Adam Smith (1723 - 1790)
Ecossais
Ecole classique
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"Au milieu de toutes les exactions du gouvernement, le capital s'est silencieusement et graduellement accumulé grâce à la frugalité privée et à la bonne conduite des particuliers, par l'effort universel, continuel et ininterrompu qu'ils ont fourni pour améliorer leur condition." - Adam Smih
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Adam Smith est un économiste et philosophe écossais, auteur en 1776 des "Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations", texte fondateur du libéralisme économique.
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I - Filiation de la pensée d'Adam Smith
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Les Physiocrates initient Adam Smith à l'économie politique
François Quesnay (1694-1774) | Turgot (1727-1781) |
Tableau de l'Economie |
Libéralisation du marché des grains Les rendements décroissants |
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Adam Smith (1723-1790 La division du travail Les avantages absolus Valeur d'usage et valeur d'échange L'épargne finance l'investissement L'accumulation du capital alimente la croissance La main invisible |
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Les disciples d'Adam Smith
Thomas Robert Malthus (1766-1834) : la demande solvable
Jean Baptiste Say (1767-1832) : la loi des débouchés
David Ricardo (1772-1823) : Les avantages comparatifs
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La critique Marxiste
Karl Marx (1818-1883)
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Les héritiers : Ecole Néo-classique
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II - Biographie
5 juin 1723 : Naissance d'Adam Smith à Kirkcaldy, en Ecosse. Il est le fils posthume d'un douanier écossais, qui décède 5 mois avant sa naissance, laissant une jeune veuve de 17 ans.
Doté d'un ^hysique ngrat et d'un bégiement prononcé, le jeune Adam Smith est un élève doué.
Formation
1737 : Adam Smith entre à 14 ans au Collège de Glasgow , où il est l'élève de Francis Hutcheson.
Sa mère le voyait pasteur. mais la fréquentation des philosophes écossais l'a détourné de cette voie.
1740 : Adam Smith entre à 17 ans à l'Université de Oxford, où il étudie la philosophie et la littérature.
Philosophe plutôt que pasteur
Ayant obtenu une bourse, destinée en partie à former le clergé anglican écossais, Adam Smith entre à l’université d’Oxford. Il constate les lacunes de l'enseignement religieux et écrira plus tard dans son livre la "Richesse des Nations" : « Il y a plusieurs années qu'à l'université d'Oxford la plus grande partie des professeurs publics ont abandonné totalement jusqu'à l'apparence même d'enseigner". Il sera même menacé d’expulsion de l’université lorsqu’on découvre dans sa chambre le Traité de la nature humaine du philosophe David Hume, lecture jugée inconvenante à l’époque.
1750 : Adam Smith devient l'ami de David Hume et participe à des cercles intellectuels.
Adam Smith Universitaire
1751 : Choisissant une carrière universitaire, Smith est nommé professeur de logique à l’université de Glasgow.
Il devient ensuite titulaire de la chaire de philosophie morale. Il enseigne également l'économie politique.
1759 : Publication de la The théorie of moral sentiments (théorie des sentiments moraux), un recueil de ses cours œuvre de philosophie qui le fait connaître en Grande-Bretagne et même en Allemagne et en France.
Dans ce livre, qu'il considère comme son oeuvre majeure, Adam Smith tente d'expliquer comment la nature humaine génère le comportement social et rend nécessaire la création d'institutions communes. Il énonce les causes de l'immédiateté et de l'universalité des jugements moraux. Smith considère que l’individu peut partager les sentiments d'autrui par un mécanisme de sympathie (l'empathie). L'individu peut prendre du recul, même par rapport à lui-même, comme le ferait un hypothétique spectateur impartial avec lequel nous serions en permanence en situation de sympathie. C'est à partir de ce point de vue du spectateur impartial qu'il faut construire les règles qui permettent de gérer au mieux les comportements collectifs dans une société. On discute vite des thèses de ce livre un peu partout, et plus particulièrement en Allemagne.
Selon Diatkine, dans "la Richesse des nations" Adam Smith aurait substitué dans le domaine économique cette notion de spectateur impartial par "la main invisible", ou du moins que le marché oblige les acteurs économiques à tenir compte les uns des autres.
1762 : L'université de Glasgow lui décerne le titre de Doctor of Laws
1764 : A la demande de Charles Townshend, homme politique important, Adam Smith accompagne en tant que précepteur le jeune Duc de Buccleuch, dans son "Grand Tour" en Europe, afin de lui faire rencontrer les grands esprits de l'époque..
Dans le sud de la France Adam Smith reste 8 mois à Toulouse, puis quelques semaines à Montpellier. A Genève, il rencontre Voltaire dans son château de Ferney.
Adam Smith économiste
Hiver 1765 : Il remonte à Paris, où il retrouve son ami David Hume et fait plus de mondanités pendant ces quelques mois qu'il en fera jamais dans toute sa vie.
Il participe à tous les salons littéraires en vue. Parle économie avec les physiocrates François Quesnay, Mirabeau et Turgot. Il confronte ses idées philosophiques avec les encyclopédistes d'Alembert et Helvétius.
Quesnay avait fondé l'école physiocratique, en rupture avec les idées mercantilistes du temps. Les physiocrates prônent que l’économie doit être régie par un ordre naturel : par le laissez-faire et le laissez-passer. Ils affirment que la richesse ne vient pas des métaux précieux, mais toujours du seul travail de la terre et que cette richesse extraite des sols circule ensuite parmi différentes classes stériles (les commerçants, les nobles, les industriels). Adam Smith est intéressé par les idées libérales des physiocrates, mais ne comprend pas le culte qu’ils vouent à l’agriculture. Ayant vécu à Glasgow, il a conscience de l’importance économique de l’industrie.
Octobre 1766 : Le frère cadet du duc, qui les avait rejoint, est assassiné dans une rue de Paris.
Smith rentre à Londres, puis à Kirkcaldy chez sa mère, où il se consacre à son traité d’économie politique, An Inquary into the nature and the causes of the wealth of nations, qu'il mettra 10 ans à écrire.
A Londres, Adam Smith rencontre Benjamin Franklin et prédit, 50 ans avant Napoléon, que les colonies américaines sont une nation qui « deviendra très probablement la plus grande et la plus formidable qui soit jamais au monde ».
Adam Smith rencontre au sein de la Lunar Society une génération d'entrepreneurs anglais et écossais dont les inventions vont provoquer dans le dernier quart du siècle une vague de confiance dans la croissance économique et la capacité des entreprises à innover.
1776 : Adam Smith publie son traité d’économie qu’il intitule Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (An Inquiry into the nature and the causes of the wealth of nations), titre souvent abrégé en Richesse des nations.
1778 : Smith devient commissaire aux douanes à Édimbourg, ce qui lui assure une retraite confortable. Il passe les douze dernières années de sa vie en célibataire, vivant avec sa mère (jusqu’à la mort de celle-ci à quatre-vingt-dix ans).
1786 : Le Traité d'Eden instaure un certain libre-échange entre le Royaume-ni et la France. Déséquilibré car accordant plus d'avantages à l'Angleterre industrielle qu'à la France, réduite à exporter des produits primaires, il sera remis en cause par la Révolution française et il faudra attendre 1860 pour qu'un traité de libre-échange soit signé entre la France et l'Angleterre.
1786-1789 : Recteur de l’université de Glasgow. Son œuvre est traduite en français, allemand, danois, italien et espagnol. Le premier ministre Pitt le Jeune lui déclare même un jour : « Nous sommes tous vos élèves. »
17 juillet 1790 : Smith meurt à l’âge de soixante-sept ans, dans une relative indifférence vu les troubles révolutionnaires qui agitent alors la France et menacent la campagne anglaise. Il est enterré simplement à Canongate,
III - Adam Smith, fondateur de l'école classique britannique
3.1 Les précurseurs du libéralisme politique.
1748 : Montesquieu écrivait dans De l'esprit des lois: « Il se trouve que chacun va au bien commun, croyant aller à ses intérêts particuliers. »
Le physiocrate Vincent de Gournay avait demandé aux gouvernants de « laisser faire les hommes » et de « laisser passer les marchandises », mais il ne s’agissait alors que de dénoncer le système des corporations et d’encourager la libre circulation des grains dans les provinces d’un unique royaume.
1759 : Turgot écrivait dans l'Éloge de Vincent de Gournay : « L’intérêt particulier abandonné à lui-même produira plus sûrement le bien général que les opérations du gouvernement, toujours fautives et nécessairement dirigées par une théorie vague et incertaine ».
On considère néanmoins que c’est Adam Smith qui, en faisant de l’initiative privée et égoïste le moteur de l’économie et le ciment de la société, achève d’énoncer le dogme libéral.
3.2 Rupture avec la pensée des Physiocrates
C'est au contact des Physiocrates français que Adam Smith s'est intéressé à l'économie politique, mais ses réflexions vont mener à une rupture dans l'histoire de la pensée économique.
Adam Smith rejette les thèses des Physiocrates pour qui la thésaurisation de métaux précieux, les épices et le travail de la terre sont les seules sources de richesses. Pour Smith, la richesse des nations est constituée des productions matérielles que l'on peut consommer. Cette production matérielle issue du travail découle de la division du travail et de la liberté économique.
Adam Smith reprend la vision de la monnaie proposée par Aristote dans l’Antiquité, selon laquelle l'or et la monnaie ne sont que de simples moyens de transactions, mais ne constituent pas la richesse réelle.
La richesse réelle d'une nation est constituée de tous les produits détenus au sein de cette nation.
Cette richesse, comment est-elle produite, et comment peut-on l’accroître ? En tentant de répondre à cette question, Smith propose une analyse de la croissance économique. Analysant l’économie de son temps, il distingue trois grandes causes de l’enrichissement de la nation :
- la division du travail
- La taille du marché
- L’accumulation du capital
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3.3 Une formidable synthèse de la pensée économique existante
Adam Smith n'est pas à proprement parler un théoricien de l'économie, dans la mesure où il n'est pas l'auteur d'une nouvelle théorie économique. "La richesse des nations" est une synthèse qui n'exprime pas d'idées nouvelles, mais qui organise dans un système cohérent, toutes les connaissances économiques déjà existantes autour d'un concept majeur : la richesse nationale, ses causes et les moyens de la développer. Pragmatique, Adam Smith confronte sans cesse ses analyses aux statistiques et les conforte par des exemples.
Dans la richesse des nations, Adam Smith développe 5 thèmes majeurs :
- La division du travail
- Le capital
- Le progrès et l'opulence
- Le marché et le commerce
- L'action de l'Etat
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3.4 La richesse nationale est le produit du travail des hommes, mis en oeuvre par le capital
Pour Adam Smith, la richesse nationale dépend de la quantité et de la qualité du travail, mis en oeuvre par le capital. Il pose ainsi les bases de la doctrine de la valeur travail, qui sera pleinement théorisée au siècle suivant par David Ricardo.
"Le travail annuel d'une nation est le fond primitif qui fournit à sa consommation annuelle toutes les choses nécessaires et commodes à la vie ; et ces choses sont toujours ou le produit immédiat de ce travail ou achetées des autres nations avec ce produit."
Remise en cause de la valeur d'utilité : le paradoxe du diamant et de l'eau
Avant Smith, les économistes définissaient la valeur des biens par leur utilité. Par le paradoxe du diamant et de l'eau, Adam Smith démontre qu'un bien peut avoir une forte utilité et aucune valeur (l'eau) ou inversement une forte valeur mais aucune utilité vitale (le diamant).
« Il n'y a rien de plus utile que l'eau, mais elle ne peut presque rien acheter ; à peine y a-t-il moyen de rien avoir en échange. Un diamant, au contraire, n'a presque aucune valeur quant à l'usage, mais on trouvera fréquemment à l'échanger contre une très grande quantité d'autres marchandises. »
Pour se procurer l'eau, il suffit d'aller à la fontaine publique, ce qui demande peu de travail et relève de la fonction domestique qui ne relève pas du marché.
Par contre, le diamant du fait de sa rareté demande un très grand travail pour être découvert. Adam Smith en conclut que la valeur des choses dépend de la quantité de travail qui a été nécessaire pour les produire.
Valeur d'usage et valeur d'échange
Pour expliquer ce paradoxe, Adam Smith distingue la valeur d'usage (liée à l'utilité) de la valeur d'échange ( qui repose sur la capacité de son détenteur à se procurer d'autres biens sur le marché).
La monnaie n'a aucune valeur d'usage, mais c'est la valeur d'échange par excellence. Le diamant à lui aussi une forte valeur d'échange, alors qu'il n'a aucune valeur d'usage pour satisfaire les besoins vitaux.
L'eau a une forte valeur d'usage, mas n'a aucune valeur d'échange.
Le travail est la source de toute création de richesse
L'accroissement de la richesse est entièrement due à l'action conjointe du travail humain et du capital (bâtiments, machines, outils, etc.) Ce capital est lui-même entièrement produit par le travail.
Travail "incorporé" : le coût de production
La théorie du travail incorporé explique que la valeur d'une marchandise est déterminée par la quantité de travail nécessaire pour la fabriquer.
La division du travail permet d'augmenter la productivité et de faire baisser le coût de production.
"Travail commandé » : le travail s'échange contre du travail
La théorie du "travail commandé" établit que la valeur d'une marchandise est fonction de la quantité de travail que sa vente permet d'acheter.
La valeur "travail commandé" dépend des différences de salaires entre les différents secteurs d'activité, qui mesure la différence de la quantité et de la qualité du travail.
Ricardo fera remarquer que si le la valeur "travail commandé" du blé se mesure par la quantité de travail qu'il peut acheter, il se mesure en fait par lui-même puisque le coût du travail dépend du cours du blé. Cette notion de valeur "travail commandé" fut donc abandonnée par l'école classique au profit de la valeur "travail incorporé".
Le prix de production
Prix = rémunération du travail + rémunération du capital + rente du propriétaire foncier + coût des matières premières |
3.5 Les 3 classes sociales : salariés, entrepreneurs et propriétaires fonciers
La société est divisée en 3 classes sociales
- Les salariés qui ne disposent que de leur force de travail
- L'entrepreneur qui apporte son épargne en capital
- Le propriétaire foncier
Pour Adam Smith, les propriétaires fonciers aristocratiques maintiennent leurs positons dominantes, car la quantité de terres est limitée, alors qu'il y a toujours des fermiers qui cherchent à louer une terre pour en tirer un revenu. (voire critique 2.4)
3.6 L'accumulation du capital privé est le moteur de la croissance de l'économie
L'épargne finance l'accumulation du capital.
Le capital est investi dans des machines qui permettent une nouvelle division du travail et une nouvelle hausse de la productivité.
"Au milieu de toutes les exactions du gouvernement, le capital s'est silencieusement et graduellment accumulé grâce à la frugalité privée et à la bonne conduite du particulier, par l'effort universel, continuel et ininterrompu qu'ils ont fourni pour améliorer leur condition."
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3.7 Le marché du travail régule les salaires
Le travail est une marchandise comme une autre, dont le prix est régulé par l'ajustement de la demande des entrepreneurs à l'offre des salariés.
C'est donc la flexibilité des salaires qui permet l'ajustement du marché du travail, mais aussi celui de tous les biens (le nombre de salariés s'ajuste au volume des ventes et les salaires s'ajustent aux prix de vente).
Selon cette approche purement économique le salaire peut tomber en dessous du minimum vital si cela est nécessaire pour trouver un équilibre entre l'offre et la demande de travail.
3.8 "L'opulence naît de la division du travail"
A Paris, Adam Smith rencontre d'Alembert et les encyclopédistes. A leur contact il découvre la division du travail à travers la fabrication des épingles. Sa description des 18 opérations qui aboutissent à la production d'une épingle est un texte fondateur de l'histoire économique.
Il constate que "l'opulence naît de la division du travail". Seul, un travailleur produit une vingtaine d'épingles dans la journée. Mais, grâce à la division du travail, 10 ouvriers en produisent 4.800, soit un rendement multiplié par 24 !
3.9 La division du travail augmente avec la taille du marché
Plus les hommes sont nombreux, plus ils peuvent se diviser les tâches. Si le marché n’est pas assez grand, les volumes de production restent trop faibles pour justifier une division du travail entre plusieurs personnes.
Inversement, plus le marché est grand et plus les échanges s’accroissent, plus les hommes sont à même de se consacrer à une tâche particulière et d’espérer des autres la satisfaction de leurs autres besoins.
Selon Smith, une fois que le marché domestique a atteint une taille critique suffisante pour développer la division du travail, l'entrepreneur soucieux de la sûreté de ses investissements, privilégiera l'industrie nationale "à égalité de profit ou à peu près".
3.10 - La division du travail au niveau international : les avantages absolus du libre échange
Adam Smith recommande d'élargir la division du travail au niveau international, car elle aura les mêmes effets bénéfiques qu'au niveau national.
Si une première nation est meilleure dans la production d’un premier bien, tandis qu’une seconde est meilleure dans la production d’un second bien, alors chacune d’entre elles a intérêt à se spécialiser dans sa production de prédilection et à échanger les fruits de son travail.
3.11 L'explosion démographique régule la hausse des salaires
La hausse de la production augmente les besoins en main-d'oeuvre.
La hausse de la demande de main-d'oeuvre dans les usines provoque dans un premier temps la hausse des salaires.
La hausse des salaires contribue à faire baisser la mortalité des enfants dans les familles ouvrières.
La hausse de la population et l'exode rural contribuent à faire baisser les salaires, qui retombent à leur niveau antérieur du "salaire de subsistance".
Avec la baisse des salaires, les profits augmentent.
La hausse des profits relance l'accumulation du capital.
3.12 Baisse des taux de profits sur le long terme
Si l'explosion démographique régule les salaires, sur le long terme le trend du "salaire de subsistance" augmente, car une division du travail de plus en plus poussée permet une augmentation de la productivité plus rapide que celle de la population, ce qui permet une hausse du niveau de vie. Le "salaire du subsistance" de Smith est plus une notion sociologique (le salaire minimum augmente avec la productivité), que biologique (le minimum nécessaire pour la survie des familles ouvrières).
Si la hausse de la productivité permet de maintenir un équilibre entre salaires et profits, par contre Adam Smith considère que sur le long terme, la hausse des rentes foncières rend inévitable une baisse des taux de profits.
Adma Smith reprend la théorie des rendements agricoles décroissants de Turgot pour la développer.
La pression démographique exige une hausse de la production agricole et donc la mise en exploitation de nouvelles terres agricoles. Comme les terres agricoles sont limitées, le prix de la rente foncière augmente. Comme les rendements agricoles sur ces nouvelles terres moins fertiles baissent, le prix des produits agricoles augmentent.
Les salaires et les rentes foncières ne peuvent qu'augmenter, au détriment des profits.
La baise des profits entraîne une baisse de l'épargne, donc une baisse de l'accumulation du capital et de la croissance.
Cette baisse du profit peut être retardée par l'introduction de nouvelles branches d'activité et par l'exploitation de nouveaux territoires, mais cette fin est pour Smith inévitable.
3.13 Le marché permet l'allocation optimale des ressources
La "main invisible" transforme la multitude des intérêts particuliers en un intérêt général.
Dans son ouvrage "Histoire de l'Astronomie", Adam Smith écrit « La philosophie, en exposant les chaînes invisibles qui lient tous ces objets isolés, s’efforce de mettre l’ordre dans ce chaos d’apparences discordantes, d’apaiser le tumulte de l’imagination, et de lui rendre, en s’occupant des grandes révolutions de l’univers, ce calme et cette tranquillité qui lui plaisent et qui sont assortis à sa nature. "
Cette vision philosophique, où le chaos apparent forme un équilibre général, fera naître chez Adam Smith la formidable intuition que, dans un marché libre, la confrontation de la multitude des actes individuels aboutit à un équilibre qui satisfait tous les acteurs économiques.
"Les hommes "sont conduits par une main invisible à accomplir presque la même distribution des nécessités de la vie que celle qui aurait lieu si la terre avait été divisée en portions égales entre tous ses habitants"
"Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, l'homme travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société que s'il avait réellement pour but d'y travailler."
Un marché libre et concurrentiel assure un consensus social entre les entrepreneurs (les produits qu'ils mettent sur le marché), les consommateurs (les produits dont ils ont besoin) et le prix accepté par le plus grand nombre.
Le fonctionnement naturel des marchés assure équilibre, stabilité et prospérité.
Cette main invisible joue un rôle auto-régulateur sur les marchés, qui ajuste de façon équilibré aussi bien les prix, que les revenus et les quantités produites.
La réflexion d'Adam Smith s'appuie sur l'économie artisanale de son époque, où aucun acteur dominant ne pouvait encore fausser à son seul profit les règles du marché.
Pour Adam Smith, la "main invisible" crée un équilibre au sens "mécanique" du terme et non au sens "social", dans la mesure où il a conscience du déclassement social des artisans transformés en ouvriers par la spécialisation du travail.
Le libre jeu du marché réagit rapidement aux chocs sans nécessiter l'intervention de l'Etat pendant les périodes de crise.
La main invisible guide l'entrepreneur motivé par son propre intérêt
Dans "La fable des abeilles", publiée en 1705, le libertin hollandais Bernard Mandeville développe une vision satirique de la nature humaine, selon laquelle le vice contribue tout autant que l'altruisme, si ce n'est plusn au bien public.
Adam Smith reprend cette dée que les actes privés bénéficient à la collectivité, même s'il s'en défend, jugeant le raisonnement de Mandeville "entièrement pernicieux" dans sa "Théorie des sentiments moraux".
Les entreprises qui vendent des produits de mauvaise qualité, trop chers ou qui ne répondent pas à une réelle demande des consommateurs sont évincés du marché. De même le commerçant qui ne donne pas satisfaction à sa clientèle finit par être évincé par un concurrent plus compétent. C'est parce qu'il est motivé par son intérêt que l'entrepreneur soumis à la main invisible du marché cherche à satisfaire au mieux sa clientèle.
Pour Adam Smith c'est l'initiative privé de l'entrepreneur qui est à l'origine du progrès économique.
"Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais du soin qu'ils portent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité mais à leur égoïsme."
Pour la première fois depuis la fin de la civilisation Gréco-Romaine, les économistes philosophes de l'Ecole Classique renouent avec l'humanisme de l'antiquité, conscient des forces et faiblesses qui motivent l'être humain. Cette vision du monde qui repose sur l'observation des faits sans préjugés moraux est en totale rupture avec le manichéisme moral chrétien ou marxiste.
3.14 Rôle de l'Etat limité à ses fonctions régaliennes, l'éducation, les infrastructures et services publics non privatisables, arbitre des marchés.
Adam Smith est favorable a un Etat de droit fort, mais limité à 4 fonctions :
- Assurer la paix civile entre les citoyens (justice, police)
- Protéger le pays des menaces extérieurs (Défense du territoire)
- L'éducation
- Prendre en charge les services publics indispensables au fonctionnement de la société, mais non rentables (éducation, santé).
- Assurer la libre concurrence sur le marché, protéger les droits de propriété
L'Etat peut "faciliter l'acquisition des connaissances en établissement dans chaque paroisse ou district une petite école où les enfants seraient instruits pour un salaire si modique, que même un ouvrier puisse le donner ; le maître étant en partie, mais non en totalité, payé par l'Etat".
« Le troisième et dernier devoir du souverain est d’entretenir ces ouvrages ou ces établissements publics dont une grande société retire d’immenses avantages, mais sont néanmoins de nature à ne pouvoir être entrepris ou entretenus par un ou plusieurs particuliers, attendu que, pour ceux-ci, le profit ne saurait jamais leur en rembourser la dépense. »
Les impôts nécessaires au financement des fonctions de l'Etat ne doivent pas pénaliser l'activité économique :
- Chaque citoyen paie des impôts selon ses capacités contributives (égalité fiscale qui remet en cause des privilèges de la noblesse)
- Des règles transparentes (éviter l'arbitraire)
- La perception des contributions fiscales doit être simple pour le contribuable, au moment le plus commode (simultanément aux ventes des récoltes des paysans)
- Avec des frais de gestions les plus fables possibles (efficacité des services de l'Etat, lutte contre la corruption)
Réglementation financière
Quelques années avant la parution de sa célèbre Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), Adam Smith avait été témoin de l'éclatement d'une bulle financière qui avait décimé le système bancaire d'Édimbourg : sur trente banques, seules trois avaient survécu. Pour lui, livrée aux seules forces du marché, la finance faisait courir de graves dangers à la société.
Adam Smith stipule donc expressément que la logique d'un marché libre et concurrentiel ne doit pas s'étendre à la sphère financière. D'où une nécessaire exception financière au principe de la liberté d'entreprendre et de commercer, et la nécessité d'une cadre réglementaire strict : « ces règlements peuvent à certains égards paraître comme une violation de la liberté nature de quelques individus, mais cette liberté de quelques-uns pourrait compromettre la sécurité de toute la société. Comme pour l'obligation de construire des murs pour empêcher la propagation des incendies, les États, dans les pays libres tout comme dans les pays despotiques, sont tenus de réglementer le commerce des services bancaires »
Les interventions de l'Etat faussent le fonctionnement des marchés
Les politiques gouvernementales de relance, en gonflant artificiellement kes gains pendant les crises pour soutenir temporairement la stabilité, ne font que restreindre sa capacité à retrouver un nouvel équilibre. De telles politiques se font aux dépens du contribuable et ne servent qu'à repousser les problèmes.
3.15 Conscience du déclassement social des artisans transformés en ouvriers.
Adam Smith a conscience que les artisans maîtrisant la totalité de leur "art" subissent un déclassement social lorsqu'ils sont transformés en ouvriers soumis à une division du travail. Vissés à leur tâche, les ouvriers deviennent "aussi stupides et ignorants qu'il est possible à une créature de le devenir".
3.16 Engagements politiques d'Adam Smith
- Critique des limites de l'enseignement religieux, y compris dans l'Université d'Oxford.
- Critique de l'aristocratie terrienne et des rentiers : "« les propriétaires, comme tous les autres hommes, aiment à recueillir là où ils n’ont pas semé. »
- Critique de l'esclavage : « L’expérience de tous les temps et de toutes les nations, écrit Adam Smith, s’accorde, je crois, pour démontrer que l’ouvrage fait par des esclaves, quoiqu’il paraisse ne coûter que les frais de leur subsistance, est au bout du compte le plus cher de tous. »
- Critique des conquêtes coloniales : « Ce sont tout au plus des dépendances accessoires, une espèce de cortège que l’empire traîne à sa suite pour la magnificence et la parade. ». Pour Adam Smith les nations ont beaucoup plus intérêt à échanger librement en fonction de leurs avantages comparatifs absolus. Ceci évite les surcoûts d'une occupation coloniale, pour contraindre des peuples qui n'ont plus intérêt à augmenter leur productivité.
- Le libre jeu du marché génère des crises à répétition. Contrairement à ce que pensait Adam Smith, ce n'est pas le libre jeu du marché qui assure l'équilibre, mais leur régulation par la puissance publique.
3.17 Contribution d'Adam Smith à la pensée économique
- Le premier à introduire la psychologie humaine dans la théorie économique (l'individu est motivé par son intérêt particulier), que ce soit ses aspects positifs (esprit d'innovation) que négatifs (montée de l'individualisme).
- Inventeur de la notion de "valeur travail"
- Démontre que la division du travail augmente la production.
- Démontre que le commerce international est source de richesse.
- Démontre l'importance de l'épargne et de l'accumulation du capital dans le décollage économique.
- Prise de conscience du déclassement social des artisans devenus ouvriers.
Adam Smith a eu de nombreuses intuitions, telles que :
- Trop d'impôt tue l'impôt : « L’impôt peut entraver l’industrie du peuple et le détourner de s’adonner à de certaines branches de commerce ou de travail, qui fourniraient de l’occupation et des moyens de subsistance à beaucoup de monde. Ainsi, tandis que d’un côté il oblige le peuple à payer, de l’autre il diminue ou peut-être anéantit quelques-unes des sources qui pourraient le mettre plus aisément dans le cas de le faire. » Richesses des Nations V2
- Dans le luxe, la demande augmente avec le prix : « Pour la plupart des riches, le principal plaisir qu’ils tirent de la richesse consiste à en faire étalage et à leurs yeux leur richesse est incomplète tant qu’ils ne paraissent pas posséder ces marques décisives de l’opulence que nul ne peut posséder sauf eux-mêmes. »
- Un marché financier non régulé est une menace pour toute la société : « ces règlements peuvent à certains égards paraître comme une violation de la liberté nature de quelques individus, mais cette liberté de quelques-uns pourrait compromettre la sécurité de toute la société. Comme pour l'obligation de construire des murs pour empêcher la propagation des incendies, les États, dans les pays libres tout comme dans les pays despotiques, sont tenus de réglementer le commerce des services bancaires »
- Une économie coloniale est moins profitable que le libre échange international.
la Richesse des Nations inspirera les économistes des décennies suivantes :
- Thomas Malthus, David Ricardo et John Stuart Mill en Angleterre
- Jean-Baptiste Say et Frédéric Bastiat en France.
IV - Obsolescence et limites de la pensée de Smith
4.1 - Obsolescence de la pensée d'Adam Smith
- La théorie des avantages absolus a fait place à la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo en 1817.
- Adam Smith, comme tous les économistes de l'école classique a développé un modèle dans lequel les producteurs mettaient en oeuvre des techniques connues de tous et offraient des produits indifférenciés. Il faudra attendre 1911 pour que Schumpeter démontre le rôle moteur joué par l'innovation des entrepreneurs.
- La théorie de la valeur travail, adoptée par les classiques anglo-saxons et les marxistes, a été remplacée par la valeur de l'unité marginale.
- A l'époque pré-industrielle de Smith, l'augmentation du nombre de machines pouvait faire augmenter le nombre de travailleurs. Mais assez rapidement, la révolution industrielle a produit des machines qui détruisaient des emplois dans leur secteur d'activité (révolte des Canuts à Lyon).
- A l'époque pré-industrielle de Smith il n'y avait pas encore d'entreprises industrielles monopolistiques pouvant fausser les règles d'un marché libre, mais cela n'allait pas tarder.
- La notion "mécanique" de la "main invisible" allait être dévoyée par les ultra-libéraux pour réintroduire du "divin" et de la fausse morale comme "l'harmonie" au détriment de la rationalité dans la pensée économique.
- Dans leur livre , "Phishing for Phools", les 2 Prix Nobel d'économie George Akerlof et Robert Shiller considèrent que la recherche du profit conduit à la manipulation du consommateur (publicité) et de l'investisseur (bulle spéculative). Ces "marchés de dupes" n'ont rien de "rationnels" et ne conduisent pas à "l'équilibre général".
4.2 - Limites de la pensée d'Adam Smith
Limite au niveau de la théorie économique : Adam Smith a construit les bases de la micro-économie, c'est à dire l'analyse du marché au niveau du fonctionnement des entreprises et des comportements individuels. Mais il a adopté la loi des rendements décroissants, qui s'est révélée fausse, et il a manqué d'une vision macro-économique, politique et sociale.
Pas de vision géopolitique : La pensée d'Adam Smith ignore la géopolitique des puissances industrielles, ce qui marque un recul par rapport aux mercantilistes et aux physiocrates.
Pas de vision politique : Adam Smith considérait que sa démarche théorique était construite sur des bases scientifiques, pour créer une économie prospère au bénéfice de tous. Karl Marx démontrera que la bourgeoisie est la nouvelle classe dominante, qui s'est substituée à l'aristocratie de l'ancien régime et a instrumentalisé l'église pour garantir la paix sociale.
Pas de vision sociale : Adam Smith a compris que c'était avant tout l'intérêt particulier qui motivait les hommes et qu'il fallait un Etat fort pour garantir la liberté du marché, c'est à dire le protéger des entreprises dominantes ou malhonnêtes. Pourtant Adam Smith n'a pas vu que la motivation de l'intérêt pouvait conduire à des positions dominantes sur le marché du travail, avec dans chaque ville quelques employeurs membres des mêmes clubs ou loges maçonniques et la multitude du petit peuple des ouvriers et paysans interdits de syndicats.
La loi des rendements décroissants ne s'est pas vérifiée
Adam Smith prévoyait une baisse du taux de profit et de la croissance sur le long terme, sous la pression de la hausse des salaires et des rentes foncières. Il n'a pas anticipé que la hausse de la productivité permettrait la poursuite de la hausse des salaires, ni que la productivité agricole limiterait la hausse des rentes foncières.
Adam Smith n'a pas tenu compte des effets positifs de la hausse des salaires sur la croissance économique, en créant une hausse des volumes et une montée en gamme de la demande.
Adam Smith ignore la géopolitique des puissances industrielles
Le traité Eden de 1786 de libre échange entre le Royaume-Uni et la France, inspiré des théories de Smith, renforçait la puissance industrielle de l'Angleterre et faisait de la France un simple fournisseur agricole. L'Allemagne et les USA protégèrent leur industrie naissante, le temps qu'elles soient suffisamment fortes pour affronter avec succès l'industrie anglaise.
Karl Marx démontrera que la bourgeoisie s'est substituée à l'aristocratie comme classe dominante
Adam Smith considère que les propriétaires fonciers, c'est à dire les forces politiques de l'ancien régime, conservent leur position dominante par rapport aux paysans, car il y aura toujours un grand nombre de fermiers à la recherche de terres à exploiter, alors que les surfaces disponibles n'augmentent pas. Mais Karl Marx mettra en évidence que les capitalistes bénéficient exactement du même type de position dominante face aux chômeurs, dont le nombre augmente avec l'explosion démographique du XIXème siècle, alors que la mécanisation détruit des emplois (cf. révolte des Canuts).
La division du travail contribue à faire baisser le salaire ouvrier
Adam Smith explique que le salaire est fonction du temps d'apprentissage (coût d'entrée dans le métier), la fiabilité du travailleur et son expertise. Il constate que la division du travail se traduit par un déclassement social des artisans en ouvriers non qualifiés, mais à notre connaissance il n'a pas formulé le fait que cette division du travail se traduit par une baisse des salaires en supprimant tout ce qui justifie un salaire plus élevé : le travail de l'ouvrier limité à une seule tache du processus de production n'a pas besoin d'un apprentissage de longue durée, ni d'une grande expertise.
Adm Smith n'a pas vue la contradiction entre la hausse de la production par la division du travail et la paupérisation des artisans, qui faisaient partis de la petite bourgeoisie des villes. De la fin du XVIIIème siècle au début du XXème siècle, la croissance économique est restée très faible malgré la révolution industrielle et l'explosion du nombre d'inventions. Le réel décollage économique ne se fera qu'avec l'émergence d'une classe moyenne, c'est à dire des salariés correctement payés disposant d'un pouvoir d'achat suffisant pour constituer un marché de masse pour écouler la production des entreprises.
La position dominante des employeurs étouffe le pouvoir d'achat et la demande potentielle
Thomas Malthus sera le premier à démontrer que les employeurs sont en position dominante face aux ouvriers, ce qui leur permet de réduire au maximum les salaires. Ceci crée une mauvaise répartition de la valeur ajoutée entre le profit des entrepreneurs et le salaires des ouvriers, ce qui se traduit par un excès des investissements et un déficit de la demande potentielle.
Pas de réflexion pour remédier à la misère des ouvriers
Adam Smith, ainsi que l'ensemble des économistes de l'école libérale, ne sauront pas développer une théorie économique pour lutter véritablement contre la hausse de la misère sociale, ce qui fera le lit de l'idéologie marxiste totalitaire.
L'égoïsme des hommes ne converge pas de façon harmonieuse mais génèrent la brutalité des rapports de force.
Mettant fin à 14 siècles d'obscurantisme manichéen chrétin (édit de Constantin qui ferme les lieux de culte grecques et du site des Jeux Olympiques en 393), Adam Smith renoue avec l'humanisme Grec en prenant l'être humain dans sa globalité.
Les hommes sont motivés par l'égoïsme personnel. Mais il considère que selon la loi statistique des moyennes, la multitude des égoïsmes personnels antagonistes convergent vers une moyenne, dans la mesure où l'Etat et la religion ne viennent pas perturber le jeu naturel du marché.
Karl Marx démontrera qu'il n'y a pas une "main invisible" qui permet de converger vers un équilibre harmonieux, mais que les relations entre les hommes sont régis par des rapports de force brutaux et que les blocages se résolvent par la contrainte du rapport de force.
En considérant que l'Etat avait un rôle d'arbitre en garantissant le libre jeu du marché et en s'opposant aux positions dominantes, Adam Smith reconnaissait d'une certaine façon que les marchés de convergeaient de façon harmonieuse vers l'équilibre.
Curieusement, Adam Smith préconisa un rôle d'arbitre de l'Etat pour s'opposer aux positions dominantes des entreprises, sans pour autant appliquer cette même logique pour s'opposer aux positions dominantes sur le marché du travail.
Sources :
Le Nouvel Observateur - Hors Série Mai / Juin 2007 - Comprendre le Capitalisme - Adam Smith l'indispensable division du travail - Thierry Gandillot