Milton Friedman (1912-2006)
Ecole de Chicago - Monétarisme
I - Biographie Milton Friedman
31 Juillet 1912 : Naissance à New-York, dans le quartier de Brooklyn, dans une famille d'immigrants juifs venue de Transcarpathie, alors partie de la Hongrie (dans l'actuelle Ukraine). Il est le premier enfant de Sarah Ethel Landau et de Jenő Saul Friedman, tous les deux petits commerçants qui tiennent une boutique d'articles de bonneterie.
1913 : Alors que Friedman a un an, sa famille déménage à Rahway, dans le New Jersey, où il passe sa jeunesse.
1927 : Son père meurt alors qu'il a 15 ans.
Formation
1928 : Étudiant brillant, il finit ses études secondaires au lycée de Rahway dans le New-Jersey, peu après son seizième anniversaire.
Il obtient alors une bourse pour aller étudier à l'Université Rutgers en mathématiques et en économie dans le New Jersey
1932 : Bachelor of Arts de l'Université de Rutgers
1932 / 1933 : Toujours boursier, il étudie l'économie à l'université de Chicago. Il y est influencé par les idées de Jacob Viner, Frank Knight et Henry Simons. C'est également à cette époque qu'il rencontre sa future épouse, Rose Director, sœur du professeur de droit Aaron Director.
1933 : Master of Arts de l'Université de Chicago
1933 / 1934 : Il étudie un an les statistiques à l'université Columbia sous la direction d'Harold Hotelling, où il sympathise avec George Stigler, cofondateur avec lui de l'école de Chicago.
1934 / 1935 : Milton Friedman revient à Chicago : il y est assistant de recherche auprès de l'économiste Henry Schultz, qui travaille sur son ouvrage Théorie et mesure de la demande.
1935 - 1943 : Milton Friedman au service du gouvernement fédéral
Engagé au National Ressources Commitee
1935 : Ne trouvant pas d'emploi dans une université, Friedman se rend à Washington où les programmes lancés par Roosevelt offrent un débouché pour les économistes.
Il rejoint le National Resources Committee qui travaille alors sur une large étude de la consommation. Il tirera de ce travail une partie des idées qu'il développa dans sa Théorie de la fonction de consommation.
Dans Two lucky people, ses mémoires écrits avec sa femme Rose, il écrit qu'alors il jugeait les programmes de créations d'emplois publics adaptés pour une situation critique, mais pas les systèmes de fixation des prix et des salaires . Quelques années plus tard il rédige un article avec George Stigler intitulé Roofs or Ceilings, dans lequel Stigler et Friedman attaquent avec vigueur le contrôle des loyers. En cela, on peut voir les prémices de ses futures idées sur les contrôles des prix qui fausse la fixation des prix par le mécanisme de la rencontre entre l'offre et la demande.
Il adopta par la suite une posture plus critique envers les mesures du New Deal, considérant que la Grande Dépression venait principalement d'une mauvaise gestion de la monnaie, dont l'offre aurait dû être augmentée et non réduite. Dans son Histoire monétaire des États-Unis parue en 1963, il développe cette thèse en expliquant cette grave crise économique par les politiques de contraction monétaire menées.
Engagé au National Bureau of Economic Ressearch
1937 : Milton Friedman rejoint le National Bureau of Economic Research où il assiste Simon Kuznets dans ses travaux. Il étudie plus particulièrement la répartition des revenus et dans un article alors controversé, il explique les hauts salaires des médecins par les barrières à l'entrée maintenues par le syndicat national des médecins. C'était le sujet de sa thèse et il reprendra ce sujet dans plusieurs écrits.
Bref séjour à l'Université du Wisconsin-Madison
1940 : il est nommé professeur assistant à l'université du Wisconsin-Madison, qu'il quitte après avoir rencontré des problèmes d'antisémitisme au sein du département d'économie.
Conseiller auprès du Département du Trésor des USA
1941-1943 : il travaille comme conseiller auprès du Département du Trésor des États-Unis sur la question des taxes pour financer l'effort de guerre. Porte-parole du Trésor, il défend alors une politique keynésienne. Dans son autobiographie, il constate « à quel point [il] était alors keynésien ».
Carrière académique
1943 - 1945 : Professeur à l'université de Colombia
1943 : Rejoint l'université Columbia où il travailla pendant le reste de la guerre comme statisticien.
1945 : Rend à Columbia sa thèse de doctorat, un travail effectué sous la direction de Simon Kuznets et intitulé Incomes from Independent Professional Practice. Il obtient finalement son doctorat pour cette thèse l'année suivante, année où Keynes s'éteint.
La même année, naît son deuxième enfant, David Friedman, qui suivra lui aussi des études scientifiques avant de devenir économiste, membre du courant anarcho-capitaliste.
1945 et 1946 : Professeur à l'Université du Minnesota
Milton Friedman enseigne à l'université du Minnesota, aux côtés de George Stigler.
1946 - 1977 : Professeur à l'Université de Chicago
En 1946, Friedman accepte un poste de professeur d'économie à l'université de Chicago, poste libéré à la suite du départ de Jacob Viner pour l'université Princeton. Friedman y restera finalement trente ans et y développa une école économique : l'École monétariste de Chicago, avec des auteurs plusieurs fois récompensés de la plus haute distinction économique : George Stigler (« Nobel » 1982), Ronald Coase (« Nobel » 1991), Gary Becker (« Nobel » 1992), Robert E. Lucas (« Nobel » 1995).
À la même époque, il rejoint à nouveau le National Bureau of Economic Research, à l'invitation d'Arthur Burns ; il y restera jusqu'en 1981. Il y étudie le rôle de la monnaie dans les cycles économiques et y fonde en 1951 le Workshop in Money and Banking (Atelier sur la monnaie et la banque) qui participe à la renaissance de l'étude des phénomènes monétaires. Il commence également une collaboration avec Anna Schwartz, spécialiste d'histoire économique, qui débouche sur la publication en 1963 d'une Histoire monétaire des États-Unis, 1867-1960 dans laquelle s'expriment les prémices de la pensée monétariste.
Il passe une partie des années 1950 à Paris, où il assiste les administrateurs américains du Plan Marshall. Il se penche à cette occasion sur l'étude des taux de changes flottants, sur la base de laquelle il publiera un ouvrage The Case for Flexible Exchange Rates (les arguments en faveur des taux de change flottants).
Friedman passa l'année académique 1954-1955 comme professeur invité au Gonville and Caius College de Cambridge.
1956 : il donne des cours à l'université de Chicago à des étudiants en économie de l'Université pontificale catholique du Chili dans le cadre d'un accord signé entre les deux universités. Il exerce par là une influence importante sur ceux que l'on allait appeler les Chicago Boys.
1956 : Dans The Quantity Theory of Money - A Restatement, Milton Friedman estime que les interventions des banques centrales ne peuvent que perturber les agents économiques. L'inflation s'explique toujours par une augmentation de la quantité de monnaie en circulation (théorie quantitative de la monnaie). Il prône donc une politique monétaire stable, qui puisse être anticipée par les agents, et donc fondée fondée sur l'évolution d'agrégats objectifs des liquidité dans l'économie. Friedman exhorte également les banques centrales à lutter en priorité contre l'inflation.
1957 : Milton Friedman prédit la fin du système de changes fixes de Bretton Woods et le rétablissement des changes flottants.
1959 : Le comité Radcliffe, créé par le gouvernement britannique pour proposer des évolutions du système monétaire international, développe des idées radicalement opposées aux idées monétaristes, qui restent minoritaires.
Années 60 : Milton Friedman le chef de file de l'Ecole de Chicago et de la contre-révolution libérale.
1962 : Publication du livre Capitalisme et liberté. Dans ce livre, Milton Friedman explique sa théorie selon laquelle la réduction du rôle de l'État dans une économie de marché est le seul moyen d'atteindre la liberté politique et économique. Plus tard, dans La Liberté du choix, Friedman cherche à démontrer la supériorité du libéralisme économique sur les autres systèmes économiques.
Bien qu'aucun des grands journaux américains n'en publient de critiques, le livre se diffuse progressivement et il s'en vendra plus de 400 000 exemplaires en dix-huit ans. Cela consacre l'engagement de Friedman comme intellectuel dans le débat public.
1963 : A Monetary History of the United States, 1876-1960
1964 : Conseiller économique du candidat républicain malheureux à la présidence, Barry Goldwater, très marqué par ses positions conservatrices.
1966 :Il écrit pour la première fois une chronique économique dans le magazine Newsweek, prenant la suite d'Henry Hazlitt. Une semaine sur deux il écrivait dans le journal, en alternance avec Paul Samuelson. Par ces articles, il touchera largement la population américaine, jusqu'en 1983 où il y met fin. Sa célébrité croît.
1967 : il devient président de l'American Economic Association, association regroupant les économistes américains15.
Fin des années 1960 : il devient conseiller du président Richard Nixon, qui ne suivra cependant que très partiellement ses conseils au cours de sa présidence. Nixon impose ainsi un contrôle des prix et des salaires, à l'encontre des idées de Friedman16.
1968 : Dans le contexte de la stagflation anglaise à partir de 1968 et américaine dans les années 1970, ses idées monétaristes s'imposent alors que le keynésianisme dominant jusqu'alors perd sa domination.
Pendant cette période, il dirige les thèses de doctorat de Gary Becker ou de Thomas Sowell.
1969 : Inflation et systèmes monétaires
il est nommé dans la commission chargée de réfléchir sur l'avenir du service militaire, dans laquelle il prend fortement parti pour un service fondé uniquement sur le volontariat. La conscription sera abolie en 1973. Friedman considérera ce résultat comme le plus satisfaisant dans son engagement intellectuel.
1971 : Richard Nixon met fin du système de changes fixes de Bretton Woods et rétablit les taux de changes flottants.
1975, il se rend pendant cinq jours à Santiago pour prononcer une série de conférences à l'Université pontificale. Le 26 mars, il se rend au siège du gouvernement et rencontre le dictateur Augusto Pinochet, ce qui lui est reproché par ses adversaires.
Milton Friedman considère que son action pour améliorer l'économie chilienne doit être comparée à celle de médecins qui seraient intervenus pour stopper une épidémie de peste. A sa neutralité scientifique, il dénonce les motivations idéologiques de ses détracteurs, qui lui reprochent ses conférences dans le Chili de Pinochet mais ne mentionnent pas les conférences semblables qu'il a donné dans plusieurs dictatures communistes, dont la Chine et la Yougoslavie.
Prix Nobel 1976
« Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel » pour ses travaux sur « l'analyse de la consommation, l'histoire monétaire et la démonstration de la complexité des politiques de stabilisation ».
Lors de la remise du prix, il est accueilli par des manifestants qui lui reprochent d'avoir rencontré les dirigeants de la dictature militaire lors sa visite au Chili.
1976 : Publication de Prix et théorie économique
1977 : L'année suivante, âgé de 65 ans, il prend sa retraite de l'université de Chicago dans laquelle il avait enseigné trente ans. Il déménage alors avec sa femme à San Francisco et rejoint la Hoover Institution à l'université Stanford.
Retraite
1977 : Milton Friedman prend sa retraite et s'établit à San Francisco.
Il rejoint la Hoover Institution de l'Université de Stanford (Californie)
A l'invitation du Palmer R. Chitester Fund, il commence à travailler sur le projet d'émission télévisée en dix parties pour présenter sa philosophie. Des trois ans de travail que cela nécessitera sortira Free to choose, d'abord comme émission, puis comme livre, à chaque fois réalisé ou écrit avec sa femme Rose.
1979 : Paul Volcker, nouveau président de la Fed, et Margaret Thatcher, nouveau Premier Ministre du Royaume-Uni, mettent en place le contrôle de la masse monétaire pour vaincre l'inflation.
1980 : La publication de La liberté du Choix (Freese to Choose) est un énorme succès.
Série d'interventions télévisées réalisées en 1980 intitulée Free to Choose (en français La Liberté du choix).
Le livre est la meilleure vente de l'année en Non fiction, avec 400 000 exemplaires vendus et traduit en douze langues.
Années 80 : Les politiques de Margaret Thatcher et Ronald Reagan s'inspirent de Milton Friedman. L'Amérique Latine devient le laboratoire des théories monétaristes, avec réduction des aides sociales et privatisations.
Conseiller officieux du candidat républicain Ronald Reagan, puis rejoint son comité économique quand ce dernier est élu à la Maison-Blanche. Il y restera jusqu'en 1988.
Pendant les années 1980-1990, il continua à faire de nombreuses apparitions dans les médias ou des voyages en Europe de l'Est et en Chine pour promouvoir sa pensée.
1990 : Les militaires chiliens transmettent le pouvoir à un gouvernement civil chrétien-démocrate. Milton Fredman considère que c'est la bonne santé de l'économie chilienne qui a permis l'éclosion d'une classe moyenne et la fin pacifique de la dictature militaire.
En 1996, il installa avec sa femme une fondation en faveur de la liberté de choix pour l'éducation.
16 Novembre 2006 : Décès de Milton Friedman à San Francisco, d'une crise cardiaque, à l'âge de 94 ans.
II - Travaux économiques de Milton Friedman
L'école de Chicago
La crise des années 30 affaiblit le courant Néo-Classique, dont une partie cherche à faire une synthèse avec Keynes dès 1937 (l'école de la Synthèse Néo-Classique).
Aux USA, les économistes de l'Ecole de Chicago cherchent à réinventer les idées libérales issue des écoles Néo-Classiques, pour trouver une explication à la crise de 1929 et aider les Etats à relancer l'économie tout en préservant une liberté maximale au marché.
En 1946, Milton Friedman devient professeur à l'Université de Chicago.
En Avril1947, aux côtés de Friedrich von Hayek, Milton Friedman participe à la création de la Société du Mont-Pélerin qui rassemble des économistes impliqués dans la défense des valeurs attachées au libéralisme économique. (source Jean Claude Drouin - Les grands économistes page 9 -PUF édition 2012)
En 1950 Friedrich Hayek quitte la London School of Economis, pour enseigner dans le département des « social thoughts » de l'Université de Chicago. Après avoir du fuir le nazisme pour se réfugier au Royaume-Uni, Hayek est devenu un critique virulent de l'interventionnisme étatique dans le domaine économique. Dans son livre publié en 1944, "La Route de la Servitude", Friedrich Hayek s'oppose à l'idée dominante de l'époque en faveur d'une socialisation de l'économie et d'une intervention massive de l'Etat. Pour Hayek, ce sont ces idées socialistes qui ont conduit aux régimes totalitaires du national-socialisme et du communisme soviétique.
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Le "revenu permanent" invalide la fonction de consommation du modèle Keynésien
En 1957, dans "A Theory of the Consumption Function" Milton Friedman veut démontrer que les politiques conjoncturelles de relance de l'activité par la consommation des catégories sociales les moins favorisées est innefficace et ne font qu'alimenter l'inflation.
Cette démonstration repose sur la distinction entre le "revenu permanent" et le "revenu transitoire" :
- Le revenu permanent dépend du patrimoine et des revenus d'activités prévisibles de la carrière professionnelle.
- Le revenu transitoire (occasionnel) peut être une variation du revenu non prévue, des gains boursiers, des primes salariales, une baisse des impôts).
Selon Milton Friedman, la consommation courante est uniquement fonction du revenu permanent, le revenu transitoire est épargné. Cette épargne supplémentaire inattendue sera consommée plus tard, ce décalage étant appelé par Friedman "l'horizon du consommateur".
Ce décalage entre le revenu supplémentaire distribué par la politique de relance Keynésienne et la reprise de la consommation fait qu'elle n'a aucun effet à court terme. Elle peut même se révéler néfaste à moyen terme si la reprise de la consommation se fait alors que l'économie est déjà repartie (surchauffe économique inflationniste).
Le "chômage naturel" invalide les politiques de relance Keynésienne pour réduire un chômage en grande partie "structurel"
Selon Milton Friedman, le "chômage naturel", que l'on appelle aujourd'hui chômage structurel, est créé par un mauvais fonctionnement du marché du travail :
- La sur-administration publique
- Un salaire minimum supérieur à la productivité marginale (le coût du travail devient plus cher que ce qu'il ne rapporte à l'entreprise)
- La fiscalité et la parafiscalité augmentent le coût du travail, ce qui élimine les travailleurs les moins productifs et détériore la compétitivité des entreprises face à la concurrence étrangère.
- L'assurance chômage rallonge la période de chômage, car il n'est plus nécessaire de retrouver un emploi au plus vite.
Les politiques conjoncturelles de relance Keynésienne n'ont aucun effet sur ce chômage structurel. Leur seul effet est d'injecter des liquidités dans l'économie qui provoqueront une hausse des prix, sans impact sur la production.
Seule une réforme structurelle du marché du travail peut réduire le chômage structurel :
- Libéraliser le marché du travail (moins de réglementation)
- Fixer un salaire minimum en dessous de la productivité marginale du coût du travail
- Améliorer la formation professionnele, pour adapter les demandeurs d'emplois au marché du travail
- Améliorer la mise en relation entre les chômeurs à la recherche d'unemploi et les entreprises à la recherche d'un employé.
- Encourager la mobilité professionnelle entre les différents métiers et entre les différents bassins d'emplois.
- Prévoir l'évolution à court terme des besoins d'emplois
Milton Friedman réinterprête la courbe de Phillips taux de chômage / taux de croissance des salaires, pour démontrer que le dilemne inflation / chômage de Samuelson / Solow n'existe pas.
La courbe de Phillips taux de chômage / taux de croissance des salaire
En 1958, l'économiste Néo-Zélandais A. W. Phillips constate une relation inverse entre le taux de chômage et l'évolution des salaires nominaux au Royaume-Uni sur la période 1861 - 1957. Sur le marché du travail, le prix des salaires évolu en fonction de l'offre et de la demande.
Le choix entre inflation et chômage de Samuelson et Solow
Paul Samuelson et Robert Solow réinterprètent la courbe de Phillips pour mettre en relation le taux de chômage et le taux d'inflaion. Ils en concluent que les politiques économiques se réduisent à un choix entre inflation et chômage : la lutte contre l'inflation générera une hausse du chômage, la lutte contre le chômage générera une hausse de l'inflation.
Milton Friedman réinterprète la courbe de Phillips pour démontrer qu'il faut laisser les salaires s'ajuster sur le marché du travail et que les politiques de relance Keynésienne génèrent à la fois de l'inflation et du chômage.
Milton Friedman revient à la courbe initiale entre taux de chômage et taux de croissance des salaires pour en conclure que c'est l'ajustement du prix des salaires sur le marché du travail qui permet un retour à l'équilibre.
Les politiques Keynesiennes de relance budgétaire et monétaire pour lutter contre la hausse du chômage sont inneficaces, les consommateurs réagissent avec retard à une hausse occasionelle de leurs revenus et une partie du chômage est structurelle. Au final, les politiques de relance créent de l'inflation et perturbent le bon fonctionnement du marché de travail (le prix des salaires ne s'ajuste pas au prix d'équilibre entre l'offre et la demande du travail). C'est la stagflation, où l'économie s'enfonce dans le chomage et l'inflation.
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Les anticipations adaptatives
Milton Friedman considére que les politiques de relance agissent en deux temps :
- Dans un premier temps, il concéde que les dépenses budgétaires et la baisse des taux d'intérêts peuvent faciliter une reprise de l'activité. Cependant, certains secteurs vont plus bénéficier des dépenses de l'Etat ou des nouveaux crédits d'entreprise, ce qui perturbe le bon fonctionnement des marchés.
- Dans un second temps, les fortes injonctions de liquidités dans l'économie vont alimenter une reprise de l'inflation. En termes réels, l'économie va revenir à son état initial, avec l'inflation en plus. Le chômage se remet à augmenter pour revenir à son niveau antérieur, voire le dépasser car l'intervention de l'Etat dans l'économie a faussé le bon fonctionnement des marchés.
Les agents économiques réalisent alors que les hausses des salaires et les hausses des chiffre d'affaires ont été entièrement absorbées par l'inflation. Ce processus d'adaptation leur fait anticiper une poursuite de la hausse des prix annulant tout gain futur de pouvoir d'achat. Les ménages n'augmentent plus leur consomamtion en volume. Les entreprises cessent d'investir réalisant que la demande n'augmente pas.
La théorie quantitative de la monnaie
En 1963, Milton Friedman publie Histoire Monétaire des Etats-Unis 1867-1960, dans lequel il reprend la théorie quantitative de la monnaie conçue par William Petty (1623 - 1687), puis développée par Irving Fisher (1867 - 1947).
L'équation de Fisher MV - PQ
Selon l'équation de Fisner MV = PQ, pour un niveau d'activité donné (Q), les Prix (P) varient proportionnellement à la quantité de Monnaie (M) et de sa Vitesse de circulation (V).
Milton Friedman s'est efforcé d'apporter une vérification empirique de ces résultats
- en 1963 dans son Histoire monétaire des États-Unis (avec Anna Schwartz)
- en 1970 dans The Counter-Revolution in Monetary Theory
Dans Histoire monétaire des Etats-Unis, Milton Friedman observe que, au cours des 18 cycles économiques étudiés, les creux ou les pics de l'activité économique furent précédés de creux ou de pics de la masse monétaire.
Il en tire la conclusion que :
- La masse monétaire doit être calée sur la croissance économique
- Les politiques de relance injectent trop de liquiditées dans l'économie générent de l'inflation
- Les politiques de trop forte diminution de la masse monétaire font chuter l'activité économique
Pour Milton Freidman, la crise de 1929 n'est pas un échec du marché, mais un échec de la FED
Dans son livre "Two lucky people : Memoirs, Milton Friedman critique vivement la politique monétaire de la FED menée lors de la Grande Dépression des années 1930 :
« La Fed est largement responsable de [l'ampleur de la crise de 1929]. Au lieu d'user de son pouvoir pour compenser la crise, elle réduisit d'un tiers la masse monétaire entre 1929 et 1933… Loin d'être un échec du système de libre entreprise, la crise a été un échec tragique de l'État. »
L'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire
De ses travaux sur l'équation de la théorie quantitative de la monnaie, Milton Friedman tira la conclusion que l'inflation est d'origine monétaire.
En 1976, dans Inflation et systèmes monétaires, Milton Friedman Il déclara à propos du lien entre inflation et monnaie :
« L'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu'elle est et qu'elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production. »
Milton Friedman considère que l'on ne peut pas faire confiance aux autorités indépendantes de la Banque Centrale pour "instituer un système monétaire qui soit à la fois stable, à l'abri des manipulations gouvernementales, et sans danger pour la liberté politique et économique. La solution consiste à livrer la conduite de la politique monétaire non plus à des individus mais à des lois, en instituant des dispositions législatives" (Inflation et systèmes monétaires, 1976).
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Théorisation de la politique anti inflationniste des années 80
La politique monétaire doit être basée sur une estimation de l'offre de monnaie conforme à la croissance économique
Les autorités monétaires doivent contrôler l'inflation (P) en ajustant le volume des émissions de monnaie de la Banque Centrale (M). Il faut construire un appareil statistique pour suivre l'activité (Q) et les prix (P), à partir desquels il est possible d'estimer la demande de monnaie (M).
La politique monétaire doit être neutre
Pour Friedman, le rôle des autorités monétaires est de suivre une règle d'accroissement de la masse monétaire stricte, parallèle au taux de croissance de l'économie : cela doit permettre de donner à l'économie les liquidités nécessaires aux transactions, sans provoquer ni de bulle inflationniste (trop grande création monétaire), ni de récession (trop faible création monétaire).
L'Etat ne doit pas intervenir pour contrôler l'activité économique
Pas de relance économique par la politique monétaire
La neutralité de la politique monétaire interdit d'en faire un instrument de politique économique. La croissance de la masse monétaire doit suivre au plus près la croissance de la production. Injecter trop de liquidités dans l'économie ne fera qu'alimenter l'inflation.
Pas de relance économique par la déificit budgétaire
Les agents économiques anticipent les hausses d'impôts qui seront nécessaires pour rembourser la hausse de la dette de l'Etat.
Pour un système de taux de change flottants
1953 : Dans son livre The Case for Flexible Exchange Rates, Milton Friedman prône un système de taux de changes flottants, car il rend possible un ajustement souple entre les devises des pays inflationnistes et celles des pays non inflationnistes.
Substituer à l'économie normative une économie positive (basée sur les résultats)
Dans son ouvrage Essays in Positive Economics (Essais d'économie positive), il a présenté le cadre épistémologique de ses futures recherches et, plus globalement, de l'école de Chicago : l'économie comme science doit être détachée des questions sur ce qui devrait être et se concentrer sur ce qui est, indépendamment de jugements moraux. Il préconise donc l'économie positive à la place de l'économie normative. De même, une politique économique doit être jugée non sur ses intentions mais sur ses résultats. Il déclara ainsi en 1975 :
« L'une des plus grandes erreurs possibles est de juger une politique ou des programmes sur leurs intentions et non sur leurs résultats »
— Milton Friedman, Entretien avec Richard Heffner
Il a également développé dans ses Essays un problème inhérent à toute politique conjoncturelle : l'action gouvernementale arrive toujours trop tard selon Friedman, en raison du temps nécessaire pour prendre la mesure de la situation et du temps nécessaire pour que les mesures aient des effets. L'action gouvernementale serait donc in fine néfaste, relançant l'économie alors qu'elle est déjà sortie de la crise et de ce fait favorisant la surchauffe ou, dans le cas inverse, précipitant l'économie dans la crise. Ces travaux remettaient donc en cause le bien-fondé des politiques de relance keynésiennes.
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Définition d'une société libérale selon Milton Friedman
En 2003 il résume sa position : « est « libérale » une société où:
- les dépenses publiques, toutes collectivités confondues, ne dépassent pas 10 à 15 % du produit national.
- le degré de protection de la propriété privée
- la présence de marchés libres
- le respect des contrats
D'après lui le libéralisme est le remède aux problèmes de développement : « La solution théorique, nous la connaissons. La clé du développement dépend :
- de la présence d'un État de droit
- du respect de la propriété privée
- de l'existence d'un régime de libre entreprise (c'est-à-dire, fondamentalement, la liberté des prix, des salaires et des contrats)
- de la capacité à contenir les pouvoirs de l'État.
État de droit, propriété privée, marchés libres et État limité sont les ingrédients nécessaires pour qu'un processus durable de croissance et de développement puisse s'enclencher.
La formule n'est pas compliquée. Mais elle n'est pas facile à mettre en œuvre, ne serait-ce qu'en raison de l'incapacité de beaucoup à concevoir un pouvoir politique indépendant et restreint.»
III - Obsolescence, limites et critiques du monétarisme :
- La restauration des taux de changes flottants en 1971 a ajouté l'instabilité des marchés des changes, sans pour autant remédier au ralentissement de la croissance et à la hausse du chômage.
- La politique de la BCE, qui a été la seule banque centrale à appliquer de façon doctrinale une politique monétariste, a provoqué une sur-évaluation de l'€uro par rapport au $ et au Yen.
- Aux USA, la flexibilité des salaires et des emplois a appauvri les classes moyennes.
Abandon du contrôle de la masse monétaire et retour aux politiques discrétionnaires
Pour Friedman, les banques centrales devaient maitriser l'inflation en contrôlant la croissance de la masse monétaire.
A la fin des années 70, les banques centrales ont suivi cette doctrine monétariste, elles ont rapidement cessé de le faire, car il y avait de moins en moins de corrélation entre la masse monétaire et l'inflation.
- A la fin des années 70, ce sont les taux d'intérêts élevés, et non le contrôle de la masse monétaire, qui ont fait baisser l'inflation, au prix d'une chute des investissements, d'une baisse de l'activité et d'une hausse du chômage.
- Les innovations financières des années 1980–1990, en accroissant la liquidité des actifs, ont rendu la distinction entre monnaie et actifs non monétaires difficile à opérer : un agent peut, à la place de la monnaie au sens strict, thésauriser au moyen d'autres actifs comme des SICAV, inclus dans M2. Ces actifs sont donc très proches de la monnaie et ils en constituent un substitut. Par conséquent, les agents arbitrent entre ces actifs, ce qui a pour implication que le stock de monnaie connait d'importantes et brusques variations, alors que M. Friedman le considérait stable. Or la relation entre inflation et masse monétaire n'est étroite que si la vitesse de circulation de la monnaie est constante. Ainsi, la croissance des agrégats monétaires, surtout M1 et M2, n'a plus depuis la fin des années 1970 de relation stable avec l'inflation. La Fed suivait initialement la masse monétaire M1, conformément aux recommandations monétaristes, puis elle utilisa M2 comme indicateur de référence, mais il tendit également à ne pas fournir de bonnes indications sur les évolutions des prix.S
- Si la banque centrale peut contrôler directement M1, elle ne peut pas contrôler M2 : elle ne peut pas empêcher un agent d'acheter un actif financier inclus dans M2 à la place de la monnaie. Cela est d'autant plus problématique que certains économistes pensent avoir constaté que la simple annonce par les banques centrales d'un objectif pour un indicateur de masse monétaire peut entraîner la réaction des acteurs économiques, qui modifient leur comportement pour échapper à la contrainte monétaire, ce qui a pour conséquence d'enlever toute valeur à l'indicateur de masse monétaire, selon ce qui a été appelé la loi de Goodhart95. Finalement entre 1975 et 2000, la Fed n'a pas atteint son objectif cible de croissance de M2 11 années sur 26. Comme le relèvent Olivier Blanchard et Daniel Cohen : « ces irrégularités dans la croissance de M2 et les fréquents échecs pour atteindre l'objectif annoncé ont soulevé une question évidente. À quoi cela sert-il d'annoncer une fourchette pour M2 si on en sort si souvent ? C'est la conclusion à laquelle est arrivée en réalité la Fed en 2000, et c'est pour cela qu'elle n'annonce plus de fourchette-cible pour M2. »
Ainsi, Frederic Mishkin (en), résumant ces difficultés, affirme que les agrégats monétaires sont loin de pouvoir remplir les trois rôles qui sont :
- fournir des informations pertinentes
- constituer des indicateurs de politique économique
- être au fondement d'une règle à suivre en matière de politique monétaire
« Nos résultats montrent qu'aux États-Unis, depuis 1979, les agrégats monétaires sont loin de pouvoir remplir ces rôles, et que l'agrégat M3 en Allemagne n'est guère plus efficace. »
Si la lutte contre l'inflation reste au cœur de l'action des banques centrales aujourd'hui, celles-ci ont abandonné l'essentiel de la doctrine monétariste en la matière. La croissance de la masse monétaire n'est plus, aujourd'hui, pour elles qu'un des indicateurs parmi d'autres des tensions inflationnistes futures.
De fait, aujourd'hui, les banques centrales ont choisi comme objectif premier et parfois unique de rester à proximité d'une cible d'inflation à court et moyen terme98 (par exemple, un taux d'inflation inférieur ou égal à 2 % pour la BCE99), en fixant le niveau de leurs taux directeurs de façon à avoir un impact sur l'activité réelle ; le but est que la croissance soit proche de la croissance potentielle pour éviter des variations cycliques trop fortes. Pour ce faire, les banques centrales utilisent souvent une règle de Taylor qui fixe un cadre à l'évolution des taux d'intérêt, en fonction de l'inflation et du taux de chômage. La variation de la masse monétaire est donc passée au second plan : elle ne constitue plus qu'un indicateur des risques inflationnistes à moyen et long terme. Les banques centrales ne mettent donc plus en œuvre des politiques monétaristes fondées sur la gestion directe de la masse monétaire. Ainsi, selon Paul Krugman, la Fed cessa de se conformer à une politique monétaire fondé sur la gestion de la masse monétaire dès 1982, et y renonça officiellement en 1984. Depuis 2000, elle ne se fixe plus de cible de croissance de M2 et depuis 2006, elle ne publie plus de données sur M3. Depuis, elle mène des politiques monétaires discrétionnaires, fondée sur un objectif d'arbitrage entre croissance et inflation.
Le bilan de la politique monétaire américaine depuis l'abandon du monétarisme, notamment lors de la période pendant laquelle la réserve fédérale était dirigée par Alan Greenspan entre 1987 et 2006, fait l'objet de débats intenses. Certains économistes considèrent qu'elle a contribué à empêcher le développement de crises systémiques majeures dans les pays développés et à maintenir le plein-emploi au sein de l'économie américaine. D'autres auteurs jugent que cette politique discrétionnaire est à l'origine de la formation de bulles spéculatives à répétition, dont la plus importante est la bulle immobilière américaine des années 2000 à l'origine de la crise des subprimes.
Pour la zone euro, la Banque centrale européenne, héritière de la doctrine monétaire de la Bundesbank, définit son « second pilier » comme celui de la surveillance de l'indicateur monétaire M3, à côté d'autres indicateurs, et l'utilise pour ses prévisions d'inflation. Toutefois, depuis 2003, elle a cessé d'en faire l'instrument de sa politique monétaire : elle ne considère plus depuis 2003 ces agrégats monétaires que comme « principalement un élément de recoupement, dans une perspective à moyen et à long terme, des indications à court et à moyen terme ressortant de l'analyse économique. » De 1998 à 2003, le taux de croissance de cet agrégat choisi en référence par la BCE était de 4,5 %, niveau au-delà duquel elle considère qu'il existe un risque d'inflation supérieur à 2 %. En fait, la BCE n'est jamais parvenu à respecter son objectif de croissance de la masse monétaire. Avant même son abandon officiel, il n'était donc qu'informatif. La BCE prend en compte les évolutions conjoncturelles et suit, dans les faits, la règle de Taylor.
Une nouvelle conception de la politique monétaire
Toutefois, malgré les échecs des politiques monétaires ayant appliqué strictement la doctrine monétariste, l'héritage de Friedman en matière de politique monétaire est important. Il a, en effet, imposé un certain nombre d'idées qui demeurent structurantes en matière de politique monétaire. Par sa critique de la courbe de Phillips, et le développement de l'idée de taux de chômage naturel, il a soutenu l'idée qu'il n'y avait pas d'arbitrage possible entre inflation et chômage et que, par conséquent, la mission de la politique monétaire est la stabilité des prix. La politique monétaire n'a donc pas à chercher à relancer l'activité, puisqu'elle ne provoque que de l'inflation. La lutte contre l'inflation est aujourd'hui, conformément au message de Friedman, au centre de la politique monétaire. Par ailleurs, le monétarisme a réhabilité les politiques monétaires par rapport aux politiques budgétaires, privilégiées par le keynésianisme.
Critique des nouveaux classiques : les anticipations ne sont pas adaptatives mais rationnelles
Pour les néo-classiques, qui défendent l'idée que les agents ont des anticipations rationnelles, la monnaie n'est plus qu'un pur voile. Les agents savent immédiatement que toute politique de relance est inflationniste, puisqu'ils sont rationnels et parfaitement informés, c'est-à-dire qu'ils agissent de manière parfaite, conformément à leur intérêt selon le modèle de l'économie tel que celui-ci est conçu par les nouveaux classiques. Il n'y a donc pas d'illusion monétaire, même à court terme.
Critique de l'école Autrichienne du contrôle de la masse monétaire par les banques centrales
Pour les économistes « autrichiens », Friedman est un étatiste du point de vue monétaire, partisan du contrôle de la monnaie par une banque centrale et d'une augmentation régulière de la masse monétaire par voie étatique. Certains se demandent même dans quelle mesure Friedman ne pourrait pas être considéré comme Keynésien
Critique du néo-keynésien James Tobin : les fluctuations monétaires ne sont pas la cause, mais la conséquence des cycles économiques.
Ainsi, James Tobin contesta la réalité de la causalité, que Friedman met en avant dans son Histoire monétaire, entre les fluctuations de la masse monétaire et les cycles économiques aux États-Unis. Pour Tobin, l'existence d'une corrélation ne signifie pas qu'il existe pour autant un lien de causalité : les fluctuations de la masse monétaire peuvent être le produit du cycle, plutôt que l'inverse.
Critiques des post-keynésiens : la monnaie n'est pas exogène mais endogène
Selon la théorie de la monnaie endogène des post-keynésien , la monnaie ne doit pas être pensée comme une variable exogène aux processus de production et dont la quantité est contrôlée par une institution extérieure (« jetée d'un hélicoptère » selon la métaphore de Milton Friedman), mais comme la résultante de la demande de crédit du système économique.
Selon les économistes post-keynésiens, l'application des principes monétaristes devait donc nécessairement buter sur la question du ciblage des agrégats monétaires. En effet, quelle que soit la définition de la masse monétaire retenue par les autorités centrales, les agents tenteront de lui substituer des actifs plus ou moins liquides pour contourner le resserrement du crédit. Ainsi selon Nicholas Kaldor, « il n'y a pas de démarcation claire au sein de l'ensemble de la liquidité entre ce qui est de la monnaie et ce qui ne l'est pas. Quelle que soit la définition que l'on choisisse pour la monnaie, elle sera entourée par une myriade d'instruments plus ou moins liquides qui peuvent lui servir de substituts. »
Pour les économistes post-keynésiens, les problèmes théoriques de la théorie quantitative de la monnaie expliqueraient les difficultés croissantes que les banques centrales rencontreraient dans le contrôle des agrégats monétaires aux États-Unis et au Royaume-Uni au cours des années 1980.