Pierre Le Pesant de Boisguilbert (1646-1714)
Précurseur des Physiocrates
"Il n'est pas question d'agir, il est nécessaire seulement de cesser d'agir"
Biographie
17 Février 1646 : Naissance de Pierre Le Pesant de Boisguilbert., fils de Nicolas Le Pesant de Boisguilbert, un cousin au deuxième degré du dramaturge Pierre Corneille.
Formation :
- Etudes chez les jésuites de Rouen
- Etudes chez les jansénistes de Port-Royal
- Etudes de droit à Paris.
Carrière professionnelle :
1676 : il acquiert la charge de juge de la vicomté de Montivilliers.
1690 : Lieutenant-général civil au bailliage et siège présidial de Rouen
1699 : Obtient la charge de lieutenant.
Boisguilbert écrivain
Comme son prédécesseur économiste Antoine de Montchrestien, Boisguilbert s’essaie d’abord à la littérature dont il a acquis le goût à Port-Royal entre 1674 et 1685 avec des traductions du grec en français. Il écrit Marie Stuart, reyne d’Escosse, qui sera traduit en anglais.
Boiguillbert économiste
1676 : Boisguilbert se tournant vers l’économie politique.
1695 : Dans son ouvrage principal, Le Détail de la France, la cause de la diminution de ses biens et la facilité du remède en fournissant en un mois tout l’argent dont le Roi a besoin et enrichissant tout le monde, il décrit la ruine générale des Français de toutes les classes provoquées par le mauvais régime économique.
Il réalise également la première schématisation en France d'un circuit économique en tant que tel, expliquant la circulation de l'argent dans la société d'Ancien Régime. Son analyse sera reprise et approfondie par Richard Cantillon.
Critiquant Colbert pour avoir négligé l’agriculture, il soutient que la richesse d’un pays réside non dans l’importance de sa masse monétaire mais dans sa production et ses échanges.
Il réclame également la liberté du commerce, en particulier celui des grains, et la réforme des impôts.
Il propose, comme solution aux calamités de son époque, moins la réduction que l’égalisation de la participation à l’impôt comme devant permettre aux pauvres de consommer plus, d’augmenter la production et d’ajouter à la richesse générale. Il demande la réforme de la taille, la suppression des droits de douane intérieure et la liberté du commerce.
Dans Le Factum de la France ou moyen très facile de faire recevoir au roi quatre-vingt millions par-dessus la capitation, praticables par deux heures de travail de Messieurs les Ministres et un mois d’exécution de la part des peuples de 1705, il propose de remplacer tous les droits de douane par une simple capitation d’un dixième du revenu sur toutes les propriétés auquel se sont opposés les fermiers généraux et qui a trouvé peu d’appui.
Le désastre rencontré par le nouvel impôt du « dixième » institué en 1710 par le contrôleur général Nicolas Desmarets, qui n’était pas sans analogie avec le projet de Boisguilbert, à cela près que le « dixième » conçu par Boisguilbert était destiné à remplacer tous les autres impôts alors que celui de Desmarets ne faisait que se surajouter à eux, a sûrement contribué à déconsidérer un peu plus les propositions de Boisguilbert qui fut malgré tout beaucoup utilisé – mais peu cité – par les physiocrates, puis par Adam Smith.
10 Octobre 1714 : Pierre Le Pesant de Boisguilbert meurt à Rouen à 68 ans.
La pensée économique de Boisguilbert
Pierre Le Pesant de Boisguilbert est un précurseur du libéralisme, dont le livre Détail de la France a été retrouvé dans la bibliothèque d'Adam Smith.
Il s'oppose à l'interventionisme de Colbert et défend la liberté de travailler, des prix et du commerce.
En matière fiscale, il considère qu'une meilleure répartition de l'impôt serait profitable à l'économie et aux finances royales.
Oeuvres
Marie Stuart, reyne d'Escosse, Nouvelle historique, Paris, L. Billaine, 1675.
La France ruinee sous le regne de Louis XIV par qui & comment : avec les moyens de la retablir en peu de tems, Cologne, Pierre Marteau, 1696
Moiens d'augmenter considerablement les revenus de la couronne, par l’établissement d’une dixme royale; & suppression des impots, sans apprehension d’aucune revolution dans l’Etat, Cologne [Rouen], Pierre Marteau, 1696-1707
Memoires pour servir au retablissement general des affaires en France, ou, par occasion, on fait voir les causes de la decadence, Villefranche, Pierre & Jean, 1697
Traité de la nature, culture, commerce et intérêt des grains, 1707 ; réédition Institut Coppet, 2014
Causes de la rareté de l'argent, 1707
Le Détail de la France, la cause de la diminution de ses biens et la facilité du remède en fournissant en un mois tout l’argent dont le Roi a besoin et enrichissant tout le monde, Bruxelles, G. De Backer, 1712 ; réédition Institut Coppet, 2014
Traité de la nature, culture, commerce et intérêt des grains : tant par rapport au public, qu’a toutes les conditions d’un état, [S.l.n.n.], 1841 ; réédition Institut Coppet, 2014
Dissertation sur la nature des richesses, de l'argent et des tributs : ou l’on decouvre la fausse idée qui règne dans le monde à l'égard de ces trois articles, [S.l.n.n.], 1841
Détail de la France ; Factum de la France ; Opuscules divers, [S.l.n.n.], 1843
Extrait des eloges des hommes à célébrer, Stockholm, H. Fougt, 1774
Traductions françaises de Dion Cassius (1674) et d’Hérodien (1675).