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Mission : Faire émerger une gauche moderne en France
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Les Gracques souhaitent "une réinvention de la gauche : engager enfin, et de façon irréversible, la gauche française sur la voie d'une social-démocratie moderne, pro-croissance et donc pro-entreprise et pro-européenne".
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Les Gracques de la République Romaine
Tiberius (-163 / -133) et Caius Gracchus (-154 / 121 ), œuvre d'Eugène Guillaume, XIXe siècle.
fiche wikipedia des Gracques romains
De -264 à -146 av J.C. le conflit entre Rome et Carthage pour la domination sur la Méditerranée fut à l'origine des 3 guerres puniques.
En -146 av. J.C., avec la prise de Carthage par le général romain Scipion Emilien, Rome élimine définitivement sa rivale historique.
Mais le soldat paysan romain, celui qui a fait la puissance de la République Romaine, sort ruiné de ce conflit interminable. Les riches sénateurs prétoriens s'emparent des terres du petit peuple romain, qui trouve refuge dans la capitale. C'est ainsi que les glorieux vétérans de l'armée romaine se retrouvèrent quasi clochardisés dans une capitale qui devint surdimensionnée par rapport aux ressources de l'antiquité.
Les riches sénateurs romains achètent des milliers d'esclaves pour remplacer les soldats-paysans romains qu'ils ont expulsés. A peine 5 ans après la victoire sur Carthage, le déclenchement de la première guerre servile (-139 à -132 av J.C.) révèle la fragilisation sociologique de la société romaine consécutive à sa victoire sur sa rivale historique.
Tiberius Sempronius Gracchus (-162 à -133 av J.C.) et son frère Caïus Sempronius Gracchus (-154 à -122 av J.C.) étaient deux sénateurs plébéiens, petits fils de Scipion l'Africain vainqueur de la 2éme guerre punique. Tiberius était de plus beau-frère de Scipion Emilen, le vainqueur de la 3ème guerre punique.
Selon Tite-Live, la décision d'agir de Tiberius naquit alors qu'il traversait l'Étrurie en direction de Numance. Il fut frappé par ces immenses domaines exploités par des hordes d'esclaves et par ces anciennes terres agricoles vides d'hommes.
Les frères Gracchus eurent pour objectif politique de restaurer les bases de la puissance romaine par une réforme agraire, dont le but était de redonner aux soldats-paysans romains les terres dont ils avaient besoin pour faire vivre leur famille. Mais ce faisant, ils entraient directement en conflit avec les sénateurs prétoriens, qui complotèrent pour les faire exécuter.
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-139 à -132 : La première guerre servile
Ce n'est que lorsqu'une troupe d'esclaves menés par Eunous s'emparent de la ville d'Henna que Rome décide d'intervenir. La révolte s'étend dans toute la Sicile, où Eunos a constitué son propre royaume. Après plusieurs défaites, il faudra 7 ans pour que Rome mette fin à la première guerre servie.
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-133 à -31 : La guerre des Optimates contre les Populaires
sources : Histoire de la Rome Antique - Yann Le Bohec - Que sais-je 2012 - pages 26 à 29
La crise fut, paradoxalement, causée par le trop grand succès de la conquête, qui permit "la vengeance posthume d'Hannibal" (A. J. Toynbee). Par la conquête, les riches s'enrichissaient et les pauvres s'appauvrissaient. A titre de butin, les nobles ramenaient de nombreux esclaves, main d'oeuvre bon marché, qui leur permettait de mettre en valeur non seulement les terres qu'ils possédaient par héritage ou achat, mais encore celles qu'ils usurpaient sur le domaine public, l'ager publicus. A l'opposé, les soldats de plus en plus longtemps et souvent absents de chez eux, laissaient la surveillance et l'exploitation de leur terre à une épouse qui ne pouvait pas résister à un puissant voisin ni sur le plan économique ni sur le plan juridique. Ils ne réussissaient pas, même quand ils étaient présents, à concurrencer la main d'oeuvre servile. Ruinés, ils fuyaient vers les villes, surtout vers Rome qui devint la plus grosse agglomération du monde, et ils y formaient une masse de chômeurs misérables. Là, ils entraient dans la clientèle des riches qui les avaient ruinés : le client appuyait son patron dans ses entreprises politiques ; en échange, il recevait une sportule, panier de provisions ou somme d'argent qui lui permettait de vivre.
Pourtant, le peuple ne se révolta pas et les Romains ne songèrent jamais à instaurer un régime démocratique. Autre paradoxe, la rupture vint d'aristocrates qui estimaient qu'il fallait récompenser les soldats, diminuer le nombre d'esclaves et donner du travail aux pauvres par une loi agraire, en leur confiant une partie de l'ager publicus. En 134, Tibérius Gracchus, gendre du prince du Sénat, se présenta au tribunal de la plèbe, avec un programme simple : faire voter une loi agraire. Elu, il fit voter cette loi et, par la même, il fonda le mouvement des "populaires". Se dressèrent contre lui d'autres aristocrates, emmenés par Scipion le deuxième Africain, qui se baptisèrent les meilleurs, les optimates, et dont le programme était également très simple : ils ne voulaient pas même entendre parler de loi agraire. Tibérius fut assassiné. Dix ans plus tard, son frère, Caius, fut élu sur le même programme et subit le même sort; il est vrai qu'il avait renouvelé son tribunat de manière illégale. L'abandon provisoire de la loi n'empêcha pas le triomphe de l'idée.
NDLR : Le refus des réformes des Optimates fragilise l'armée de la République Romaine, qui de -113 à -105 ne subit que des échecs lors de l'invasion des Cimbres et des Teutons. Caius Marius réforme l'armée romaine, en la rendant permanente et formée de soldats de métiers. Les Optimates se réjouissent de cette nouvelle armée de métier, qui rétablit la situation contre les Teutons et les Cimbres entre -105 et -101 et qui se substitut à l'ancienne armée Républicaine, composée de citoyens romains victimes de leurs spoliations. Mais rapidement le Sénat perd le contrôle des légions, qui deviendront avant tout fidèles à leur chef, ce qui conduira à la fin de la république.
L'échec des Gracques fut ressenti comme l'échec de la voie légale. Il y eut bien une dernière tentative, mais elle fut menée en 100 par des extrémistes, le tribun Saturninus et le préteur Glaucia. Le débat se transporta sur les champs de bataille de la guerre civile, chaque camp se rangeant derrière un imperator, un "général victorieux par la volonté des dieux". Les populaires, les premiers, se confièrent à Marius, qui revêtit une série de consulats illégaux à partir de -107. Pour lui faire pièce, les optimates trouvèrent Sylla. Les violences furent inouïes et l'on assista à une première prise de Rome par Sylla en -88, une deuxième par Marius en -87, une troisième par Sylla en -83 ; la cruauté de ce dernier fut aggravée par une proscription (on donnait ce nom à une affiche qui portait les noms des condamnés à mort, susceptibles d'être tués par n'importe qui ; l'assassin étant récompensé par une partie des biens de la victime). Une révolte des Italiens contre Rome en -91/-88 (on les appelait "alliés", socii, d'où le nom de "guerre sociale" donnée à ce conflit) et une guerre servile en -73 (célèbre révolte menée par Spartacus) secouèrent la péninsule.
Après la mort de Marius et la démission de Sylla, la vie politique s'apaisa brièvement. Puis les optimates trouvèrent un nouveau chef en Pompée, qui s'entendit avec César, un populaire, en un premier temps (-60 / -59), puis qui le combattit en un deuxième temps, dans une nouvelle guerre civile (-49 à -45). L'assassinat de césar aux ides de Mars (15 Mars 44 avant J.C.), survint alors que le parti des optimates était étrillé et que l'idée monarchiste faisait son chemin dans les esprits. Les derniers républicains, Brutus et Cassius, furent vaincus et tués à Philippes (-42).
NDLR : Incapables de comprendre les bases politiques et économiques de la République romaine, dont ils étaient les premiers bénéficiaires, le refus des réformes des Optimates conduisit à leur propre perte.
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Les Gracques contemporains
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Après l'effondrement du mur de Berlin en 1989, les démocraties occidentales ont connu la même dérive que la République Romaine après sa victoire sur Carthage. Les véritables entrepreneurs et la classe moyenne, à l'origine de la richesse des démocraties occidentales, ont été évincés par une caste de grands financiers et de managers internationaux, qui ont accaparé à leur profit l'essentiel de la croissance des richesses des années 90 et 2000.
Dans les années 90, des millions d'ouvriers sont licenciés et leur emploi délocalisé dans les pays qui offrent les plus faibles salaires.
Dans les années 2000, ce sont désormais les emplois des informaticiens et des ingénieurs qui sont délocalisés au profit de la montée en puissance industrielle et technologique de la Chine.
Alors que les classes moyennes sont dangereusement fragilisées, les responsables de la crise financière de 2008, la plus grave crise depuis 1929, calculent leurs salaires et leurs primes en millions de dollars.
Reprenant le combat de leurs illustres prédécesseurs pour redonner à la République de fortes bases sociales, un groupe d'anciens conseillers de cabinets socialistes, d'avocats et de chefs d'entreprise veulent bousculer une gauche française très conservatrice pour qu'elle se modernise. Constitués en 2007 en association, présidée par Bernard Spitz, conseiller d'Etat, assureur et ancien conseiller de Michel Rocard, ils ont un écho sur la scène européenne, notamment en Italie.
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Vivement dimanche
Le Point 1er Janvier 2015
Les Gracques font un rappel des vraies valeurs défendues par la gauche :
- La volonté de justice sociale, de solidarité, d'égalité des chances.
- La protection des faibles et la résistance face aux forts.
- L'intérêt général, la défense des droits de l'homme, la laïcité et la défense de toutes les libertés, y compris celles d'entreprendre et de travailler.
Ces valeurs historiques de la gauche ont été trahies par la vieille gauche archaïque qui s'oppose qui s'oppose à la loi Macron, à l'ouverture des magasins le dimanche et à toute réforme.
- Le drame de la vieiile gauche, c'est quand elle ne s'exprime plus que par la voix de professionnels de parti, qui n'ont souvent aucune expérience personnelle de la vie de l'entreprise, ni de la vie tout court. Ils sont les héritiers d'une grande histoire, mais ne partagent plus rien de ce qui a rassemblé des générations autour des plus nobles rêves du monde. Ils pensent l'économie et conçoivent les lois comme on parle entre copains de football ou de météo. Ils déclinent leur répertoire de postures au micro des chaînes d'info ou sur leur blog.
- Cette gauche-là défend tous les acquis, jusqu'à ceux des huissiers.
- Contre tous ceux qui veulent se battre, travailler, créer ; et d'abord contre les jeunes. Après la réduction bureaucratique de la durée du travail elle s'acharne contre ceux qui veulent travailler le Dimanche.
- Ce qu'elle défend, au fond, c'est sa vision autocentré du monde et ses réflexes interventionnistes : taxer, réglementer, subventionner.
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Les Gracques : Schröder, avec nous !
Le Point 28 Août 2014
"Quand une économie est en croissance, un gouvernement de gauche sait ce qu'il a à faire : en répartir les fruits le plus justement possible. Comment ? Par une redistribution qui vient en aide aux plus modestes, finance les services publics et assure l'égalité des chances pour la jeunesse. Il y a à la fois justice horizontale entre catégories sociales et verticale entre générations.
Quand une économie est en panne de croissance, que faire ? La voie de la facilité est de faire indéfiniment "comme si". De continuer la subvention et le soutien qu'on accordait hier à telle association ou catégorie sociale, voire à d'autres pas moins méritantes, ou à tel projet qu'on lance sans savoir comment on le financera. Alors, on redistribue une richesse que l'on n'a pas. L'adaptation de l'économie tarde. La justice horizontale est à crédit et l'injustice verticale frappe les jeunes, qui devront régler les déficits de leurs ainés.
L'idéologie de la gauche archaïque, largement dominante en France, y compris dans la droite conservatrice, fait croire que :
- Le montant de la dette n'est pas un problème et qu'il faut toujours plus s'endetter.
- Il faut renier les engagements européens de la France de contrôle de ses déficits et d'engagement de véritables réformes structurelles pour sauver son économie.
- La finance est un mal non nécessaire.
- L'Etat est le seul bon décideur.
- Il suffit de distribuer de l'argent public pour relancer la machine.
Les vrais réformistes, dans le sillage de Manuel Valls, ne pensent pas cela. Ils mesurent la difficulté de notre situation : pas de croissance, un risque de déflation, les faillites, le chômage, les recettes fiscales atones, l'investissement qui se tarit, les déficits qui s'empilent. Le tout sans disposer de leviers d'action conjoncturels, budgétaires ou monétaires.
Les Gracques préconisent de :
- S'attaquer aux rentes privées, mais pas seulement.
- Améliorer la productivité de l'administration, en jouant sur la mobilité, les effectifs, le temps de travail.
- Réduire les dépenses de l'Etat : car, comme il a pu être dit de la finance, il y a aussi la bonne et la mauvaise dépense publique.
- "Moderniser notre économie en améliorant la compétitivité et en soutenant l'investissement", comme le dit François Hollande, comme l'avait fait Gerhard Schröder.
- Chaque mesure devrait inciter un employeur à avoir un salarié de plus, un investisseur à mobiliser 1 € de plus.
- Mettre fin aux annonces contradictoires, aux votes de nouvelles taxes.
- Trancher positivement sur le travail le Dimanche, la modification des seuils sociaux et la suppression de la taxe à 75 %.
- Baisse des impôts et refonte des minimas sociaux pour soutenir la consommation.
- Assouplir le droit de l'urbanisme et la fiscalité sur la propriété pour relancer la construction sinistrée.
- Réformes de structure de la sphère publique à mener sur l'Education Nationale, la Sécurité Sociale, l'Etat.
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