique en 1833.

1815 : Protectionnisme agricole du Royaume-Uni

En 1815, le retour à la paix provoque une baisse des prix agricoles au Royaume-Uni, où les propriétaires terriens obtiennent un renforcement des Corn Laws pour les protéger des importations étrangères.

1815 : Début de l'émergence de la Prusse

1815 : La Prusse obtient d'importants territoires au Congrès de Vienne. Mais cela ne suffit pas à la doter d'un marché intérieur de la taille de celui du Royaume-Uni ou de la France. La Prusse cherche à devenir le moteur de l'unification allemande, au travers d'une Union Douanière qui deviendra effective 20 ans plus tard.

1816 : Première crise industrielle

En 1816 éclate une crise économique, que les historiens considèrent comme la première crise de l'ère industrielle.

Le Royaume-Uni met fin à l'esclavag

1825 : Première crise de sur-production industrielle en Angleterre

Krach boursier suite à la spéculation sur les investissements en Amérique Latine, baisse des prix, révolte ouvrière.

Reconnaissance du droit de grève en Angleterre

Alors que la Révolution Française a supprimé les corps intermédiaires, la monarchie parlementaire anglaise tolère l'existence d'associations ouvrières dans des secteurs limités. Ceci permet l'éclosion d'un droit du travail, qui servira par la suite d'exemple pour les revendications sociales sur le continent.

1824-1825 : Reconnaissance du droit de grève et d'association au Royaume-Uni.

1831 : Reprise économique

1836 : Crise financière et conflits sociaux en Angleterre

1843 : Reprise économique

1847 : Crise de change et panique bancaire au Royaume-Uni. Crise politique en France

1852 : Reprise économique et début de la deuxième révolution industrielle.

Croissance urbaine au XIXème siècle

Les usines de plus en plus grandes font venir de plus en plus d'ouvriers. Ceci alimente la croissance urbaine, plus particulièrement à proximité des mines de charbon nécessaires à la production de l'énergie de la vapeur.

.

Une croissance extensive

La croissance de la première Révolution Industrielle a surtout été extensive, alimentée par la croissance de la population (facteur travail) et la duplication des ateliers de production (facteur capital).

.

IV - 1789 : Décollage industriel de l'Angleterre

.

Les guerres contre la France Révolutionnaire, puis Impériale, accélèrent la diffusion des innovations depuis 1765, ce qui crée le décollage industriel de l'Angleterre.

L'Angleterre réunissait toutes les conditions préalables au décollage industriel :

La constitution de propriétés agricoles individuelles dès le XVIe siècle

Marc Montoussé et Dominique Chamblay - 100 fiches pour comprendre les sciences économiques - 1997

Le mouvement des enclosures qui se développe en Angleterre à partir du XVIe siècle préfigure la révolution agricole : en effet, la constitution de propriétés individuelles et la suppression des prés communaux fut la première introduction du capitalisme et conduisit à la recherche de rentabilité.

La révolution agricole du XVIIIe siècle a favorisé l'industrialisation :

  • Elle permet de dégager une main-d'oeuvre qui peut être embaucjée dans l'industrie.
  • Elle fournit des débouchés à l'industrie métallurgique (outillage agricole) et l'industrie chimique (engrais).
  • Elle permet de nourrir une population urbaine et industrielle croissante.
  • Elle fournit la matière première au premier secteur industriel à se développer : le secteur textile

Une accumulation de capitaux dans le grand artisanat urbain et le commerce international, prêts à être investis dans les premiers ateliers de la révolution industrielle.

Une forte croissance démographique.

Des infrastructures de communication (routes, canaux, ports).

Des institutions de Crédit favorables à la circulation de la monnaie et à l'accumulation de capitaux.

Une forte culture de l'innovation technique, tant chez les ingénieurs que chez les entrepreneurs.

Une culture économique favorable à l'innovation, à l'esprit d'entreprendre et au commerce.

En 1776, Adam Smith écrit Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, bible anti-mercantiliste du libéralisme économique et de l'effet régulateur de la main invisible du marché. Il fournit le cadre théorique pour l'instauration du libre échange au sein de l'Empire Britannique.

1817 : David Ricardo écrit les Principes de l'économie politique et de l'impôt. Théorie de la valeur-travail, du salaire naturel, des avantages comparatifs favorable à une division internationale du travail.

Un contexte politique favorable à la levée des contraintes s'opposant à la mécanisation de la production ainsi qu'à la création d'un marché national.

Avant même la première Révolution Industrielle, le Royaume-Uni était déjà doté d'une Monarchie parlementaire, créant un contexte politique favorable au développement économique, avec un État de droit qui préserve la liberté d'entreprendre et garantit la monnaie.

Des mines de houille pour alimenter à proximité les industries en énergie.

Un très vaste marché intérieur.

Le libre échange au sein de l'empire britannique ouvrait un immense marché pour écouler les productions de la nouvelle industrie anglaise.

.

V - 1789 : La Révolution Française étouffe le décollage industriel de la France.

.

Au moment même où l'Angleterre donne naissance à la Révolution industriel, la Révolution Française donne naissance aux Etats totalitaires.

.

La Révolution fait perdre à la France son avance intellectuelle dans la pensée économique et scientifique.

En France, à la fin de l'Ancien Régime, la réflexion libérale était aussi avancée qu'en Angleterre : c'est au cours d'un séjour en France, où il avait rencontré Voltaire, François Quesnay et les encyclopédistes, qu'Adam Smith découvre les effets bénéfiques de la division du travail et la doctrine du "laisser-faire laisser-passer" des physiocrates.

La France comptait autant, sinon plus, de théoriciens, savants, ingénieurs et entrepreneurs que l'Angleterre.

En 1772, Lavoisier (1743-1794) fait de la chimie une science quantitative.

Malgré tous ses atouts, pénalisée par une monarchie beaucoup plus conservatrice que la monarchie parlementaire du Royaume-Uni, la France commençait à prendre du retard par rapport au décollage de l'industrie anglaise. Le conservatisme et la bureaucratie de la société française favorisait le développement d'une bourgeoisie de notables, plus particulièrement celle des avocats, et étouffait l'émergence d'une bourgeoisie d'entrepreneurs.

Une évolution pacifique vers une monarchie parlementaire comme au Royaume-Uni aurait pu faire du marché intérieur français, de loin le plus peuplé d'Europe, un formidable débouché pour les nouvelles industries françaises.

Malgré ses brillants théoriciens, chercheurs et entrepreneurs, la société française et restée beaucoup plus rurale et conservatrice que l'Angleterre. Beaucoup plus riche et peuplée dans l'étape pré-industrielle, la France n'a pas connu l'étape du "décollage industriel" (take-off) contrairement à tous les autres pays qui ont connu une révolution industrielle. La transformation de son économie a été particulièrement lente, c'est le seul pays au monde où la baisse de la natalité a précédé l'industrialisation.

1803 : Jean-Baptiste Say écrit le Traité d'économie politique, bible du libéralisme économique français. La France possède toujours des esprits éclairés comme Jean Baptiste Say qui pensent la modernité, mais ils sont devenus totalement isolés et non aucune emprise sur la réalité sociale, politique et économique du pays. La classe politique française s'enferme dans le dirigisme étatique hérité de l'Ancien Régime, de la Révolution et de l'Empire.

.

La Révolution Française "criminalise" l'entrepreneur

Jean Peyrelade explique comment la France a raté son entrée dans le monde moderne lors de la Révolution : "Le point de départ décisif se situe à l'été 1792, après la fuite de Varennes et la destitution de Louis XVI. Condorcet (1743-1794), grand esprit de l'époque, philosophe, mathématicien et représentant des Lumières, est alors chargé d'élaborer un projet de Constitution, dans lequel il va inscrire la liberté de commerce et de l'industrie comme liberté fondamentale. Mais cette Constitution, dite Girondine, sera refusée dès Février 1793 par la Convention, à majorité Jacobine. Dans les mois qui suivront, les Girondins iront à l'échafaud tandis que Condorcet sera retrouvé mort dans sa cellule en Mars 1794. Le problème ainsi réglé, il n'y aura plus aucune reconnaissance de l'entreprise dans aucun texte constitutionnel français, y compris durant notre révolution industrielle, ni même lors de ce que j'appelle "la parenthèse entrepreneuriale", qui va de Louis Philippe à Napoléon III. Tel fut le virage capital initié par les Jacobins pendant la Terreur."

"En terme politiques, le constituant a donc inscrit la relation du citoyen avec l'Etat comme une sorte de lien sacré qui efface tout le reste. D'un côté le peuple français est incarné dans l'Etat, de l'autre les citoyens. Entre les deux, pas de corps intermédiaires. C'est ainsi que dans notre système, l'entreprise va devenir illégitime, l'économie de marché se construisant dans des réseaux qui échappent à l'Etat. A tel point qu'elle constitue une sorte d'offense à la vision française de la souveraineté".

C'est ainsi que la Révolution Française tourna le dos au monde qui était en train de naître sous l'impulsion des anglais. Elle sombra rapidement dans la terreur des Jacobins, sous la dictature d'avocats d'affaires extrémistes, viscéralement hostiles à l'esprit d'indépendance des entrepreneurs et des savants. Ils font guillotiner Lavoisier avant qu'il puisse terminer ses expériences, au nom d'un nouvel obscurantisme qui veut que "la République n'a pas besoin de savants".

.

La Révolution Française supprime les corps intermédiaires, détruisant la culture de la négociation au profit d'une culture étatique.

Le 2 mars 1791, la loi d'Allarde libéralise l'économie en supprimant les privilèges économiques et les corporations. Au-delà de lever les blocages économiques de l'Ancien Régime, le pouvoir centralisateur des jacobins souhaite surtout détruire tous les corps intermédiaires qui créent du lien social face à un Etat tout puissant.

Le 14 juin 1791, la loi Le Chapelier poursuit la politique de l'Etat centralisateur contre les corps intermédiaires, en limitant le droit d'association, interdisant en particulier les groupements professionnels.

La loi Le Chapelier interdit les organisations ouvrières, notamment les corporations des métiers, mais également les rassemblements paysans et ouvriers ainsi que le compagnonnage. Elle interdit de fait les grèves et la constitution des syndicats au cours du siècle suivant, mais aussi certaines formes d'entreprises non lucratives comme les mutuelles.

L'avocat Issac Le Chapelier s'inquiète de l'émergence d'un mouvement pré-syndical où les ouvriers élaborent des sortes de conventions collectives et constituent des mutuelles de solidarité.

Alors que la bourgeoisie se réunit en clubs pour prendre le contrôle politique et économique, l'objectif est d'isoler le paysan et l'ouvrier face au pouvoir politique de l'Etat et au pouvoir économique de l'employeur.

La loi contribue, avec le décret du 18 août 1792, à la dissolution de l'Université et des facultés de médecine, au nom du libre exercice de la médecine, sans qu'il soit nécessaire d'avoir fait des études médicales ou d'avoir un diplôme, jusqu'à la création des écoles de santé de Paris, Montpellier et Strasbourg le 4 décembre 1794.

Supprimant toutes les communautés d'exercice collectif des professions, la loi Le Chapelier eut pour effet de détruire les guildes, corporations et groupements d'intérêts particuliers, détruisant du même coup les usages et coutumes de ces corps. Elle provoque, dès 1800 chez les ouvriers charpentiers, la formation de ligues privées de défense, appelées syndicats, et des grèves, qu'elle permet de réprimer pendant presque tout le XIXe siècle. Bien qu'ils soient également interdits, la loi ne parvient pas à empêcher la formation de véritables syndicats patronaux. De même, la loi ne peut empêcher l'organisation de sociétés de compagnonnage. Par ailleurs, les coopératives ouvrières, développées à partir de 1834, sont considérées, hormis une brève période sous la Deuxième République, en 1848, comme des coalitions jusqu'à la loi du 24 juillet 1867 sur les sociétés, qui leur reconnaît un statut légal, comportant un chapitre dit « des Sociétés à Personnel et Capital Variables ».

Le 12 avril 1803, la loi sur la réglementation du travail dans les manufactures et les ateliers renouvelle l’interdiction des coalitions ouvrières. De son côté, le délit de coalition est réaffirmé dans les articles 414 et 415 du Code pénal de 181015. Le 15 mars 1849, une nouvelle loi est votée contre les coalitions ouvrières et patronales.

Abrogation

La loi Le Chapelier a été abrogée en deux temps le 25 mai 1864 par la loi Ollivier, qui abolit le délit de coalition, et le 21 Mars 1884 par la loi Waldeck-Rousseau, qui légalise les syndicats.

.

Napoléon tourne le dos à la modernité économique

Napoléon dépasse ses modèles Alexandre et César par le nombre de ses victoires militaires et son génie administratif. Mais alors qu'Alexandre et César avaient accouché d'un monde nouveau, Napoléon, lui, tournait le dos à la Révolution Industrielle de son siècle. Au final l'Empire Napoléonien s'écroule et la France rate son premier décollage industriel.

Du Pont de Nemours, collaborateur de Lavoisier, quitte la France pour fonder en 1802 aux Etats-Unis une poudrerie à l'origine du premier trust mondial de la chimie, une industrie qui sera au coeur de la deuxième révolution industrielle.

Il faudra attendre la Monarchie de Juillet (1830-1848) , puis le second Empire (1852-1970) pour que la France s'engage pleinement dans la deuxième Révolution Industrielle. Mais la France a décroché par rapport à la puissance industrielle britannique, qui a plusieurs décennies d'avance. De son côté, la Prusse commence à unifier l'Allemagne en constituant en 1833 une vaste zone de libre échange, permettant l'émergence d'une puissance industrielle germanique qui allait rapidement dépasser celle de la France.

Géant démographique de l'Europe jusqu'en 1789, la France sort épuisée après un quart de siècle de guerres révolutionnaires et napoléoniennes, avec une saignée sur la population aussi désastreuse que celle de la Première Guerre Mondiale. La France est le premier pays au monde à faire moins d'enfants, alors que la population explose au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie.

.

Rousseau, fondement idéologique de la Révolution Française

Dans les décennies qui précédent la Révolution Française, le Royaume de France et le Royaume-Uni étaient les deux foyers de la pensée libérale qui aller donner naissance au monde moderne.

Au Royaume-Uni, la démocratie parlementaire déjà bien installée constituait un terreau favorable à l'émergence du libéralisme à partir de la société civile.

En France, soumise à un pouvoir fortement centralisé depuis Philippe Le Bel (roi de 1285 à 1314), c'est la vision collectiviste de Rousseau qui était la pensée dominante dans la bourgeoisie des notables, avocats, journalistes et médecins.

" Pour Rousseau, l'individu ne trouve sa destination que dans sa dilution dans la communauté. Or la finalité de l'individu n'est pas de l'être par fusion dans le collectif, mais de le rester tout en étant dans le collectif, sans faire sécession du collectif . "Le Contrat social" dit paradoxalement à l'individu qu'il le sera d'autant plus qu'il le sera moins ou qu'il cessera de l'être. Cette ruse de la raison rousseauiste triomphe avec Robespierre et les jacobins Elle nous fait croire que nous ne sommes vraiment qu'à la condition d'être des citoyens et d'obéir à l'Etat. Le catéchisme de la IIIe République et la morale de l'école d'alors reprennent cette idée en expliquant que le trajet conduit chacun de l'émancipation de la nature aux sommets de la culture : le sacrifice de soi dans l'Etat, ce qui constituerait le seul et unique trajet républicain possible et pensable."

Michel Onfray - Le Point 1e Juin 2017

La Révolution Française impose un libéralisme étatique

Les révolutionnaires considéraient que la société d'Ancien Régime était fossilisée par les privilèges et les rentes de l'aristocratie et du clergé, ainsi que par une multitude de confréries corporatistes. Ils en concluaient qu'il fallait supprimer tous les corps intermédiaires qui limitaient les libertés individuelles et établir un lien direct entre l'Etat et les citoyens

.A partir de la prise du pouvoir par les Jacobins, la France a refoulée la mémoire de ses brillants penseurs ayant théorisé le libéralisme, qui avaient pourtant une grande influence, y compris sur les britanniques (voyage en France d'Adam Smith).

"Avec la Suède, la France est le pays où la notion d'individu est la plus forte en Europe. Mais c'est l'Etat qui en a été l'agent en affaiblissant la famille, les communautés et les corps intermédiaires pour constituer la France. Dans l'imaginaire français, l'Etat est central, car précédent la nation." - Stéphane Rozès dans l'Expansion Octobre 2015.

Depuis l'avènement de la IIIe République, les pouvoirs politiques et universitaires ont tout fait pour effacer l'influence des penseurs libéraux Français sur la pensée économique qui a donné naissance au monde moderne...

.

La terreur de 1793 : matrice des Etats totalitaires du XXème siècle

La prise du pouvoir par la violence

Afin d’enquêter sur les exactions de la Commune de Paris et de veiller à la sécurité de l’Assemblée, les Girondins firent nommer une "Commission des Douze".

Profitant de ce que l'armée est loin de Paris pour combattre les forces de la coalition européenne, les délégués de 33 sections créent un comité insurrectionnel siégeant à l'Evêché.

31 Mai 1793 : Des manifestants parisiens demandent à la Convention nationale d'exclure les chefs des Girondins, de casser la Commission des Douzes et de "taxer les riches".

2 Juin 1793 : Les milices parisiennes des sans culottes encerclent l'Assemblée. Lorsque la Convention veut sortir de la salle pour soustraire la représentation nationale au coup de force des milices parisiennes, Hanriot, commandant de la garde nationale : "Cannoniers, à vos pièces".

Sous la contrainte des canons, la Convention nationale vote l’expulsion de vingt-neuf députés girondins et de deux ministres, le Ministre des Affaires Étrangères Pierre Hélène Marie Tondu (connu alors sous le nom de Pierre Lebrun), et le Ministre des Finances, Étienne Clavière.

La défaite des Girondins marque la prise du pouvoir par la violence de quelques milliers d'émeutiers parisiens extrémistes, sans aucune légitimité politique, sur l'ensemble de la Nation.

Le premier tribunal d'un Régime totalitaire : la seule fonction des tribunaux est de légitimer les mises à mort au nom de la "Justice"

L'ancienne Grand Chambre du Palais de Justice, réduit par la terreur à une salle de mise à mort, est renommée "salle de la Liberté" (sur les 2807 accusés qui comparurent devant le Tribunal révolutionnaire, 2.742 furent condamnés à la guillotine).

14 Octobre 1793 : Jugement de Marie Antoinette, condamnée d'avance :

.

Mise en place d'une administration fiscale moderne

Principe de l’égalité devant l’impôt en supprimant les privilèges.
Fin de l’arbitraire du fisc.

Le génie administratif de Napoléon

Napoléon a su mettre en place de nombreuses administrations modernes, en France et dans les territoires conquis, qui allaient survivre à son régime.

1800 : Création de la Banque de France. Elle reçoit en 1803 le monopole de l'émission des billets. Le franc, comme les autres grandes monnaies, restera quasiment stable jusqu'en 1914.

La Révolution Française invente la méritocratie

La Révolution Française est le premier régime de l'histoire à instaurer une méritocratie, en faisant appel aux plus qualifiés, quelque soit leur origine sociale. C'est ce qui explique les victoires militaires, la qualité du commandement des officiers sortis du rang surpassant celle des officiers d'ancien régime de l'Europe coalisée, promus pour leurs seuls titres de noblesse. Napoléon, qui avait bénéficié de cette promotion durant les premières années de la Révolution, systématisa cet appel aux meilleurs et fit la conquête de l'Europe de l'Andalousie à Moscou.

.

V - 1800 : Décollage industriel de la Belgique.

.

La Belgique dispose de ressources minières importantes et d'un bon équipement proto-industriel (travail du lin partout en Flandre au xviiie s.),

L'intégration de la Belgique dans l'Empire Français lui donne accès à un immense marché. Le blocus continental imposé par Napoléon fait disparaître la concurrence, ce qui stimule le textile dans les bassins de Gand et de Verviers, et accélère sa mécanisation.

En contrepartie, l'industrie belge connaît de graves crises de réadaptation après 1815, et encore après l'indépendance (1830). Mais l'impulsion est alors déjà passée aux mines et à la sidérurgie, intégrées dans de grosses entreprises, comme Cockerill, et qui consolident leur rôle de secteur moteur avec le boom du réseau ferré, à partir de 1840.

.

VI - 1800-1820 : Décollage industriel de l'Etat de Nouvelle-Angleterre aux USA

.

L'immigration britannique avait importé en Nouvelle-Angleterre la technologie de l'industrie textile dès les années 1800-1820. Fortement capitalistique, utilisant aussi bien les ressources hydrauliques que la vapeur, l'industrie du coton est « dopée » par l'expansion rapide du marché intérieur et la demande de la Frontière. Les besoins de l'agriculture expliquent également les performances élevées rapidement atteintes par l'industrie de la machine-outil. Après le ralentissement consécutif à la guerre de Sécession, la protection douanière et surtout l'arrivée massive d'immigrants européens relancent le dynamisme du pays, qui se retrouve au tout premier rang mondial dans la vague de changements techniques de la fin du siècle.

VII - 1820 : Décollage industriel de la Suisse

La Suisse démontre la même précocité, profitant de sa position géographique de carrefour en Europe, de sa puissance financière (place de Genève, réseaux bancaires protestants) et de son tissu proto-industriel (coton, rubanerie, horlogerie) : elle exploite au maximum ses ressources hydrauliques, et la mécanisation y est une réponse au défi concurrentiel anglais dans les années 1820-1840. Elle sait aussi développer une spécialisation poussée dans les domaines où elle a une supériorité technologique ou des savoir-faire très éprouvés (horlogerie, broderie, indiennerie), travaillant pour des marchés étrangers (orientaux ou américains) bien ciblés.

.

VIII - Les conséquences de l'essor industriel

.

Industrialisation des régions minières.

Les industries se concentrent autour des mines de charbon qui procurent l'énergie. Ceci favorise l'Angleterre, la Belgique et l'Allemagne, bien dotés en mines de Charbon.

En France, le Nord et l'Est s'industrialisent autour des mines de charbon, alors que l'Ouest et le Midi restent à l'écart du développement industriel. La première ligne de chemin de fer français relie en 1831 le bassin houiller de Saint-Etienne aux usines de la région lyonnaise.

L'Italie et l'Espagne, peu dotés en mines de charbon, ratent la première révolution industrielle.

Les usines supplantent les ateliers domestiques isolés.

Au tout début des métiers à tisser, les productions se faisaient à domicile, dans les villages. Avec la mécanisation, les productions ont été recentrées dans des usines de plus en plus grandes. Cela peut aboutir à une prolétarisation « sur place », les proto-ouvriers glissant vers l'activité professionnelle unique tout en conservant leur résidence villageoise et un jardin potager : de nombreux bourgs de tisserands de la laine, en Flandre française ou belge, sont ainsi entièrement professionnalisés dès le milieu du xviiie s

Expansion d'un capitalisme commercial et financier

A cause de la Révolution Française, la France s'est laissée largement distancée par l'industrie anglaise dès 1789, puis rattrapée par l'industrie prussienne au milieu du XIXeme siècle.

Si le capitalisme industriel français a pris du retard, par contre son capitalisme financier est très développé.

Paupérisation et déracinement des populations agricoles

Le progrès se traduit par une forte baisse de la mortalité infantile et une hausse de la productivité des agriculteurs. Les campagnes se retrouvent surpeuplées, ce qui alime un exode rural.

La population pauvre des campagnes qui émigre vers les régions industrielles se coupe de ses racines et perd ses liens de solidarités de type traditionnel. Subissant des conditions de travail très rudes – qui ne s'améliorent que très progressivement au cours du siècle –, elle contribue à la formation d'un prolétariat ouvrier, ou « classe ouvrière ».

1831 : Insurrection des canuts lyonnais, maîtres et ouvriers de la soie.

La prise de conscience des effets négatifs d'un libéralisme non régulé donne naissance aux socio-libéraux

Des Adam Smith, les premiers libéraux de l'école classique avaient conscience du déclassement des artisans transformés en ouvriers, mais sans pouvoir trouver une solution à ce problème social.

Saint-Simon fut le premier à donner la priorité à l'intégration des ouvriers aux bienfaits de la modernité industrielle, quitte à limiter la liberté individuelle des entrepreneurs au profit d'une plus forte intervention de l'Etat.

Dès 1819, Saint-Simon publie la revue L'Organisateur, puis Le système industriel (1820) et Le catéchisme des industriels (1824). Odes aux bienfaits de l'industrie et à l'harmonie d'une société débarrassée des improductifs. L'oeuvre de Saint-Simon aura une profonde influence à la fois sur les socialistes et sur de nombreux industriels.

1840 : La violence sociale du capitalisme donne naissance à un collectivisme révolutionnaire.

1840 : Louis René Villermé publie Tableau de l'état physique et moral des ouvriers dans les fabriques de laine et de soie. Parution de Qu'est-ce que la propriété ?, de Proudhon. " C'est le vol ".

1845 : Friedrich Engels publie La situation de la classe laborieuse en Angleterre. Face à la misère des prolétaires de Manchester, l'auteur cherche une réponse politique. Il la trouvera avec Marx.

Supprimer les publicités sur ce site pendant 1 an