Terra Nova
Think tank social-démocrate, proche du PS
www.tnova.fr
Directeur : Thierry Pech
Fondé en 2008
Budget : 450.000 € en 2014
Subventions publiques : 150.000 € en 2015
Alors que Terra Nova est l'un des Think Tank les plus productifs, son très faible budget ne lui permet pas de rémunérer ses experts, contrairement aux think tanks qui bénéficient d'importants financements privés ou de subventions publiques.
site Terra Nova : www.tnova.fr
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Terra Nova est né de l'échec de la gauche en 2008
Terra Nova est le think tank proche du PS, créé en 2008 par Olivier Ferrand (1969-2012), suite à l'échec de la gauche en 2007 : "la campagne de la gauche en 2007 avait été à court d'idées" alors que "Emmanuelle Mignon avait accompli un travail remarquable auprès de Nicolas Sarkozy".
Olivier Ferrand considérait que la social-démocratie avait été tuée par la mondialisation et que le modèle libéral avait été terrassé par la crise de 2008. Terra Nova se veut l'incubateur d'un nouveau modèle idéologique.
Terra Nova, un think tank qui veut apporter une expertise technique au service d'un engagement politique
Les notes et rapports de Terra Nova sont alimentées par 1000 experts, dont des économistes (Daniel Cohen, Philippe Aghion, Elie Cohen, Lionel Fontagné...), des hauts fonctionnaires et des cadres d'entreprises.
Sans aucune aide de fonds publics (jusqu'en 2015), les experts de Terra Nova font un travail remarquable "Non seulement Olivier Ferrand est très productif mais, en général, les sujets sont de qualité, même si je ne partage pas ses idées", reconnaît Charles Beigbeder, vice-président du think tank libéral la Fondapol.
Le site de Terra Nova nous fait penser à une sorte de Libération où les journalistes se veulent "techniquement irréprochables". Terra Nova qualifie toutes ses idées de "progressistes" et des économistes comme Pierre Cahuc trouvent le lieu "trop politisé". Le but de Terra Nova est d'avoir une réelle influence sur les politiques de gauche et de toucher une large audience au sein de la société. Ceci explique le côté militant du site et certains sujets de société liés aux polémiques de l'actualité.
Une approche moderne de la politique et de la nouvelle économie.
Terra Nova se veut une composante résolument moderne et novatrice dans une gauche française globalement profondément conservatrice. Terra Nova est ainsi à l'origine d'initiatives telles que la mission sur la campagne américaine de Barak Obama, le rapport sur les primaires à la françaises et reconnaissait comme nécessaire un allongement des trimestres de cotisations pour sauver le système de retraite.
Terra Nova a théorisé le recentrage du PS sur les questions sociétales, au détriment du social
10 Mai 2011 : Terra Nova rend public un rapport qui théorise la mutation de la sociologie électorale de la gauche et invite à rompre avec la logique de classes sociales pour se focaliser sur les préoccupations sociétales. Cette stratégie consiste à abandonner les ouvriers pour créer "une nouvelle coalition", qui a "le visage de la France de demain, plus jeune, plus diverse, plus féminisée, plus diplômée, urbaine et moins catholique. Un électorat progressiste au plan culturel."
L'échec du recentrage idéologique sur les revendications sociétales de la bourgeoisie de gauche, vieillissante, blanche et urbaine.
Ce discours, qui ignore totalement le naufrage de la classe ouvrière dans un pays en voie de désindustrialisation rapide, fera dire à Alain Finkielkraut : " Puisque nous avons perdu le peuple, devenu raciste et réac, nous allons créer une nouvelle majorité, arc-en-ciel, avec les bobos et les minorités."
Cette note a également été vivement contestée par la gauche du PS, le PC et Mariane.
Dans les faits, c'est Olivier Ferrand, le directeur de Terra Nova à l'époque très attaché "à la promotion de la diversité et à la lutte contre les discriminations" qui a imposé son point de vue, contre l'avis d'autres membres de Terra Nova.
Au cours du mandat présidentiel de François Hollande (2002-2017), la stratégie de repositionnement du PS se traduit par un éclatement et un effondrement du Parti Socialiste :
- Eclatement du Parti Socialiste entre les Socialistes-libéraux qui veulent s'encrer dans la réalité économique du monde du XXe siècle, les Socialistes-étatistes qui veulent garder un encrage populaire, les socialistes-communaristes conquis par la surenchère des valeurs sociétales et l'irresponsabilité de l'extrême gauche.
- Rupture du Parti Socialiste avec les classes populaires, selon la logique même de la stratégie de Terra Nova.
- Rupture du Parti Socialiste avec les jeunes, qui ont de plus en plus de mal à s'insérer dans le marché du travail, à cause des blocages de la société pour protéger les acquis de la génération de 1968 au pouvoir.
- Rupture du Parti Socialiste avec les populations immigrées, dont les valeurs religieuses conservatrices ont été profondément choquées par "le mariage pour tous" et les "ABCD de l'égalité".
- Rupture avec les jeunes femmes, victimes d'une montée de la violence contre la féminité, niée dans le meilleur des cas, mais trop souvent cautionnée par les intellectuels de la gauche bien-pensante.
En 2016, la base du Parti socialiste s'est rétrécie sur une classe sociale très étroite, composée d'une population blanche, viellissante, vivant de la dépense publique, faisant le grand écart idéologique entre un discours anti-libéral tout en s'affichant partisan d'une union européenne ouverte à la mondialisation.
Prenant acte de la divergence de leurs intérêts économique, toutes les autres classes sociales sont tentées par une scission pour constituer un nouveau parti politique en dehors du PS :
- Jean-Luc Mélenchon se pose en défenseur des classes populaires, totalement abandonnées par le Parti Socialiste.
- Arnaud Montebourg mobilise les socialiste-étatistes, en se posant comme le défenseur des intérêts nationaux au travers d'un retour d'un interventionnisme étatique.
- Emmanuel Macron mobilise les socialistes-libéraux, en se posant comme le porte parole d'une "France du XXie siècle", bien intégrée dans la mondialisation et la nouvelle économie.
- Benoît Hamon représente les socialistes-communautaristes, totalement phagocytés par l'extrême-gauche et n'existant pas par eux-même. Incapables de porter un projet politique, leurs ambitions se limitent à une opposition systématique à tout ce qui vient d'un gouvernement, même lorsqu'ils en faisaient parti durant la présidence Hollande, alors qu'ils vivent exclusivement de la dépense publique..
Olivier Ferrand (1969 - Juin 2012)
"L'enjeu est, aujourd'hui, la refondation d'un modèle et d'une matrice idéologique, l'invention d'une gauche moderne, capable de dépasser les politiques keynésiennes et de reconstruire une politique de l'offre".
Olivier Ferrand en Novembre 2011 dans Le Monde
8 Novembre 1969 : Naissance à Marseille
Diplômé de HEC, Sciences Po et ENA.
Haut fonctionnaire à la Direction du Trésor.
Conseiller technique pour les affaires européennes du premier ministre Lionel jospin.
Membre du groupe des conseillers de l'ancien président de la Commission européenne Romano Prodi.
Anime le think tank "A gauche en Europe", fondé par Dominique Strauss-Kahn et Michel Rocard.
Mars 2001 : Maire adjoint du 3ème arrondissement de Paris
2007 : Echoue aux législatives, à l'issue d'un parachutage dans les Pyrénées Orientales
Mars 2008 : Maire adjoint de Thuir, commune de 7.500 habitants dans les Pyrénées-Orientales
Mai 2008 : Lancement de Terra Nova
2009 : Rapporteur de la commission sur le grand emprunt, nommée par Nicolas Sarkozy et coprésidée par Alain Juppé et Michel Rocard.
17 Juin 2012 : Elu député de la 8ème circonscription des Bouches-du-Rhône, dans le cadre d'une triangulaire avec l'UMP e le FN. C'est l'un des rares parachutages parisiens a avoir une certaine légitimité : Olivier Ferrand est né à Marseille, son arrière grand-père fut maire de Velaux, le PS local miné par les affaires n'avait aucune chance de l'emporter.
30 Juin 2012 : Mort à Velaux (Bouches-du-Rhône), terrassé par un arrêt cardiaque, au retour d'un jogging, alors qu'il était déjà physiquement épuisé par la dure campagne électorale de 2012 dans laquelle il s'était sur-investie..
Source :
Challenges n° 246 - 3 Mars 2011 - page 64 - Dominique Perrin
Le Monde - Mardi 3 Juillet 2012
Le Point - 6 Octobre 2016 - Saïd Mahrane