Friedrich Hayek (1899-1992)
Autrichien naturalisé Britannique
Ecole de Vienne
La route de la servitude
Dans "La route de la servitude" , publié en 1944, Friedrich Hayek dénonce les politiques économiques dirigistes comme le cheval de Troie du totalitarisme. Cette ouvrage polémique contre le courant dominant néo-keynésien d'après guerre marginalisera Friedrich Hayek pendant toutes les "30 glorieuses".
La mise en échec des politiques néo-keynésiennes lors du premier choc pétrolier réhabilite la pensée de Friedrich Hayek, qui reçoit le Prix Nobel d'Economie en 1974.
I - Biographie Friedrich von Hayek
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8 Mai 1899 : Naissance de Friedrich August von Hayek à Vienne, sous l'Empire austro-hongrois dans une famille d'intellectuels :
- Son père, August von Hayek, médecin et professeur de botanique à Vienne, a écrit un ouvrage de botanique réputé
- Par sa mère, née Felicitas von Juraschek, Friedrich von Hayek est cousin de Ludwig Wittgenstein.
1917 : Enrôlé dans l'armée Austro-Hongroise à 18 ans
Formation
Il fait des études de droit et de sciences politiques à l'université de Vienne
- 1921: Doctorat en droit
- 1923 : Doctorat en sciences politiques.
Touchant à nombre de domaines de la connaissance, il étudie également la psychologie et l'économie. Il considérait en effet qu'un bon économiste devait s'intéresser à tous les champs de la connaissance.
Initialement proche des idées socialistes et notamment des Fabiens, il se rapproche des idées libérales après avoir suivi un séminaire privé de Ludwig von Mises avec, entre autres, Fritz Machlup. Il a reçu l'enseignement de Friedrich von Wieser avant de rencontrer Ludwig von Mises et de lire sous sa direction les ouvrages de Carl Menger et Eugen von Böhm-Bawerk.
Etudiant à l'Université de New-York
1923 à 1924, Hayek est l'assistant du professeur Jeremiah W. Jenks de l'université de New York. Durant son séjour à New York, au cours duquel il commence sous la direction de James D. Magee une troisième thèse — qu'il laisse inachevée — intitulée « Est-ce que la fonction de la monnaie est compatible avec une stabilisation artificielle du pouvoir d'achat ? ».
Etudiant à l'Université de Columbia
Il suit aussi des cours à l'université Columbia et à la New School for Social Research. Grâce à des lettres de recommandation de Joseph Schumpeter, il rencontre Irving Fisher et des institutionnalistes américains tels que John Bates Clark et Wesley Clair Mitchell.
Institut de recherche économique
De retour en Autriche, il travaille pour le gouvernement autrichien, l'aidant à résoudre les questions économiques afférentes au traité qui met fin à la Première Guerre mondiale.
1927 : Hayek fonde avec Ludwig von Mises l'Institut autrichien de recherche économique, qu'il dirige.
Université de vienne
1929 - 1931 : Privatdoznt à l'université de Vienne
Professeur à la London School of Economics
1931 :Prices and Production lui apporte une première notoriété
L'économiste Lionel Robbins invite Friedrich Hayek pour une série de quatre conférences à la London School of Economics (LSE), où il est ensuite nommé professeur.
Cet établissement compte alors dans son corps professoral des hommes qui auront une forte influence sur l'Angleterre de l'après-guerre : William Beveridge (directeur jusqu'en 1937), Harold Laski, professeur de science politique qui devient de plus en plus proche du communisme, Hugh Dalton qui sera après guerre ministre des finances (chancelier de l'Échiquier) dans le gouvernement de Clement Attlee.
1938 : Naturalisé Britannique
Rompant avec l'Autriche annexée par les Allemands, il acquiert en 1938 la nationalité britannique. La même année, il participe au Colloque Walter Lippmann qui réunit à Paris de nombreux intellectuels libéraux, désireux de refonder le libéralisme. Sa réputation en tant qu'économiste grandit dans les années 1930 mais ses théories sont très mal reçues par les partisans de Keynes. Hayek regrettera d'ailleurs toute sa vie d'avoir décliné les invitations à contre-argumenter sur les politiques keynésiennes.
La Route de la Servitude
1944 : Friedrich Hayek publie son livre "La Route de la Servitude", dans lequel il s'oppose à l'idée dominante de l'époque en faveur d'une socialisation de l'économie et d'une intervention massive de l'Etat. Pour Hayek, ce sont ces idées socialistes qui ont conduit aux régimes totalitaires du national-socialisme et du communisme soviétique.
Dans ce livre Hayek combat aussi les idées de Beatrice et de Sidney Webb, deux des fondateurs de la London School of Economics, de Harold Laski et de Edward Hallett Carr.
La "Route de la Servitude" est un succès commercial auprès du grand public, mais il provoque un rejet dans le monde universitaire où le néo-keynésianisme est le courant dominant..
Avril 1947 : il cofonde la Société du Mont-Pèlerin, association internationale d'intellectuels désireux de promouvoir le libéralisme. Il en est président de 1947 à 1961 et y reste très influent jusqu'à sa mort.
1950 : Friedrich Hayek quitte la London School of Economics pour rejoindre l'Université de Chicago.
Professeur à l'Université de Chicago
1950 : Refusé au département d'économie, il enseigne les « social thoughts » (littéralement, les pensées sociales). Sa position n'est pas rémunérée mais il est financé par des mécènes, dont le Liberty Fund. S'il y côtoie des économistes comme Milton Friedman, ses centres d'intérêts sont plutôt tournés vers la psychologie et la philosophie politique.
1960 : Publication de Constitution de la liberté
Professeur à l'Université de Fribourg-en-Brisgau
De 1962 à 1968, il est professeur à l'université de Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne Fédérale
Professeur à l'Université de Salzbourg
1969-1977 :Il enseigne à l'Université de Salzbourg
Prix Nobel 1974
En 1974, il partage le « prix Nobel d'économie » avec Gunnar Myrdal, un rival idéologique, pour « ses travaux pionniers dans la théorie de la monnaie et des fluctuations économiques et pour son analyse pénétrante de l'interdépendance des phénomènes économiques, sociaux et institutionnels », des travaux menés principalement dans les années 1930.
Le comité salue une réflexion profonde et originale qui contribua peut-être à faire de lui un des rares économistes à alerter de la possibilité d'une crise économique majeure avant le krach d'automne 1929 : pour le comité Nobel, Hayek a montré comment l'expansion monétaire, accompagnée d'un crédit excédant le taux d'épargne volontaire, pouvait mener à une mauvaise allocation des ressources, affectant particulièrement la structure du capital.
Cette récompense entraîne un regain d'intérêt pour l'école autrichienne d'économie.
Eté 1975 : Quelques mois après son accession à la tête du Parti Conservateur, invitée à mener une conférence sur le centrisme, Margaret Thatcher sort un livre de son sac qu'elle claque sur la table en lâchant "Voilà ce en quoi nous croyons". L'ouvrage était Constitution de la liberté de Friedrich Hayek (source : 3 minutes pour comprendre les 50 plus grandes théories économiques - page 19 - Ed. Le Courrier du Livre - 2014)
En 1984, il fut le premier récipiendaire du Prix Hanns Martin Schlayer (en) et a été nommé membre de l'Ordre des compagnons d'honneur par la reine Élisabeth II pour « ses services à l'étude des sciences économiques »
1991 : Le président américain George H. W. Bushl lui remet la médaille présidentielle de la Liberté en 1991.
23 mars 1992 : Mort à Fribourg-en-Brisgau,
En 2011, son article "L'utilisation de la connaissance dans la société" a été sélectionné comme l'un des vingt meilleurs articles publiés dans l'American Economic Review durant ses cent premières années.
Il est considéré comme un théoricien social ainsi qu'un penseur politique majeur du XXe siècle, et son compte rendu sur la manière dont le changement des prix communique des informations aux individus les aidant à coordonner leurs plans est largement considéré comme une réalisation importante en économie, conduisant à son prix Nobel6,7. Hayek a servi durant la Première Guerre mondiale et déclara que son expérience dans la guerre et son désir d'aider à éviter de nouveau les erreurs qui ont conduit à ce conflit l'ont amené à étudier les sciences économiques. Il vécut en Autriche, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Allemagne, . I
II - Apports théoriques en économie de Friedrich Hayek
1931 : Prices and Production
1941 : The Pure Theory of Capital : La théorie de la conjoncture
Friedrich Hayek développe la théorie de l'Ecole Autrichienne de la conjoncture, fondée par Ludwig von Mises
Selon cette théorie, la politique monétaire expansionniste de la banque centrale crée un excès de crédit qui finit par financer de mauvais investissements. La production de biens de production augmente au détriment de la production de biens de consommation. Ceci finit par fausser le système de prix relatifs dans la structure de production. Les mauvais investissements poussent les prix à la hausses et plus on s'éloigne des secteurs soumis à concurrence, plus les prix sont faussés (il y a moins de concurrence sur le secteur des biens d'équipements que sur le secteur des biens de consommation).
1944 : La route de la servitude : les dangers de l'intervention de l'Etat en économie
Dans "The Road of Serdom", Friedrich Hayek considère que l'intervention de l'Etat conduit à une allocation de ressources moins efficace que le marché.
C'est dans ce livre qu'il explique que le salaire minimum met au chômage les travailleurs non qualifiés dont la productivité est inférieure à ce salaire minimal.
1948 : Individualism and Economic Order
Un planificateur n'a pas accès à toute l'information et ne maîtrise pas les mutations du système économique. La planification est donc incapable de déterminer une allocation optimale des ressources pour satisfaire les besoins économiques. Seul le marché permet aux agents économiques de s'adapter continuellement à un environnement en perpétuelle mutation.
Critique du keynésianisme
Incarnant la tradition franco-autrichienne (de Charles Coquelin à Ludwig von Mises, lequel l'y avait initié à partir de 1927) qui attribue les crises économiques et financières aux investissements mal dirigés par une politique d'excès de crédit, il rejette les explications de la conjoncture — qu'il juge ignorantes et superficielles — avancées par son ami et adversaire John Maynard Keynes qu'il décrit en 1976 comme un « homme de grande intelligence mais aux connaissances limitées en théorie économique ».
Il regrettera de ne pas avoir, le jugeant inconstant et opportuniste, écrit à temps contre sa Théorie générale la réfutation qu'elle appelait. Par la suite, néanmoins, il se fera un jeu de montrer comment les politiques keynésiennes de relance économique, fondées sur l'utilisation du budget public, produisent sur le long terme à la fois inflation, stagnation économique et chômage (telle la stagflation des années 1970 en Angleterre et ailleurs), combinaison que la « macroéconomie » keynésienne excluait par hypothèse. Comme son mentor Mises, Hayek aura toujours rejeté la méthode macroéconomique de construction de « modèles » fondés sur des corrélations entre des agrégats, voyant dans les phénomènes conjoncturels un désordre de l'ensemble du système de prix, et jugeant entre autres que la notion de « niveau général des prix » masquait l'essentiel des phénomènes pertinents.
Pour une vraie concurrence des monnaies
Paru en 1976 aux États-Unis, l'ouvrage Pour une vraie concurrence des monnaies est un appel au libre arbitre monétaire prônant l'abolition du monopole de la banque centrale. Publié en France en 2015 par les librairies PUF, ce livre est à cette dernière date d'actualité selon la BCE, puisqu'il s'agirait de la base théorique du Bitcoin (et de la technologie blockchain) où des milliers de monnaies privées sont en concurrence.