Mohamed Bouazizi (1984-2011)

 vendeur de rue spolié par des fonctionnaires corrompus

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« un homme simple, comme il y en a des millions, qui, à force d'être écrasé, humilié, nié dans sa vie, a fini par devenir l'étincelle qui embrase le monde » (Tahar Ben Jelloun).

 

 Mohamed Bouazizi wikipedia

 

 

 

Mohamed Bouazizi n'est pas un théoricien de l'économie, mais le symbole des millions de petits entrepreneurs du tiers monde, qui cherchent à sortir de la misère par eux même, harcelés et spoliés par des fonctionnaires incompétents et corrompus.

Il n'a pas écrit de livres, mais sa courte vie est une page de l'histoire de notre monde du début du XXIème siècle.

 

 

Biographie de Mohamed Bouazizi

29 Mars 1984 : Naissance de Tarek Bouazizi à Sidi Bouzid, d'un père ouvrier agricole.

Tarek Bouazizi est rapidement appelé Mohamed, pour le distinguer d'un homonyme, puis porte jusqu'à l'âge adulte le surnom de Basboussa donné par sa mère Manoubia.

1987 : Mohamed a 3 ans lorsqu'il perd son père.

La famille s'enfonce dans la misère lorsqu'elle perd des terres hypothéquées.

1990 : À six ans, le jeune Bouazizi participe aux travaux des champs.

1998 : A 14 ans, tout en suivant des études au lycée, il est occasionnellement maçon. Assumant le rôle de soutien de famille qui lui est confié, Mohamed Bouazizi reste à Sidi Bouzid, ville agricole de 40 000 habitants, malgré la découverte et l'attrait de Sfax, ville maritime économiquement développée.

Abandonnant le lycée au niveau de la terminale, il s'inscrit dans une association de jeunes chômeurs.

2003 : Faute de mieux, à 19 ans, il devient marchand ambulant de fruits et légumes, cette activité constituant le seul revenu de la famille de sept enfants. Son rêve est de pouvoir s'acheter une camionnette pour ne plus avoir à pousser sa charrette.

Ne possédant pas d'autorisation officielle, il subit une administration à laquelle il ne peut verser de pots-de-vin et qui, pendant sept ans, se sert dans sa caisse, lui applique des amendes ou lui confisque sa marchandise, voire sa balance. À sa sœur Leïla, il déclare : « Ici, le pauvre n'a pas le droit de vivre ».

17 Décembre 2010 : On lui confisque encore une fois son outil de travail (une charrette et une balance). Essayant de plaider sa cause et d'obtenir une autorisation et la restitution de son stock auprès de la municipalité et du gouvernorat provincial, il y est bousculé et se fait expulser des bureaux où il est venu se plaindre. Sa sœur Leïla explique : « Ce jour-là, les agents municipaux lui avaient confisqué son outil de travail et l'un d'eux l'avait giflé. Il s'est alors rendu à la municipalité, puis au gouvernorat pour se plaindre, mais ici, à Sidi Bouzid, il n'y a personne pour nous écouter. Ils marchent à la corruption et ne travaillent que pour leurs intérêts. »

Humilié publiquement, désespéré, Mohamed Bouazizi s'immole par le feu devant le siège du gouvernorat. Il est transporté à l'hôpital local, puis à Sfax, et enfin au Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous, près de Tunis.

4 Janvier 2011 : Le décès de Mohamed Bouazizi est annoncé à Ben Arous où il était hospitalisé.

 

L'étincelle du Printemps Arabe

L'annonce de sa mort provoque des manifestations insurrectionnelles dans tout le pays et l'éffondrement du régime.

14 Janvier 2011 : Ben Ali se réfugie en Arabie saoudite et un nouveau président est désigné.

 

Hommage à Mohamed Bouazizi

17 Février 2011 : La municipalité de Tunis annonce vouloir rebaptiser l'une des avenues les plus importantes de la capitale tunisienne, l'avenue du 7-Novembre — ainsi nommée en référence à la date symbole de la prise du pouvoir par Ben Ali — pour lui donner le nom de Mohamed Bouazizi.

25 mars 2011 :  la Poste tunisienne émet un timbre-poste à son effigie.

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, indique vouloir donner à un lieu parisien le nom de Mohamed Bouazizi, « figure emblématique qui, par son acte de résistance, symbolise le combat des Tunisiens pour la démocratie, la justice et la liberté ». Par dérogation à une règle qui interdit que le nom d'une personne soit donnée à une voie publique de Paris si elle est morte depuis moins de cinq ans, il est décidé qu'une place du 14e arrondissement de Paris portera le nom de « place Mohamed-Bouazizi en hommage au peuple tunisien et à sa révolution de janvier 2011 », une stèle commémorative devant y être apposée. Cette place, située près du parc Montsouris, est inaugurée le par le maire de Paris, en présence de Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme.

Le Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous où il est mort doit être renommé « Hôpital Mohamed Bouazizi ».

Le Parlement européen lui décerne le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit en 2011, un prix partagé la même année par quatre autres personnalités en relation avec le printemps arabe.

Le romancier marocain Tahar Ben Jelloun publie en 2011 chez Gallimard Par le Feu, court récit de fiction qui reconstitue les dernières semaines de Bouazizi et qui se termine sur un hommage à « un homme simple, comme il y en a des millions, qui, à force d'être écrasé, humilié, nié dans sa vie, a fini par devenir l'étincelle qui embrase le monde ».

Le , un monument commémoratif représentant le chariot de Bouazizi, entouré de chaises vides en symbole des « dictateurs » arabes déchus, est dévoilé, à Sidi Bouzid, « sous les applaudissements de la foule »33. Le quotidien The Times désigne Mohamed Bouazizi « personnalité de l'année 2011 » le 28 décembre, attribuant à son immolation le rôle de catalyseur du « Printemps arabe ».

Les éditions Cérès publient le une biographie de Mohamed Bouazizi signée par Lydia Chabert-Dalix, journaliste et écrivaine qui s'est rendue, dès janvier 2011, à Sidi Bouzid et a été reçue par la famille de Bouazizi ; l'ouvrage relate l'enfance, l'adolescence et les grands moments qui ont marqué sa vie.

Le , deux jours avant la sortie de son quatrième album, l'artiste Kenza Farah publie un clip dédié à Mohamed Bouazizi.

Le , un jeune marchand ambulant de cigarettes originaire de Jendouba décède après s'être immolé par le feu, la veille, sur l'avenue Habib-Bourguiba à Tunis.

 

L'enquête de l'Institut péruvien pour la liberté et la démocratie

Avec l'Institut pour la liberté et la démocratie, que dirige à Lima  l'économiste Hernando de Soto et en partenariat avec l'organisation d'entrepreneurs  tunisiens Utica, Hernando de Soto a envoyé une trentaine d'étudiants et d'experts interroger les parents des immolés et ceux qui avaient survécu, afin de comprendre les raisons de leur geste. "Ce qui m'a frappé, c'est qu'aucun de ceux que nous avons interviewés n'a donné de raison politique ou religieuse pour expliquer ces actes. Ils ont parlé uniquement de l'administration qui les a spolié et de leur volonté contrariée de sortir de la pauvreté. Ils étaient des entrepreneurs expropriés qui protestaient contre l'Etat expropriateur."

"Les informels ne refusent pas la loi, c'est la loi qui ne veut pas d'eux".

 

 

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