L'école de Chicago
L'École de Chicago est un groupe informel d'économistes libéraux, associés à la théorie Néo-Classique des prix, au libre marché libertarien, ainsi qu'à une opposition au Keynésianisme.
- Le Monétarisme
- L'Ecole des Nouveaux Classiques de Robert Lucas
- La théorie moderne du portefeuille
I - Les économistes de l'Ecole de Chicago
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Leur nom vient du département d'économie de l'Université de Chicago dont la majorité des professeurs étaient membres de cette école de pensée. L'école de Chicago est symbolisée pour le grand public par la figure de Milton Friedman. Elle se distingue d'une autre école libérale, l'École autrichienne qui a une approche praxéologique (analyse de l'action humaine à partir de l'observation, sans jugement de valeur) fondée par Carl Menger, perpétuée notamment par Ludwig von Mises, Friedrich Hayek et Murray Rothbard.
Y sont rattachés :
- Milton Friedman, « prix Nobel » d'économie 1976 ;
- George Stigler, « Prix Nobel » d'économie 1982 ;
- Frank Knight ;
- Thomas Sowell ;
- Richard Posner ;
- Gary Stanley Becker, « Prix Nobel » d'économie 1992 ;
- Ronald Coase, « Prix Nobel » d'économie 1991 ;
- Robert E. Lucas, « Prix Nobel » d'économie 1995.
Influence de l'Ecole de Chicago sur les politiques économiques des années 80 et 90
Les théories de l'école de Chicago sont à l'origine des politiques économiques de la Banque mondiale du milieu des années 1980 au milieu des années 1990, pendant lesquelles de nombreuses entreprises publiques des pays en développement furent privatisées.
Le département économique de l'Université de Chicago a formé de nombreux technocrates latino-américains, dont les plus célèbres, les Chicago Boys, qui avaient mis en place les politiques économiques chiliennes pendant la dictature d'Augusto Pinochet.
Opposition au Keynésianisme
L’analyse monétariste s’est développée à la fin des années 1960, en opposition au keynésianisme. Les monétaristes condamnent les politiques « laxistes » de l’État en matière monétaire et budgétaire. Elles n’ont à long terme aucun effet sur l’activité économique mais sont source d’inflation qui est un phénomène strictement monétaire.
II - Le monétarisme
Les économistes monétaristes sont les plus connus de l'Ecole de Chicago, mais ce ne sont pas les seuls.
Selon la théorie monétariste :
- l'offre de monnaie est exogène (déterminée par la banque centrale) ;
- la demande de monnaie est stable ;
- l'inflation est « partout et toujours un phénomène monétaire », due à l'augmentation trop rapide de la masse monétaire (moyens de paiement mis en circulation) ;
- les agents font des anticipations adaptatives qui diminuent à long terme l'effet des politiques conjoncturelles ;
- il existe un taux de chômage naturel en dessous duquel l'économie ne peut pas descendre durablement.
Neutralité de la politique monétaire
Le monétarisme est un courant de pensée économique selon lequel les gouvernements doivent mener une politique monétaire stricte dans le but de limiter la quantité de monnaie en circulation. La réflexion sur ce thème est ancienne (cf. les écrits de Jean Bodin, David Hume, ou plus récemment Irving Fisher). Mais le rénovateur de ce courant est sans conteste l'économiste Milton Friedman (chef de file de l'École de Chicago), qui a contribué à réhabiliter et à relancer la théorie quantitative de la monnaie contre le paradigme dominant de l'époque, le keynésianisme. Ainsi la politique monétaire est réapparue sur le devant de la scène pour figurer depuis quelques années parmi les instruments essentiels de la politique économique.
M. Friedman préconise l'abandon des politiques monétaires discrétionnaires pour mettre en place des règles fixes. Il suggère d'inscrire dans la constitution un taux de croissance fixe pour la masse monétaire correspondant au taux de croissance moyen de la production à long terme (par exemple 5 %), les taux d'intérêt étant fixés par la loi de l'offre et de la demande. Si la croissance économique ralentit, l'offre de monnaie sera excédentaire et les taux d'intérêt diminueront, permettant une reprise de la croissance. Si la croissance accélère au delà du rythme prévu (surchauffe), l'offre de monnaie sera insuffisante et les taux d'intérêt augmenteront, ce qui freinera la croissance. Ainsi les politiques conjoncturelles (politique de relance ou de rigueur) sont inutiles, et les risques d'inflation ou de récession sont éliminés.
En France, Jacques Rueff (1896-1978), économiste et haut fonctionnaire, reprendra l’idée selon laquelle « La monnaie est le carburant qui alimente toujours l’inflation ». Qualifié de « monétariste métalliste », il estimait que le meilleur moyen de maîtriser la masse monétaire était de revenir à l’étalon-or (la valeur des monnaies est évaluée en fonction de sa valeur en or. Le métal jaune est alors l’« équivalent général ») abandonné en 1944.
Taux de chômage naturel
La courbe de Phillips est une constatation empirique d'une corrélation entre le chômage et l'inflation à court terme uniquement. Le taux de chômage est en abscisse et l'inflation en ordonnée, cette courbe est monotone convexe décroissante. Friedman va modifier la lecture de cette courbe de la manière suivante : « en augmentant la masse monétaire, les autorités font croire aux travailleurs que leur salaire réel a augmenté, ce qui les conduit à augmenter leur offre de travail. À court terme on a donc une diminution du chômage, mais rapidement les travailleurs s'aperçoivent que les prix ont augmenté en même temps, ils diminuent donc leur offre de travail. »
Deux conséquences :
- Premièrement, le niveau de chômage revient à son niveau « naturel », mais les prix ont augmenté : la courbe de Phillips se déplace donc « vers le haut ».
- Deuxièmement, Friedman en déduit que la courbe de Phillips de long terme est une droite verticale avec comme abscisse le taux de chômage naturel, elle démontrerait alors l'inefficacité des politiques économiques sur le long terme.
Limites du monétarisme
Le monétarisme a été à son tour contesté par d'autres libéraux. Les nouveaux classiques se sont opposés à Friedman en défendant des hypothèses comportementales sensiblement différentes. Les monétaristes supposent des anticipations adaptatives, les agents s'adaptent en fonction de la situation présente. Ils peuvent être trompés par une politique économique qui sera alors efficace à court terme mais néfaste à long terme quand les agents se rendront compte de leurs erreurs. Pour les nouveaux classiques, les anticipations sont rationnelles. Les agents raisonnent en termes réels et ne peuvent être leurrés par une politique monétaire, qui sera donc inefficace à court terme comme à long terme.
III - L'Ecole des Nouveaux Classiques
Dans les années 90, certains économistes américains d’inspiration libérale ont repris l’analyse « classique » d’Adam Smith, David Ricardo et Jean-Baptiste Say, en partant d’un nouveau postulat : avant de décider d’investir, de produire, de consommer ou d’épargner, tous les agents économiques utilisent rationnellement les informations de plus en plus nombreuses dont ils disposent.
Robert Lucas, prix Nobel d’économie en 1995, est le plus célèbre représentant de cette école. Pour lui, avant d’agir, nous anticipons l’avenir. Ces « anticipations rationnelles » sont immédiates, selon les nouveaux classiques. Inutile donc, par exemple, de tenter de relancer la consommation en baissant les taux d’intérêts ou en augmentant la masse monétaire. Les banques vont anticiper une reprise de l’inflation et remonter les taux de prêts aux consommateurs. Cette course à l’échalote rend donc vaine les politiques économiques puisque les acteurs anticipent ses conséquences négatives.
IV - La théorie moderne du portefeuille
L'école de Chicago couvre aussi l'application du Calcul stochastique aux marchés financiers (cf. la théorie moderne du portefeuille).