Paul Samuelson (1915-2009)

Américain

Synthèse néo-classique

Prix Nobel d'économie 1970

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Fondements micro-économiqes de la macro-économie

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I - Biographie Paul Samuelson

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15 Mai 1915 : Naissance de Paul Samuelson à Gary dans l'Indiana, dans une famille d'immigrés juifs polonais dont le père est pharmacien.

1923 : La famille de Paul Samuelson déménage à Chicago lorsqu'il a huit ans.

Formation

Université de Chicago

1935 : Bachelor of Arts (licence) de l'Université de Chicago

1935 : Master of Arts (maîtrise) de l'Université de Chicago

À l'université de Chicago, il fait la connaissance de ceux qui deviendront par la suite de grands noms de la discipline, notamment George Stigler, Milton Friedman, Allan Wallis...

Il quitte Chicago avant d'achever sa thèse, une bourse lui ayant été accordée par le Conseil de la recherche en sciences sociales qui le juge parmi les plus brillants de la promotion 1935. Cette bourse étant conditionnée au choix d'une université autre que celle où l'étudiant suit son premier cycle, Samuelson choisit l'université Harvard.

Université de Harvard

A Harvard, Paul Samuelson étudie auprès de Joseph Schumpeter, Wassily Leontief, Alvin Hansen, et surtout E.B. Wilson, physicien, pour qui il conçoit une estime considérable.

Il fait aussi la connaissance de quelques futures étoiles du monde scientifique : parmi les jeunes assistants et condisciples, on trouve John Kenneth Galbraith, Alan et Paul Sweezy, R. Aaron Gordon, Abram Bergson, Richard Musgrave, Shigeto Tsuru, Llyold Metzler, Robert Triffin, Richard Goodwin, James Tobin ......

La cohorte des savants qu'il côtoie à l'époque ne le laisse pas indifférent, et il écrira quelques années plus tard : « Si Harvard nous a formés, c'est nous qui avons fait Harvard. »

Thèse de Doctorat : Foundation of economics analysis

1937 : A 22 ans, il écrit l'essentiel de son futur ouvrage Foundations of economic analysis dans le cadre de sa thèse, avec l'aide d'une jeune étudiante en sciences sociales, Marion Graford, qui deviendra sa femme.

Sa thèse lui vaut le prix David A. Wells de l'université

1939 : L'une de ses premières publications est l'article "Interaction between the multiplier analysis and the principle of acceleration", publié par The Review of Economic and Statistics, qui lui vaut une renommée internationale immédiate. Dans cet article d'exercice – sous la direction d'Aaron Hansen – il théorise l'oscillation de Samuelson pour décrire le cycle économique. Il obtient donc son Ph.D. à Harvard.

Professeur assistant à Harvard...pendant un mois

1940 : il devient professeur-assistant au département des sciences économiques et chef de travaux dans la section historique, administrative et économique de Harvard.

Professeur titulaire au MIT

Un mois plus tard, le Massachusetts Institute of Technology lui offre une chaire de professeur assistant titulaire. Harvard ne fait rien pour le retenir.

Après la Seconde Guerre mondiale, son ancien employeur essaiera au moins à deux reprises de le reprendre, mais sans succès : il déclinera l'offre. Alors professeur-émérite au Massachusetts Institute of Technology, Samuelson s'emploie à agrandir le département d'économie de cette institution.

1941 : Publication d'un article sur le fonctionnement du commerce international, dans lequel il développe le modèle GSO (Heckscher-Olin-Samuelson), qui explique que les économies ont intérêt à se développer en fonction de leur dotation plus ou moins importante en capital et en travail.  A l'époque les marchandises circulent, mais les entreprises restent nationales, avec peu de transferts de technologies de pointe entre les pays développés et les pays en développements.

Nommé expert auprès du National Ressources Planning Board

1944 : Devient professeur adjoint au MIT

1945 : Expert auprès du Département du Trésor Américian

1947 : Il publie sa thèse dans le manuel "Les fondements de l'analyse économique", qui fait la synthèse néoclassique entre les enseignements des classiques en économie (Adam Smith, David Ricardo) et les théories de John Meynard Keynes en macroéconomie. Dans ce manuel il accorde une place majeure aux mathématiques et s'inspire de la physique pour expliquer les phénomènes économiques.

Dans ce livre, il dénonce les incohérences et les approximations du discours économique classique et prône l'utilisation des mathématiques pour mieux comprendre les phénomènes économiques. Il y explique comment on peut déduire des « lois » à partir des comportements individuels, et ceci dans une perspective d'équilibre général, et y formule mathématiquement la théorie du « tâtonnement walrassien »

Médaille John Bates Clark, attribuée par l’American Economic Association à l'économiste de moins de quarante ans censé avoir le plus contribué aux progrès de la pensée économique.

1948 : Paul Samuelson publie son second ouvrage, L'Économique.

Ce livre demeure le manuel d'économie le plus vendu à ce jour ; il a servi de manuel de référence à des générations d'étudiants. Son ancien condisciple, George Stigler déclarera : « Le professeur Samuelson avait atteint la gloire ; il cherche maintenant la fortune ». Et le livre rapportera des millions de dollars à la famille Samuelson.

L'université de Chicago souhaite l'employer. Theodore Schultz, alors président du département de la science économique de ladite université, lui écrit : « Nous aurons ainsi deux têtes, deux pensées, d'obédience philosophique différente – la vôtre et celle de Milton Friedman – et cela sera fécond ». Il y réfléchit, puis décline l'offre sous prétexte que le changement, la polarisation (qui le rendrait extrémiste) et l'inévitable polémique seraient une perte de temps.

1951 : Président de l'Econometric Society

1960 : Expert auprès du Comité des conseillers économiques

Dans un article consacré à la politique anti-inflationniste, Paul Samuelson et Robert Solow explique que la courbe de Philips qui établissait une relation négative entre inflation et chômage, est en fait une relation négative entre le taux de croissance des salaires et le taux d'inflation.

Paul Samuelson conseiller économique des présidents Kennedy et Lyndon johnson

Il est considéré comme l'un des initiateurs de la politique économique de mix poliy, ou fine tuning, menée dans les années 60, alternant l'outil budgétaire et l'outil monétaire (modèle IS / LM)

Son influence sur la science économique est aussi pédagogique et il a contribué directement ou indirectement à la formation de jeunes étudiants, devenus depuis des économistes de renom comme Hernando de Soto, Edmund Phelps, Joseph Stiglitz, Robert Mundell, Jagdish Bhagwati.

1961 : Il est élu président de l’International Economic Association.

1966 : Devient Institute pofessor, le grade le plus élevé au MIT

1970 : Prix Nobel d'économie pour ses travaux sur la théorie de l'équilibre général et partiel. « Pour le travail scientifique par lequel il a développé la théorie économique statique et dynamique et a contribué à élever le niveau d'analyse dans la science économique. »

Il est le troisième lauréat de ce prix après le premier prix attribué conjointement en 1969, et le premier Américain.

1996 : La National Medal of Science lui est décerné pour ses "contributons exceptionnelles à la science économique".

Au soir de sa vie, Paul Samuelson remet en question le modèle HSO : les pays émergents bénéficient de transferts rapides des technologies occidentales tout en conservant leurs bas salaires, ce qui détruit l'industrie des pays occidentaux et fait baisser les salaires ouvriers

2004 : Dans un article remet en question la croyance dans les bienfaits automatiques du commerce international en posant l'hypothèse que les États-Unis pourraient être à long terme perdants lors du commerce avec la République populaire de Chine. Il y développe ce qu'il appelle « l'acte II » dans un modèle appliqué aux relations entre la Chine et les États-Unis. La Chine profitant à la fois de transferts technologiques et du phénomène d'imitation remonterait les filières : sa spécialisation équivaudrait, voire dépasserait la spécialisation américaine (on retrouve peu ou prou le modèle de rattrapage économique que décrivait Alexander Gerschenkron).

13 Décembre 2009 : Disparition de Paul Samuelson à Belmont, dans la Massachusetts.

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II - Apports à la science économique

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Approfondissement des enseignements des classiques en micro-économie

Reprenant les travaux de John Hicks, Paul Samuelson décrit les comportements des agents économiques sur les marchés à l'aide de formules mathématiques. Les agents économiques cherchent à obtenir le meilleur prix possible leur permettant de maximiser leur profit ou leur bien-être. Pour cela, ils procèdent par tâtonnements, selon le processus décrit par Léon Walras. Pour Paul Samuelson, comme pour les classiques, les marchés convergent vers l'équilibre.

Approfondissement des enseignements de Keynes en macro-économie

Paul Samuelson théorise le recours à une politique budgétaire plus active en approfondissant l'analyse de l'effet multiplicateur keynésien (les dépenses publiques ont un effet multiplicateur sur le taux de croissance), en prenant en compte l'accélérateur d'Aftalion-Clack (dans une économie de marché, les fluctuations de l'investissement accentuent les fluctuations globales et expliquent les cycles d'activité de court et moyen termes).

Les cycles économiques : "l'oscillateur de Samuelson"

Le modèle de l'oscilateur de Samuelson montre que le multiplicateur keynésien et l'accélérateur d'Aftalion-Clark sont capables de créer un mouvement cyclique. Ce modèle repose sur 3 équations :

Paul Samuelson démontre que l'interaction du multiplicateur keynésien et de l'accélérateur d'Aftalion-Clark peut engendrer des cycles (ou « oscillations »), dont l'origine est endogène, du fait de problèmes de comportement et de coordination.

La spécialisation du commerce international : le théorème "HOS"

Le modèle de Eli Heckscher, Bertil Ohlin et Paul Samuelson (HOS) considère que la spécialisation internationale repose sur 3 facteurs de production : travail, capital, ressources naturelles.

Les dotations relatives en facteurs de production déterminent la structure des échanges.

Samuelson démontre qu'à long terme, les rémunérations des différents facteurs de production tendent à s'égaliser au sein de l'ensemble des pays participant à l'échange international (hausse des salaires en Chine, hausse du prix des ressources naturelles non renouvelables lorsqu'elles commencent à s'épuiser, hausse du coût du capital lorsqu'il y a sur-investissement ....).

Les choix de politique économique se réduisent à un arbitrage entre inflation et chômage

La courbe de Phillips taux de chômage / taux de croissance des salaire

En 1958, l'économiste Néo-Zélandais A. W. Phillips constate une relation inverse entre le taux de chômage  et l'évolution des salaires nominaux au Royaume-Uni sur la période 1861 - 1957. Sur le marché du travail, le prix des salaires évolu en fonction de l'offre et de la demande.

La courbe Samuelson - Solow taux de chômage / taux d'inflation

En 1960, dans un article consacré à la politique anti-inflationniste, Paul Samuelson et Robert Solow reprennent la courbe de Phillips taux de chômage / taux de croissance des salaires pour lui substituer une courbe taux de chômage / taux d'inflation.

"Le cruel marchandage" entre inflation et chômage

En période de plein emploi, la hausse des salaires devient supérieure à celle de la productivité. Les entreprises chercheront à augmenter leurs prix pour compenser cette inflation salariale.

En période de chômage élevé, la hausse des salaires devient inférieure à celle de la productivité. Les entreprises n'ont plus besoin d'augmenter leurs prix.

En conclusion, les choix de politiques économique se réduisent entre un arbitrage entre la recherche du plein emploi inflationniste et la lutte contre l'inflation incompatible avec le plein-emploi.

Cette analyse sera vivement critiquée par Milton Friedman et l'Ecole monétariste dans les années 60, pour qui « L'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu'elle est et qu'elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production. » (Milton Friedman, The Counter-Revolution in Monetary Theory).

Modèle des générations imbriqués : Revenus du travail des actifs et épargne des retraités

En 1958, Paul Samuelson est à l'origine, avec Maurice Allais en 1947 et ensuite Peter Diamond en 1965, des modèles à générations imbriquées qui ont trouvé de nombreuses applications en macroéconomie (croissance, retraites, migrations, environnement) et plus récemment en théorie monétaire (inflation, seigneuriage et dette publique).

Thermodynamique et économie

Samuelson est l’un des pionniers économistes à généraliser, dans un cadre économique, l’usage des modèles mathématiques mis en place pour l’analyse thermodynamique. Ainsi, il a fait passer l’économique de « discipline principalement littéraire en un domaine du savoir hautement mathématique, formalisé et axiomatisé ». À l’université Harvard, il est le protégé du polymathe Edwin Bidwell Wilson qui avait étudié avec Willard Gibbs, l’un des fondateurs de l’analyse vectorielle et, par ailleurs, mentor de l’économiste américain Irving Fisher, également influencé par ses idées sur l’équilibre d’un système économique.

Le maître-ouvrage de Samuelson, Foundations of Economic Analysis, publié en 1947 et tiré de sa thèse, est fondé sur la thermodynamique chimique de Willard Gibbs, et plus spécifiquement sur sa publication datant de 1876, Équilibre des substances hétérogènes. Se fondant sur le principe de Le Chatelier, un principe que Samuelson découvre lors d’une conférence de Wilson, il établit la méthode des statistiques comparatives en économie. Cette méthode permet d’expliquer le changement de l’équilibre d’un système sous contrainte de maximalisation lorsque l’une des variables est marginalement resserrée ou relâchée. Ce faisant, il utilise le principe de Henri Louis le Chatelier, l’un des tout premiers à traduire Gibbs en français (1899).

Publications

1939 : Interaction Between the Multiplier Analysis and the Principle of Acceleration, The Review of Economics and Statistics, vol 21, no 2, pages 75–78.

1947 : Foundations of Economics Analysis, traduction française sous le titre Les Fondements de l'analyse économique, Paris, Dunod et Gauthier-Villars, 1971 édition enrichie parue en 1983. Foundations of Economic Analysis, Harvard University Press

1948 : Economics: an Introductory Analysis, (nombreuses rééditions),
traduction française sous le titre L'Économique, Paris, Armand Colin, 1983, puis, en collaboration avec William D. Nordhaus sous le titre Économie, Paris, Economica, 2000.

1952. "Economic Theory and Mathematics — An Appraisal," American Economic Review, 42(2), pp. 56-66 [archive] (press +).

1952 : Readings in Economics

1953 : Balanced Growth Under Constant Returns to Scale (avec Robert Solow), Econometrica

1954. Paul A. Samuelson (1954). "The Pure Theory of Public Expenditure". Review of Economics and Statistics (The MIT Press) 36 (4): 387–389. doi:10.2307/1925895

1958. Linear Programming and Economic Analysis with Robert Dorfman and Robert M. Solow, McGraw–Hill

1965 :"Proof That Properly Anticipated Prices Fluctuate Randomly"; Industrial Managment Review, 6 (2): 41

1966 : The Pasinetti Paradox in Neoclassical and More General Models (avec F. Modigliani), The Review of Economic Studies

1966-86. The Collected Scientific Papers of Paul A. Samuelson, MIT Press. Article-preview links below by scrolling to CONTENTS.

1966. Volume I 1937–mid-1964.Previews. [archive]

1966. Volume II 1937–mid-1964. Previews. [archive]

1972. Volume III mid-1964–1970. Previews. [archive]

1977. Volume IV 1971–76. Table of Contents via Volume V, pp. 1023-1028 [archive] (preview links there inaccurate).

1986. Volume V 1977–1985. Previews. [archive]
En préparation, Volumes VI and VII 1986–2009.

2007. Inside the Economist's Mind: Conversations with Eminent Economists with William A. Barnett, Blackwell Publishing, (ISBN 1-4051-5917-0)

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