David Ricardo (1772-1823)

Anglais

Ecole Classique

Description de l'image  David ricardo.jpg.

photo wikipedia

 .

 I - Filiation de la pensée de Ricardo

.

.

.

David Hume (1711-1776)

Adam Smith (1723-1790)

Turgot (1727-1781)

 

L'étalon-or stabilise les balances commerciales

"Political freedom flows from economic freedom"

Valeur travail

  Les avantages absolus

Les rendements décroissants

.

Thomas Robert Malthus (1766-1834)

La surpopulation fait augmenter le prix du blé et le salaire de subsistance

.


David Ricardo (1772-1823)

Les avantages comparatifs

La croissance démographique conduit vers un "état stationnaire" de l'économie

La création monétaire finit en inflation

L'équivalence Ricardienne entre la dette publique et la ponction du revenu des ménages (impôts, emprunts)

L'étalon or stabilise les balances commerciales

.

Karl Marx (1818-1883)

La baisse tendancielle du taux de profit

.

Les héritiers : Ecole Néo-classique

.

John Maynard Keynes (1883-1946)

L'effet multiplicateur keynésien (invalide l'équivalence ricardienne)

.

.

I - Contexte historique

.

A partir de 1750, la baisse de la mortalité infantile génère une forte croissance démographique de la Grande-Bretagne, qui passe de 7,5 millions d'habitants en 1750 à 11,9 millions en 1801. Si la révolution de la médecine et de l'hygiène ont eu des effets immédiats, par contre la diffusion des inventions de la révolution industrielle mirent plusieurs décennie pour se diffuser dans l'ensemble de l'économie et générer une hausse des productions, notamment agricoles, plus rapide que celle de la population.

Comme Thomas Malthus (1766-1834), David Ricardo (1772-1823), a vécu à une époque de la montée de la misère au Royaume-Uni générée par l'explosion démographique, alors que les gains du progrès technique restaient peu visibles au niveau de l'ensemble de la société et que les nouvelles terres agricoles mises en exploitation, moins fertiles, avaient des rendements décroissants.   

L'erreur de David Ricardo, comme Thomas Malthus, est de ne pas avoir su anticiper l'explosion industrielle qui allait être générée par les inventions technologiques dont ils étaient les contemporains.

 

II - Biographie de David Ricardo

Milieu familial

18 Avril 1772 : Naissance de David Ricardo à Londres. Il est le troisième des dix-sept enfants d'une famille de financiers juifs orthodoxe d'origine portugaise, ayant émigré des Pays-Bas vers l'Angleterre juste avant sa naissance.


1786 : Il commence à travailler avec son père à l'âge de 14 ans, comme agent de change à la Bourse de Londres.

L'esprit libre de Ricardo l'amène à rejeter le judaïsme orthodoxe de sa famille. A une époque où il est socialement difficile de rompre totalement avec la religion, il opte pour la doctrine des unitariens (le Père, le fils et le Saint-Esprit ne forment qu'une seule personne) en rupture avec le christianisme officiel.

1793 : A 21 ans Ricardo s'enfuit avec une quaker, Priscilla Anne Wilkinson, qu'il vient d'épouser. Sa mère, en représailles, ne lui parlera plus jamais.

L'agent de change, praticien de la finance

1793 : La rupture avec sa famille le contraint à se mettre à son compte en devenant agent de change. Il fait fortune avec d'heureuses spéculations boursières.

Le théoricien de la finance

En 1799, à 27 ans, Ricardo s'intéresse à l'économie en lisant Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) d'Adam Smith.

1809-1810 : Ricardo publie 3 articles dans le Morning Chronicle sur les problèmes monétaires du Royaume-UNi suite aux guerres napoléoniennes.

1811 : Dans son Essai sur le haut prix du lingot : preuve de la dépréciation des billets de banque, Ricardo développe une thèse quantitativiste où l'excès d'émission de billets a contribué à déprécier la devise anglaise lors des guerres napoléoniennes. Ce livre influencera la rédaction du « Bullion Report » par la commission du même nom de la Chambre des communes.

1814 : Son travail d'agent de change le rend suffisamment riche pour prendre sa retraite, à l'âge de 42 ans. Il déménage à Gatcombe Park et partage son temps entre la politique et l'économie.

L'économiste

Ricardo est un autodidacte de la pensée économique. Il correspond en abondance avec Jeremy Bentham, Thomas Malthus et Jean-Baptiste Say, sur des sujets tels que le rôle des propriétaires terriens dans la société. Il fréquente aussi les milieux intellectuels londoniens, et devient membre du Club d'économie politique de Malthus (Malthus' Political Economy Club) et du Roi des clubs (King of Clubs).

1815 : La loi des Corns Laws ferme le marché britannique aux importations de blé.  Ricardo publie Essai sur l'influence des bas prix du blé sur les profits du capital.

1816 : Première crise économique de l'ère industrielle, que Ricardo considère comme un simple accident conjoncturel liè à la fin des guerres napoléoniennes.

1817 : Ricardo publie son œuvre maîtresse, Des principes de l'économie politique et de l'impôt, qu'il modifiera le restant de sa vie. La deuxième édition sort en 1819 et la troisième en 1821.

Le député

1819 : Ricardo entre au parlement britannique, après avoir acheté un siège de pair représentant de Portarlington, une pairie d'Irlande. Il siège jusqu'en 1823, l'année de sa mort.

En tant que député, Ricardo défend le libre-échange et l'abrogation des Corn Laws. Il plaide pour la stabilisation de la monnaie, son influence sera déterminante pour l'adoption de l'acte de Peel qui renforce le poids de la Banque centrale en matière de création de monnaie fiduciaire.

En 1820, David Ricardo écrit à Malthus :

« L'économie politique est selon vous une enquête sur la nature et les causes de la richesse. J'estime au contraire qu'elle doit être définie : une enquête sur la distribution... De jour en jour, je suis plus convaincu que la première étude est vaine et décevante et que la seconde constitue l'objet propre de la science »

1822 : Ricardo fait un grand tour d'Europe.

1823 : Ricardo démissionne pour raison de santé.

11 Septembre 1923 ! Il meurt d'une otite à Gatcombe Park en Angleterre, à l'âge de 51 ans.

À son décès, sa fortune était d'environ 725 000 £, une importante somme pour l'époque.

 1844 : L'acte de Peel, du nom du Premier Ministre Sir Robert Peel, reprend le "currency principal" recommandé par Ricardo, en limitant la création de monnaie fiduciaire aux réserves métalliques de la Banque d'Angleterre. Pour faire face aux besoins en liquidité, les Britanniques se tournèrent alors vers les banques  commerciales, ce qui accru le développement de l'usage de la monnaie scripturale.

Le besoin d'or a motivé un grand nombre de chercheurs d'or, dont les découvertes de gisements ont permis une croissance des stocks d'or des Banques Centrales, donc de la quantité de monnaie pour alimenter une économie en croissance..

 

III - Apports théoriques

 

3.1 - Théorie de la valeur travail : la valeur des biens découle à la fois du travail humain, du capital technique et de leur rareté.

"Possessing utility, comodeties derive their exchangeable  value from 2 sources : from their scarcity, and from the quantity of labour required to obtain them" - Principlesl of Political Economy and taxation - Chapitre 1 - 1817

"The natural price of labour, therefore, depends on the price of food, necessaries, and conveniences required for the support of the labourer and his family" - Principlesl of Political Economy and taxation - Chapitre 5 - 1817

"It has been my endeavor to show throughout this work, that te rate of profits can never be increased but by a fall of wages, an that there can be no permanent fall of wages but in consequence of a fall of the necessaries on which wages are expended. - Principlesl of Political Economy and taxation - Chapitre 7 - 1817

 

Ricardo reformule la théorie de la valeur travail de Smith en prenant en compte l'utilisation du capital technique.

Ricardo reprend la notion de valeur travail d'Adam Smith pour formuler sa définition de la valeur travail incorporée, qui réunit à la fois le travail direct (celui de l'ouvrier) et le travail indirect (le travail qui a été nécessaire pour fabriquer les outils de production).

Ricardo élabore une théorie de la production du point de vue des producteurs, en intégrant la valeur du capital dans la valeur de la production finale.

La valeur d'échange d'un produit n'est pas fonction de son utilité, la preuve en est que des produits très utiles comme l'eau n'ont aucune valeur d'échange (cf "paradoxe de l'eau et du diamant" énoncé par Adam Smith).

Le volume de production dépend de la quantité de travail réalisée à toutes les étapes de la production :

La contribution de Ricardo à une notion plus pertinente de la valeur travail

Ricardo distingue les biens reproductibles des biens non-reproductibles.

La quantité de travail de référence est une moyenne globale entre les différents producteurs.

Si un artisan maladroit met deux jours pour fabriquer des chaussures, alors que les autres artisans le font en une journée, il ne les vendra pas deux fois plus cher. Sur un marché donné, la valeur d'une marchandise est unique, et elle est le résultat d'une moyenne entre les temps de fabrication des différents producteurs.

Considérer le travail comme source unique de la valeur conduira plus tard Karl Marx, dans sa théorie de la lutte des classes, à considérer le profit des capitalistes comme étant un résultat de l'exploitation de la force de travail des prolétaires. Marx cite d'ailleurs fréquemment Ricardo dans Le Capital et reprendra la notion de « biens reproductibles » de Ricardo sous le nom de « marchandises ».

Le prix naturel correspond aux coût de production : salaires, achats de matières premières, usage du capital. Ricardo exclut la rente du "prix naturel" car celle ci ne contient aucun travail incorporé est reste un profit pur.

Le prix courant est déterminé par le jeu de l'offre et de la demande sur le marché.

Le prix d'équilibre est celui pour lequel l'échange de marchandises se fait sur la base de quantités de travail direct et incorporé identiques.

 .

3.2   Ricardo relie les mécanismes de répartition à l'activité économique globale.

.

.

Le prix naturel du travail est le salaire de subsistance.

Le prix courant du travail est celui fixé par le marché du travail. La forte croissance démographique provoque un excès de demande de travail, ce qui fait baisser les salaires.  Les "lois sur les pauvres" encouragent les pauvres à avoir beaucoup d'enfants, ce qui fait baisser les salaires et paupérise de plus en plus l'ensemble de la classe ouvrière.

Dans le même temps, la croissance démographique fait augmenter le prix du blé, car la production ne peut pas suivre. Le salaire de subsistance est structurellement à la hausse, sans pour autant remédier à la misère ouvrière car la hausse des salaires est entièrement absorbée par l'inflation du prix du blé.

.

3.3    La théorie des rendements décroissants et de "l'état stationnaire"

Ricardo reprend la théorie des rendements agricoles décroissants de Turgot et la théorie de la baisse des profits de Smith pour les développer.

La richesse se répartit entre trois composantes que sont les salaires, les profits et la rente.

Les rendements agricoles décroissants font augmenter la rente foncière et baisser les profits des exploitants.

La hausse de la population entraîne une hausse de la production.

Les meilleures terres sont déjà exploitées.  Les nouvelles terres défrichées seront moins fertiles, mais sous la pression de la forte demande des exploitants, le prix de la terre reste le même.

L'exploitant ne peut vendre plus cher, même si sa production est moindre. C'est sont profit qui doit s'ajuster à la baisse.

Situation 1 Rente foncière Salaires Profit Valeur de la production
Terres fertiles 100 100 400 600
Nouvelle terre 2 fois moins fertile   100 100 100 300

.

Le taux de rente foncière des terres les plus fertiles s'ajuste sur celui des terres les moins fertiles.

Situation 2 Rente foncière Salaires Profit Valeur de la production
Terres fertiles 200 100 300 600
Terres 2 fois moins fertiles   100 100 100 300

.

La hausse de la population provoque une hausse du prix du blé. Mais comme les salaires servent à acheter du blé pour nourrir la force de travail, les profits restent les mêmes car il faut augmenter les salaires au même rythme que le prix du blé.

Les exploitants qui disposent des terres les plus productives peuvent maintenir leurs profits.

Mais les exploitants qui ont les terres les moins productives doivent diminuer leur profits pour augmenter leurs salaires, car leurs volumes de ventes n'est pas suffisant pour compenser par la hausse du prix de vente l'inflation salariale..

Situation 3 Rente foncière Salaires Profits Valeur de la production
Terres fertiles 200 150 300 650
Terres 2 fois moins fertiles 100 150 75 325

.

Les rendements agricoles décroissants font baisser les taux de profits dans l'ensemble de l'économie.

Les rendements agricoles décroissants font augmenter le prix du blé, donc des salaires.

Les exploitants qui ont les terres les plus fertiles peuvent compenser par la hausse du prix du blé la hausse des salaires.

Mais ce n'est pas le cas dans tous les autres secteurs d'activité où le prix du marché reste le même alors qu'il faut augmenter les salaires pour compenser la hausse du prix du blé.

Le taux de profit baisse dans l'ensemble de l'économieAu fur et à mesure de la mise en valeur des terres les moins fertiles, le taux de profit des entrepreneurs diminuent :

L'Etat stationnaire

Selon Ricardo, le processus des rendements décroissants converge vers une situation où les hausse de la rente foncière et des salaires réduisent les profits au point que les entrepreneurs n'ont plus intérêt à investir dans de nouvelles activités. C'est la fin de la croissance économique, qui reste à partir de ce moment là dans un "état stationnaire".

Ricardo constate que les améliorations techniques permettent de rehausser le niveau de production, mais que chaque invention est à son tour touchée par le phénomène des rendements décroissants (de son vivant le progrès technique est resté moins rapide que l'explosion démographique).

Ricardo est en faveur d'importations massives de blé pour freiner la hausse des salaires et maintenir les profits nécessaires au financement de la croissance économique.

Marx reprendra cette analyse des rendements décroissants de Ricardo pour formuler sa théorie de la baisse tendancielle des taux de profits.

 

3.4   Contre les "lois sur les pauvres"

La trop forte croissance démographique génère des chômeurs, donc une pression à la baisse des salaires.

Dans le même temps, la hausse de la population pousse à la hausse le prix du blé et les rentes foncières.

La contradiction entre les pressions à la baisse des salaires et la hausse du salaire de subsistance créent l'instabilité social et une tendance sur longue période des salaires à la hausse pour suivre la hausse du salaire de subsistance.

Ricardo rejoint donc le point de vue de Thomas Malthus et critique les aides sociales accordées aux indigents qui créent la pauvreté sur le long terme en favorisant des naissances non souhaitables.

 .

3.5   Importer du blé pour faire baisser le salaire de subsistance

Les propriétaires fonciers ont fait voter en 1815 les corn laws pour taxer les importations de blé et augmenter leurs rentes. Mais ceci se fait au détriment des entrepreneurs industriels, dont les profits sont amputés par la hausse du salaire de subsistance.

Ricardo estime qu'il faut encourager l'importation de blé afin de freiner la hausse des salaires de subsistance, donc de maintenir les profits nécessaires aux investissements. Il demande l'abolition des lois protectionnistes sur les blés (Corn Laws).

En 1846, un lobby de filateurs britanniques, l'Anti Corn Laws League, obtiendra l'abrogation des Corn Laws, victoire posthume de Ricardo 23 ans après sa mort.

 .

3.6   Théorie de l'avantage comparatif : l'échange international est bénéfique à toutes les nations commerçantes.

Ricardo avance aussi la théorie de « l'avantage comparatif » (en supplément de la théorie de l'avantage absolu d'Adam Smith) : à savoir que chaque nation a intérêt à se spécialiser dans la production où elle possède l'avantage le plus élevé ou le désavantage le moins prononcé vis-à-vis des autres nations.

David Ricardo a montré que tous les pays, même les moins compétitifs, trouvent dans certaines conditions théoriques (concurrence parfaite, sans pressions politiques donc), un intérêt à rentrer dans le jeu du commerce international en se spécialisant dans la production où ils détiennent l'avantage relatif le plus important ou le désavantage relatif le moins lourd de conséquences.

Dans le chapitre VII des Principes de l'économie politique et de l'impôt, Ricardo développe l'exemple des échanges de vin et de drap entre l'Angleterre et le Portugal. Avec un nombre d'heures de travail donné, le Portugal produit 20 mètres de drap et 300 litres de vin tandis que l'Angleterre produit 10 mètres de drap et 100 litres de vin. L'Angleterre est donc désavantagée dans les deux productions. Ricardo montre pourtant que l'Angleterre a intérêt à se spécialiser dans la production de drap, où elle possède un avantage relatif, car avec 10 mètres de drap, elle obtiendra 150 litres de vin portugais (contre 100 chez elle). À l'inverse, le Portugal devra se spécialiser dans la production vinicole puisque l'échange avec l'Angleterre de 300 litres de vin portugais lui permettra d'obtenir 30 mètres de drap anglais au lieu de 20 mètres de drap portugais. L'Angleterre a un avantage comparatif dans la production de drap alors que le Portugal possède un avantage absolu.

L'analyse de Ricardo montre ainsi que la spécialisation fondée sur les avantages comparatifs permet une augmentation simultanée de la production de vin et de drap. Dans son modèle, il existe toujours une combinaison de prix telle que le libre-échange soit profitable à chaque pays, y compris le moins productif ; il s'agit d'un jeu à somme positive.

Pour arriver à cette conclusion David Ricardo émet quatre hypothèses :

Dans la réalité, ces conditions théoriques ne sont jamais remplies, et l'application pratique de la théorie de l'avantage comparatif pose un certain nombre de problèmes qu'il convient d'examiner.

En effet un pays qui se spécialise sur une production devient dépendant, pour les autres productions, du marché international. Cela implique qu'il peut subir des pressions politiques. La réciproque est cependant tout aussi vraie : il peut aussi, à son tour, faire subir aux autres pays qui dépendent de lui des pressions politiques. On peut ainsi dire que cela entraîne, dans l'ensemble, une dépendance accrue des pays engagés dans l'échange les uns par rapport aux autres, ce qui peut avoir comme conséquence un intérêt commun au maintien de la paix. En effet, la guerre venant interrompre les échanges, tous les participants y ont quelque chose à perdre. Nous ne manquerons pas de souligner que c'est l'idée même qui sous-tend la création de la CECA - CEE - Union Européenne.

Un exemple de conséquence : la spécialisation d'un pays pauvre dans une culture destinée à l'export peut momentanément entraîner la baisse de disponibilité sur place des denrées alimentaires de base dans ce pays. Il s'ensuit une hausse des prix locaux de ces denrées alimentaires de base, et des risques de famine. Sur le long terme cependant, si des conditions de gouvernance interne sont remplies (diminution de la corruption), la position du pays en question comme source d'exportation d'une denrée alimentaire donnée tend a créer des débouchés pour les producteurs et stimule en conséquence l'appareil productif le rendant ainsi plus robuste.

Il y a également des exemples qui montrent les avantages de la spécialisation : la spécialisation de la Chine dans la production de terres rares lui a conféré un pouvoir de pression sur tous les pays consommateurs de ces matériaux.

Une analyse équilibrée tend à montrer que, bien que la spécialisation comporte des risques, lorsqu'elle n'est pas poussée à outrance et que les risques sont pris en compte en amont de manière adéquate, le contexte réel des échanges entre pays peut s'approcher du contexte théorique idéal et ainsi créer les conditions d'un jeu à somme positive.

 3.2   La libre circulation des capitaux égalise les taux de profits entre les branches


Les capitalistes vont investir dans les secteurs où le profit est le plus élevé. Ce faisant ils augmentent la concurrence sur ce secteur, ce qui fait baisser son taux de profit.

3.7   Le théoricien de l'étalon-or

L'étalon or favorise une stabilisation des prix

Dans le Bullion Report remis à la Chambre des communes en 1810, Ricardo dénonce l'émission excessive des billets de banque, source selon lui de l'inflation.
Il préconise que l'émission de monnaie soit limitée par le stock d'or, afin d'en garantir la valeur.

L'étalon or stabilise les balances commerciales

Pays excédentaire : les entrées de devises et d'or alimentent une création monétaire qui provoque une hausse des prix ou une hausse du taux de change. Les exportations baissent et la balance commerciale se rééquilibre.

Pays déficitaire : les sorties de devises et d'or détruisent le stock de monnaie nationale. Les prix ou le taux de change doivent baisser. Les exportations augmentent et la balance commerciale se rééquilibre.

 

3.8   Un Etat limité à ses fonctions régaliennes et une fiscalité favorisant la croissance

Ricardo reprend les recommandations de Smith pour un Etat limité à ses fonctions régaliennes, garant d'un marché libre concurrentiel et de la propriété privée.

Pour ne pas affaiblir les forces créatrices de richesses, la fiscalité doit épargner le capital et porter sur la consommation, en adoptant les taux les plus faibles possibles.

 

L'équivalence ricardienne

Article détaillé : Équivalence ricardienne.

L’« équivalence ricardienne » ou la « neutralité ricardienne » est une théorie économique également appelée « effet Ricardo-Barro » ou « théorème d'équivalence de Ricardo-Barro », énoncé en premier lieu par David Ricardo, puis repris par Robert Barro en 1974.

Selon Ricardo, les déficits publics sont comblés par les particuliers, soit par la contrainte de l'impôt, soit par la souscription des emprunts d'Etat. Ce transfert d'argent des particuliers vers les caisses de l'Etat est appelé "équivalence ricardienne".

Mais à terme, la dette publique se traduit par un transfert des contribuables (impôts pour rembourser la dette) vers les rentiers (intérêts sur les emprunts d'Etat).

En 1919, Keynes considère que la dette publique peut être un moyen de créer de la croissance, si elle s'accompagne de création monétaire pour monétiser cette nouvelle production. Sous condition que les dépenses publiques sont bien utilisées, la création de cette nouvelle richesse compense largement les effets négatifs décrits par Ricardo.

En 1972, le keynésien Robert Solow détaille les mécanismes de cette effet multiplicateur keynésien.  

 

Le néoclassique Robert Barro considère qu'il n'y a pas d'effet mutiplicateur, car lorsque l'Etat s'endette, les ménages et les entreprises augmentent leur épargne pour payer les futurs impôts. Les effets négatifs de la baisse de la consommation privée compensent les effets positifs de la hausse des dépenses publiques."Pour chaque $ emprunté et dépensé par l'Etat, les dépenses ailleurs dans l'économie baissent d'autant."

Au cours de l'été 2012, l'économiste italien Alberto Alesina publie une étude des politiques publiques menées dans 21 pays, soit 107 plans de relance sur une quarantaine d'années. Il prouve que :

Cette étude ne prouve en rien la théorie de Robert Barro, selon laquelle les anticipations rationnelles des agents économiques se traduisent par une hausse de l'épargne lorsque l'Etat s'endette.

Par contre, on peut en conclure que les Etats qui dépensent trop, dépensent mal. Lorsque ces Etats bureaucratiques inefficaces réduisent leurs dépenses, donc la pression fiscale sur la société, ils libèrent les forces créatrices de la société qui dépensent de façon plus judicieuses.


Selon ce théorème, il y aurait, sous certaines conditions, équivalence entre l'augmentation de la dette publique aujourd'hui et l'augmentation des impôts requise demain par le remboursement de cette dette et le paiement des intérêts. Si les agents économiques se comportent de manière rationnelle, une politique de relance (distributions de revenus financée par la dette publique) ne les poussera pas à consommer, mais plutôt à économiser (augmentation des taux d'épargne), en prévision de hausse d’impôts futures.

 

La mécanisation crée du chômage,  avec des effets limités sur la hausse du salaire de subsistance.

Pour Malthus et Say, la mécanisation en faisant baisser les prix des produits, augmente la demande, dynamise l'activité globale en entraînant les fournisseurs et les distributeurs, donc l'emploi. Ces économistes libéraux justifiaient les dures répression de l'Etat contre les briseurs de machines à filer et à tisser.

David Ricardo, qui en tant que député avait conscience de la montée de la misère ouvrière, fut l'un des seuls économistes de l'école classique à démontrer que la mécanisation se traduisait réellement par une paupérisation des ouvriers, soit par le chômage, soit par les pressions à la baisse des salaires.

"Je suis convaincu que la substitution des forces mécaniques aux forces humaines pèse quelquefois très lourdement, très péniblement sur le épaules des classes laborieuses."

"La même cause susceptible d'améliorer le revenu net du pays pourrait dans le même temps rendre la population inutile. L'opinion soutenue par la classe ouvrière que l'emploi des machines est souvent au détriment de leurs intérêts n'est pas fondée sur un préjugé et sur une erreur".

La mécanisation crée du chômage, donc de la misère et de l'instabilité sociale. A court terme cela peut générer une pression à la baisse des salaires, sans pour autant empêcher une hausse structurelle à long terme du salaire de subsistance du fait du rendement décroissant des terres agricoles.

Deux économistes du MIT, Erik Brynjolfson et Andrew McAfee ont démontré que cette analyse de David Ricardo était toujours d'actualité. Dans leur livre "The Second Machine Age", ils expliquent que la révolution informatique et les nouvelles technologies ne sont pas étrangères à la baisse de la part des salaires dans le revenu national observée depuis 30 ans en Occident.

Œuvres

 

 

L'apport de David Ricardo à la pensée économique

 

Les limites de la pensée de Ricardo

 

 

 http://ecx.images-amazon.com/images/I/51dBMwI2GyL._SX302_BO1,204,203,200_.jpg

 

 

 

 

 

Supprimer les publicités sur ce site pendant 1 an