Hernando de Soto
Hernando de Soto en 2009 - photo wikipedia
Hernando de Soto Polar, né en 1941 a Arequipa, est un économiste péruvien, dont les travaux portent sur l'accès à la propriété des populations défavorisées.
1 - Biographie
1941 : Naissance a Arequipa au Pérou, dans une famille dont le père est diplomate.
1948 : Lorsqu'il a 7 ans, la famille émigre en Suisse après un coup d'Etat. Son père travaille à Genève à l'Organisation Internationale du Travail, après avoir été exilé par un coup d'Etat.
Il y suit des études supérieures à l'Institut de hautes études internationales (IUHEI) de Genève avant de devenir économiste.
Il a entre autres travaillé au GATT, à la Swiss Bank Corporation Consultant Group et été gouverneur de la banque centrale du Pérou.
1980 : Retourne au Pérou à 38 ans.
Il charge un avocat de faire les démarches pour créer une entreprise de confection de T Shirt. "Cela lui a pris 278 jours, à raison de 8 heures par jour."
Il réalise que ce sont les obstacles au capitalisme qui entravent le développement.
Il fonde à Lima l'Institut pour la liberté et la démocratie (ILD) dont le but est de promouvoir les réformes politiques permettant aux pays pauvres de se développer. Trente pays l'ont invité à mettre en place les plans de l'ILD sur leur territoire.
1986 : Publication de L'Autre Sentier, la révolution informelle dans le tiers monde, en référence aux terroristes du Sentier lumineux au Pérou qui avaient essayé de l'assassiner.
L'ILD a proposé au congrès péruvien une loi qui permettra l'enregistrement cadastral de propriétés immobilières en situation irrégulière.
1991 : la loi, appelée Ley de Registro de Predios Rurales, fut approuvée. À partir de cette loi, le gouvernement du Pérou a créé plusieurs lois et organismes gouvernementaux qui vont permettre l'enregistrement et la légalisation de la propriété, et vont bénéficier à des millions de personnes.
Pour le Cato Institute la réforme agraire qu'il a inspirée a affaibli la guérilla du Sentier lumineux en affranchissant les paysans de la dépendance envers les terroristes.
Devenu conseiller du président Fujimori, l'économiste met en oeuvre ses recettes :
- Eliminer les obstacles et rackets bureaucratiques
- Simplifier les procédures
- Enregistrer les propriétés, dont les droits traditionnels des paysans indiens
- Libérer l'entreprise
- Fluidifier le marché
Le Sentier Lumineux commet 3 attentats contre Hernando Soto, mais le mouvement teroriste est finalement vaincu par le décollage économique du pays, qui croît 2 fois plus vite que le reste de l'Amérique Latine.
2000 : il publie Le Mystère du capital : Pourquoi le capitalisme triomphe en Occident et échoue partout ailleurs.
Pour De Soto, rappelant que « les pays pauvres ont besoin des solutions que les pays développés ont adoptées au XIXe siècle, pas au XXIe siècle. », une condition primordiale de fonctionnement du capitalisme est la protection du droit de propriété par l'État. Dans ce livre, il explique que l'arsenal législatif progressivement mis en place en Occident a permis une émancipation de l'individu par rapport à la communauté, la garantie de la propriété, la généralisation et la standardisation des titres de propriété. Cette dernière permet également une baisse du coût de transaction.
2 - Contributions à la pensée économique
Une bureaucratie incompétente et corrompue génère le sous développement.
Le sous développement est causé par une administration kafkaïenne, incompétente et corrompue.
Il met également en doute la capacité des États du Sud à garantir ce système de droits de propriété, en prenant les exemples d'Haïti ou de l'Égypte. Créer une entreprise à Haïti nécessite ainsi de s'adresser à 65 interlocuteurs administratifs différents et prend en moyenne 2 ans, selon De Soto. Ceci représente un coût énorme pour l'entrepreneur qui pourra préférer commercer dans l'illégalité (et risquer de perdre ses acquis), ou ce que l'auteur préfère appeler l'« extra-légalité », plutôt que de suivre une voie légale quasi impossible.
L'absence de titres de propriété maintient les plus pauvres dans la misère
Par incompétence, l'administration est incapable de mettre en place un cadastre. Cet absence de cadastre est aussi un moyen de faire payer un bakchich à tous les propriétaires pour chaque documents administratifs.
Les pauvres qui construisent leur maison ne disposent pas d'un titre officiel de propriété sur le terrain : trop compliqué à obtenir d'une bureaucratie kafkaïenne, trop cher du fait des bakchichs qu'il faut verser, trop humiliant en raison des protections qu'il faut quémander.
Dans son livre "Le Mystère du capital : Pourquoi le capitalisme triomphe en Occident et échoue partout ailleurs." publié en 2000, De Soto, rappele que « les pays pauvres ont besoin des solutions que les pays développés ont adoptées au XIXe siècle, pas au XXIe siècle. ». Une condition primordiale de fonctionnement du capitalisme est la protection du droit de propriété par l'État. Dans ce livre, il explique que l'arsenal législatif progressivement mis en place en Occident a permis une émancipation de l'individu par rapport à la communauté, la garantie de la propriété, la généralisation et la standardisation des titres de propriété. Cette dernière permet également une baisse du coût de transaction.
Une plus grande confiance dans les relations entre acteurs économiques est créée par cette garantie étatique qui fluidifie le marché, augmentant ainsi son efficience. La création d'un système complexe de mutualisation du risque (assurances et sociétés anonymes) et l’accès plus facile au crédit, sont autant de raisons qui expliquent - et conditionnent - l’avantage comparatif dont bénéficie une économie de marché disposant de droits de propriété clairement garantis.
Il explique les difficultés et les succès des pays par l'existence ou non de ce système de droits de propriété. Pour expliquer le développement des États-Unis et du Japon, il avance l'existence d'un système clair de droits de propriété progressivement mis en place pendant la période de la Frontier aux États-Unis (jusque 1890) ou dans le Japon féodal d'avant la Première Guerre mondiale. À l'inverse la non-existence de la propriété individuelle clairement définie contraint l'agriculteur des pays sous-développés à rester dans une culture d'autoconsommation.
L'épargne "morte" du secteur informel
Sans titre légal sur ses biens, le propriétaire ne peut pas obtenir de crédit pour construire sa maison. Il va donc dépenser son argent au fur et à mesure qu'il le gagne, dans la construction de son immeuble, pendant parfois toute une vie. L''épargne est placée en parpaings et en sacs de ciment plutôt que dans une assurance-vie ou sur un livret A. Mais cette épargne ne pourra pas jouer son rôle de financement de l'économie.
Les pauvres, qui représentent 90 % des acteurs économiques dans les pays sous développés, ont beaucoup de capital mais manquent de titres légaux. Leur donner des documents libérerait le "capital mort", qui pourrait alors financer de nouvelles entreprises ou des constructions immobilières et enclencher le cercle vertueux du développement et de la croissance.
Une administration corrompue s'acharne sur les plus pauvres qui tentent de sortir de la misère par eux même.
Avec l'Institut pour la liberté et la démocratie, qu'il dirige à Lima et en partenariat avec l'organisation d'entrepreneurs tunisiens Utica, Hernando de Soto a envoyé une trentaine d'étudiants et d'experts interroger les parents des immolés et ceux qui avaient survécu, afin de comprendre les raisons de leur geste. "Ce qui m'a frappé, c'est qu'aucun de ceux que nous avons interviewés n'a donné de raison politique ou religieuse pour expliquer ces actes. Ils ont parlé uniquement de l'administration qui les a spolié et de leur volonté contrariée de sortir de la pauvreté. Ils étaient des entrepreneurs expropriés qui protestaient contre l'Etat expropriateur."
"Les informels ne refusent pas la loi, c'est la loi qui ne veut pas d'eux".