Ecole de Vienne

Sources

http://ecole-autrichienne-d-economie.over-blog.com/2017/05/la-theorie-autrichienne-du-cycle.html

I - Filiation de la pensée de l'Ecole de Vienne

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1.1- Les précurseurs

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1.2 - Le fondateur : Carl Menger

Carl Menger (1840-1921) est associé à Léon Walras (école de Lausanne) et William Stanley Jevons (école de Cambridge) dans l’invention du marginalisme.

Néanmoins, ces trois auteurs ont soutenu des positions différentes sur de nombreux sujets, et sont à l’origine de trois écoles de pensée distinctes.

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1.3 - Les disciples de Carl Menger se scindent en deux écoles

Ceux qui restent fidèles à la pensée de Carl Menger

Ludwig von Mises reste fidèles à la pensée de Carl Menger en ce qu’elle se distingue de celle de Jevons et Walras.

Ludwig von Mises inclut l’économie dans une matière qu’il nomme praxéologie, c’est-à-dire l’action humaine. Tout individu agit. Il met en œuvre des moyens pour atteindre des fins, déterminées par lui. La praxéologie étudie l’action. Pas les fins. L’économie, c’est aussi l’individu agissant. Elle fait donc partie de la praxéologie. Et l’économie de marché est dénommée catallaxie, science des échanges. Le concept de praxéologie souligne l’approche autrichienne de l’économie en tant que science humaine. L’économie n’est pas l’égalisation de quantités, d’une offre et d’une demande, mais la coordination des actions d’individus agissant chacun séparément. (Ce qui inclut les actions collectives comme une société commerciale. Mais, même une société est l’action de plusieurs individus).

Ceux qui se rapprochent de la théorie walrasienne

Friedrich von Wieser s’oriente rapidement vers un rapprochement avec la théorie walrasienne de l’équilibre général, voie sur laquelle le suivront des auteurs comme Schumpeter et Friedrich Hayek qui fut son étudiant avant de travailler pour Mises à l'Institut für Konjunkturforschung (« Institut de Recherches sur la Conjoncture » devenu institut allemand pour la recherche économique) que celui-ci avait créé

 

II - La conception autrichienne de l’économie

L’école autrichienne se caractérise par ses positions épistémologiques (étude critique de la connaissance) et méthodologiques (étude des méthodes scientifiques) concernant la nature de la discipline économique).

Les phénomènes économiques sont trop complexes pour faire l'objet d'expérimentations ou être modélisés (macro-économie)

L'économie est activée par des phénomènes sociaux complexes résultant de l'action d'une multitude d'êtres humains, chaque individu agissant selon son libre arbitre et son avis personnel. 

La complexité des interactions entre une multitude d'acteurs économiques disposant d'un libre arbitre rend impossible l'expérimentation. Les sciences économiques ne peuvent donc se comparer aux sciences physiques.

Une approche psychologique de l'économie

L'école de Vienne est aussi appelée "école psychologique", car son analyse des phénomènes économiques repose sur les comportements des individus et rejette les concepts macro-économiques.

La théorie de l'école de Vienne fait appel à la praxéologie, qui est l'étude des processus logiques de l'action humaine.

Cette conception est appelée « réalisme abstrait » :

Points commun avec l'Ecole Classique

Points commun avec l'école Néo-Classique

Divergences avec l'école Néo-Classique

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II - Concepts

2.1 - L'individualisme méthodologique

L'individualisme méthodologique est un paradigme des sciences sociales, selon lequel les phénomènes collectifs peuvent (et doivent) être décrits et expliqués à partir des propriétés et des actions des individus et de leurs interactions mutuelles (approche ascendante). Cette approche s'oppose au holisme, selon lequel les propriétés des individus ne se comprennent pas sans faire appel aux propriétés de l'ensemble auquel ils appartiennent (approche descendante).

2.2 - La prise en compte du rôle de l'entrepreneur

La théorie économique ne retenait que deux facteurs de production : le capital et le travail.

Pour l'Ecole de Vienne, l'entrepreneur est au coeur de l'éctivité économique, car c'est lui qui fait appel aux investisseurs et recrute les travailleurs, puis fait fonctionner son entreprise.

Le profit de l'entreprise et la rémunération de l'activité propre de l'entrepreneur. Cette rémunération de l'entrepreneur mesure l'utilité pour ses clients de l'activité de son entreprise.

Dans la théorie autrichienne, il n’y a pas d’équilibre. L’économie est toujours en mouvement. Et le moteur de ce mouvement, c’est l’entrepreneur.

2.3 - Subjectivité de la valeur

L'utilité est une valeur subjective, car son besoin et sa rareté peuvent varier dans le temps (notion d'utilité marginale) et elle dépend des goûts et des besoins personnels, qui peuvent fortement varier d'un individu à l'autre.

Cette notion de subjectivité individuelle de la valeur conduit l'école de Vienne à porter son analyse sur les comportements individuels et à rejeter la globalisation abstraite.

2.3 - Théorie du Cycle des Affaires de l'Ecole Autrichienne et le "détour de production"

Carl Menger distinguait des biens de consommation (premier ordre), des biens d'équipements (second ordre) et au delà les biens d'équipements qui servent à fabriquer les biens d'équipements en remontant la chaîne de production (troisième ordre et au delà).

Bohm-Bawerk définit l'investissement comme un « détour de production ». L'idée est qu'on dépense de l'argent et du temps (en machines, en éducation) pour produire plus et mieux. Pour l'illustrer, il prend l'exemple du paysan qui, pour se procurer de l'eau, dispose de plusieurs possibilités : soit aller à la source à chaque fois qu'il a soif (satisfaction immédiate), soit fabriquer un seau qui lui permettra de disposer davantage d'eau, soit encore construire une canalisation. Ainsi, consacrer une partie de l'activité productive à l'élaboration de biens de production permet d'accroitre son niveau de satisfaction ultérieur. Autrement dit, le détour de production permet de mettre en œuvre des combinaisons plus capitalistiques pour produire ensuite davantage de biens de consommation finale.

Le détour de production est une manière de prendre en compte le temps et la structure de production dans la théorie économique. Ce qui est une exclusivité de l’école autrichienne. Les autres théories ne le font pas.

2.4 - Le marché révèle les préférences des individus et régule le marché

Sur le marché de la monnaie, le taux d'intérêt mesure la préférence entre la consommation et l'épargne, c'est à dire entre une consommation immédiate ou une consommation future.

Böhm-Baverk considère que le taux d’intérêt traduit les préférences temporelles entre la consommation immédiate et la consommation future (épargne). Le taux d'intérêt donne une information sur le marché aux entrepreneurs sur le niveau de consommation à venir. Si le taux d'intérêt est faible, c'est qu'ils épargnent beaucoup et que la consommation augmentera dans le futur. Les entreprises n'investissent pas parce que les taux sont bas, mais parce qu'ils prévoient une hausse de la demande. Si les entreprises anticipent une stagnation de la demande, ils n'investissent pas même si les taux d'intérêts sont faibles (c'est la trappe à liquidités).

2.5 - Les crises sont causées par les interventions publiques

Les taux d’intérêt ne sont pas déterminés par le niveau d’épargne de la population. Ils sont en fait fixés, totalement arbitrairement, par les banques centrales. Celles-ci ont tendance à diminuer le taux d’intérêt pour relancer l’économie. Et ça fonctionne. L’économie connaît un boom. Mais ce boom est artificiel. Surtout, il déstructure le tissu économique. Le détour de production s’allonge, sans raison puisque les consommateurs ne repoussent pas leur consommation. L’information donnée aux entrepreneurs est fausse. Ce qui donne ce que Mises appelle un malinvestissement. Ce n’est pas un surinvestissement. C’est un investissement à mauvais escient, dans un processus de production inadapté à l’économie.

Le malinvestissement a créé une structure de production incompatible avec les attentes des consommateurs. Il n’y a pas trente six solutions pour résoudre la crise : il faut que l’économie se restructure. Ce qui signifie qu’aucune politique économique ne pourra rien y faire : il faut laisser le temps à l’économie de reprendre une structure compatible avec la croissance. Nous avons à nouveau le facteur temps qui est pris en compte, contrairement aux autres théories économiques.

III - Controverses avec les autres courants de pensée économique

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Opposition à l'Ecole historique allemande

Menger s'oppose à l’École historique allemande menée par Gustav von Schmoller, qui soutient qu’il n’existe pas de lois générales des phénomènes économiques.

Opposition aux néoclassiques

Carl Menger, puis Böhm-Bawerk et Mises s'opposent à Léon Walras et aux néoclassiques.

Opposition aux marxistes

Menger,  Böhm-Bawerk, Mises et Hayek. s'opposent à la conception objective de la valeur, contre Marx et le socialisme.

Opposition contre Keynes et les macro-économistes

Mises et Hayek s'opposent à Keynes et les macro-économistes.

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