Géographie politique

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Redonner aux territoires périphériques leur dignité politique

et la maîtrise de leur destin économique

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Le libéralisme politique du XVIIIe siècle a engendré le libéralisme économique des XIXe et XXe siècle, car il ne peut y avoir de liberté politique sans liberté économique.

Au XXIe siècle, la mondialisation donne naissance à une géographie politique, car il ne peut y avoir de liberté politique dans les territoires périphériques où sont refoulés les populations qui paient la facture de cette mondialisation, par le chômage, la paupérisation, le mépris des élites mondialisées. La perte de la maîtrise de son destin économique, de son identité et de sa dignité, subit par une part de plus en plus grande de la population des anciennes puissances industrielles, alimente la montée en puissance de partis populaires protectionnistes.

La géographie politique est en totale rupture avec le libéralisme économique en ce qui concerne l'analyse des effets positifs de la mondialisation. Ces géographes sont plus proche des socialistes utopiques dans leur volonté de rendre leur dignité politique et la maîtrise de leur destin économique aux populations paupérisées refoulées dans les territoires périphériques, abandonnés par les métropoles mondialisées.  

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En 2016, en quelques mois le Royaume-Uni vote pour quitter l'Union Européenne, les USA votent pour le populiste Donald Trump et les électeurs de la primaire de la droite en France votent très majoritairement en faveur de François Fillon, dont le programme est le plus radical et soutenu par une extrême droite catholique, qui comme l'extrême gauche veut focaliser le débat politique sur le "sociétal", au détriment des réelles priorités économiques et sociales.

Depuis 2008, c'est toute la caste des "sachants" qui est ainsi prise au dépourvu. Journalistes, sociologues, politologues, ils n'avaient rien vu venir. Le stunami les a surpris et les surprendra encore. La seule boutique où l'on pouvait obtenir des données utiles sur le mouvement des plaques tectoniques sur le point de provoquer un tremblement de terre politique, c'était celle des géographes. - Brice Couturier dans Le Point 1e Décembre 2016   

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Les géographes fondateurs de la nouvelle géographie politique

Christophe Guilluy : Il s'intéresse à la France périphérique, celle qui n'intéresse pas les médias.

Jacques Lévy : Ses "gradients" d'urbanité permettent de mesurer le degré d'ouverture d'un espace à la diversité culturelle.

Joel Kotkin : Les Etats qui o=nt voté pour Trump sont spécialisés dans la production de biens tangibles - secteur manufacturier, agro-industrie, énergie, construction. Ceux qui reposent sur l'économie immatérielle (Silicon Valley, Hollywood, communication, université, finance) votent démocrates. Ceci explique que les anciens Etats industriels acquis aux démocrates (Pennsylvanie, Michigan, Wisconsi) ont finit par basculer dans le camp Républicain suite aux dégâts provoqués par la mondialisation. Au Royaume-Uni, ce sont les anciennes villes industrielles qui ont voté pour le Brexit. Dans le Nord-Pas-de-Calais, ce sont les enfants et petits enfants des anciens militants du PCF et de la CGT qui votent pour le Front National.

Laurent Davezies a montré que des territoires entiers ont été vidés de toute activité économique productive et ne subsistent plus qu'à travers les emplois publics et la redistribution.

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Un vote protestataire, populaire et protectionniste

Un vote protestataire des classes populaires abandonnées par les partis "de gouvernement"

Au XIXe siècle, l'Eglise et les ouvres de charité des épouses de la grande bourgeoisie tentaient de venir en aide aux classes populaires. Politiquement, les socialistes utopiques militaient pour améliorer leur sort et les Marxistes pour la révolution prolétarienne.

Au XXe siècle, les classes populaires ont bénéficié des transferts sociaux de l'Etat providence. Les syndicats, le Parti Communiste, puis le Parti Socialiste défendaient leurs intérêts et leur apportait une forte visibilité politique.

Au XXIe siècle, l'Etat providence est en faillite, les Eglises sont vides, un Parti Communiste moribond milite en faveur de l'immigration illégale, la CGT ne défend que les avantages acquis de la nomenclatura de la fonction publique, la Parti Socialiste s'est converti à la mondialisation dominée par la grande finance internationale et a abandonné le social pour le "sociétal". Le Front National a comblé ce vide politique en captant les votes des classes populaires abandonnées de tous.

Un vote protestataire des territoires périphériques dépossédés de la maîtrise de leur destin économique.

Demande de protection contre le déclassement économique

Demande de protection identitaire

L'étude publiée aux Etats-Unis en Août 2016, sous le titre "Trump, le Brexit et la montée du populisme. Défavorisés et backlas culturel",  par les deux chercheurs Ronald Inglehart et Pippa Moris, démontre que les clivages politiques ne reposent plus sur des oppositions économiques, mais sur des enjeux culturels. Ce qui est devenu déterminant, c'est ce que les ANglo-saxns appellent les "life politics" : la famille, la sexualité, les questions d'identité et de genre.  A l'heure des grands flux migratoires, c'est une réalité politiquement déterminante.

A l'origine de cette montée en puissance du sentiment identitaire, les "mouvements de libération" du début des années 70 : féminisme, droits des homosexuels, Black Power. Modes d'expression de soi, vecteurs d'authenticité, ils ont conqus progressivement des positions de force dans l'univers des médias. Ils ont fourni les bases de la nouvelle idéologie dominante. 

C'est dorénavant dans le domaine de la culture au sens large - celui des croyances, des valeurs et des modes de vie - que se livrent les combats politiques décisifs. Regardez du côté de l'instrumentalisation de l'Histoire au nom des "mémoires" - et leur surenchère victimair. Car la culture a été politisée en profondeur. Elle est devenue le mode d'expression des "identités" (ethniques et sexuelles, en particulier). C'est l'un des effets inattendus de l'entrée en société multiculturelle. Celle-ci n'est pas la coexistence pacifique de cultures juxtaposées, comme le prétendent les théoriciens du "vivre ensemble". Elle est un conflit social pour le partage des biens et la prééminence, menée sur le terrain des modes de vie, des hiérarchies de valeurs et de la consommation culturelle.  - - Brice Couturier dans Le Point 1e Décembre 2016 

Le vote protestataire Danois : sauvegarder un Etat providence basé sur la cohésion nationale et l'esprit civique.

8 Danois sur 10 estiment que les gens sont dignes de confiance, un record mondial ! Au contraire, 7 Français sur 10 pensent qu'on n'est jamais trop prudent.... Les Danois sont aussi plus de 2 fois plus confiant que les Français dans leurs institutions, le gouvernement, la police, la justice, l'administration.

L'honnêteté est à la base du vivre-ensemble Danaois. Le Reader's Digest fait chaque année les test "d'oublier" des portefeuilles avec de l'argent et les coordonnées du propriétaire dans une soixantaine de villes du monde. A Aalborg, la ville danoise testée, 100 % des portefeuilles ont été restitués avec l'argent. De même, dans tous les classements de gouvernance des ONG, le Danemark se place au top grâce au bon fonctionnement de la démocratie et de la justice, ainsi qu'à une quasi absence de la corruption. 

L'extrême droite, qui progresse partout sur le continent, a trouvé son audience... justement parce que l'immigration défie notre culture de la confiance. Le Danemark est un petit pays avec une population homogène et une forte cohésion sociale. Une grande famille. L'arrivée d'immigrés venus de pays où les rapports de confiance ne sont pas la règle a suscité la peur qu'ils abusent de notre système social très généreux, auquel les Danois sont viscéralement attachés. -    Malene Rydahl Challenges 29 Janvier 2015

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La bourgeoisie intellectuelle de gauche méprise les victimes de la mondialisation

La bourgeoisie intellectuelle de gauche ne répond aux souffrances des classes paupérisés que par les insultes : elle les traite d'arriérés, de racistes et leur explique qu'ils sont destinés à disparaître.

Elle les humilie en les maintenant dans l'assistance, en bloquant toute réforme de travail permettant de favoriser un retour à l'emploi. et en réclamant toujours plus de transferts sociaux, qui servent avant tout à faire prospérer leur nomenclatura.

Les classes moyennes paupérisées veulent retrouver la maîtrise de leur destin

Contrairement à ce que croît la gauche, ces classes moyennes paupérisées ne réclament pas d'avantage de transferts sociaux, une augmentation des minima de survie, mais des opportunités de carrière. Pas l'aumône, mais la dignité par le travail. "Les moyens de contrôler sa vie économique " comme l'écrivait le Prix Nobel d'économie 2013, Robert Schiller.  - Brice Couturier dans Le Point 1e Décembre 2016  - Brice Couturier dans Le Point 1e Décembre 2016  

Le retour des valeurs conservatrices

Au plus fort de la crise des subprimes, on a accordé bien du crédit et beaucoup d'heures d'antenne aux éternels prophètes de la fin du capitalisme .... La caste prêchi-prêcheuse nous a rebattu les oreilles durant des semaines des pauvretés intellectuelles de Nuit Debout. Mais lorsque cette bulle a éclaté, elle n'a produit que du vent. Pendant ce temps Fillon, lui, avait compris.

Les experts n'ont pas vu venir le phénomène (de la victoire du vote protestataire protectionniste) parce qu'à leurs yeux, un pauvre, ça vote à gauche/ S'il ne le fait pas c'est qu'il est aliéné. - Brice Couturier dans Le Point 1e Décembre 2016  

Dans la réalité, loin d'être "aliénées" et stupides, les classes populaires et les classes moyennes paupérisées ont tout à fait consciente de payer la facture de la mondialisation et du mépris de la bourgeoisie intellectuelle de gauche, qui a abandonné le peuple, pour se mettre au service d'une économie mondialisée dominée par la grande finance internationale.

Albert Thibaudet estimait qu'à partir des années 1830 la vie politique de notre pays avait suivi un "mouvement sinistrogyre". Le parti du mouvement (la gauche, sinistra en italien) l'emportait, à chaque moment du cours de l'histoire sur le parti de l'ordre ou de la "résistance". Tout semble indiquer que les grandes démocraties sont engagées depuis quelque-temps dans un mouvement dextrogyre (destra, droite en italien). - Brice Couturier dans Le Point 1e Décembre 2016  

Comme l'extrême gauche, l'extrême droite mobilise sur la culture du ressentiment et le désir de revanche sociale. Mais sous l'égide de Marine Le Pen, il a su élargir considérablement son audience, en devenant un nouveau Front Populaire, dernier bastion de la résistance nationale pour défendre les valeurs de République Française, telles que la citoyenneté, la laïcité, la liberté des femmes, face à l'alliance du facisme Rouge-Brun, où l'extrême gauche totalitaire pactise

Les valeurs républicaines sont devenues des forces de résistance

Les valeurs républicaines de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité, qui étaient des valeurs de "progrès" en XIXe siècle, sont au XXIe siècle entrées en résistance face aux attaques des communautaristes, de l'extrême gauche totalitaire et des libertaires.

Les communautaristes veulent soumettre la liberté de l'individu à son groupe d'appartenance religieuse et ethnique, soumettre les femmes à la violence des hommes, remplacer les lois laïques par les lois religieuses, faire éclater la cohésion nationale pour exacerber les conflits entre communautés.

L'extrême gauche totalitaire, qui n'a aucune audience dans les classes populaires, pactise avec les communautaristes les plus rétrogrades, les considérant comme "la nouvelle avant garde de la révolution mondiale contre la domination de l'Occident", alors que les communautaristes méprisent leur discours sur le féminisme, la théorie du genre, les gays, lesbiennes et transgenres.

Les libertaires veulent mettre leur intérêt individuel avant la solidarité nationale, pour imposer une société très inégalitaire où des individus hyper-individualistes et procéduriers s'affrontent les uns les autres. Extrêmement matérialistes et le plus souvent incultes, les libertaires ont une grande tolérance pour les communautaristes et l'extrême gauche totalitaire, alors que ceux-ci les voient comme des individus irrécupérables.

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