Valeur travail
Ecole classique
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La valeur travail est un concept théorique formalisé par Adam Smith et développé par David Ricardo puis Karl Marx, selon lequel le travail joue un rôle essentiel dans la détermination de la valeur d'un bien..
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I - Précurseurs
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- William Petty (1623-1687) : le travail est le père et la nature la mère de la richesse
- John Locke (1632-1704) : justifie la propriété individuelle par le travail
- David Hume (1711-1776) : tout dans le monde s'achète avec le travail
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II - Adam Smith
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Paradoxe de l'eau et du diamant : valeur d'usage et valeur d'échange
Le travail est la source de toute création de richesse
L'accroissement de la richesse est entièrement due à l'action conjointe du travail humain et du capital (bâtiments, machines, outils, etc.) Ce capital est lui-même entièrement produit par le travail.
Travail "incorporé" : le coût de production
La théorie du travail incorporé explique que la valeur d'une marchandise est déterminée par la quantité de travail nécessaire pour la fabriquer.
La division du travail permet d'augmenter la productivité et de faire baisser le coût de production.
Travail « commandé » : le travail s'échange contre du travail
La théorie du travail commandé établit que la valeur d'une marchandise est fonction de la quantité de travail que sa vente permet d'acheter.
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III - David Ricardo (1772-1823)
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La théorie de la valeur n'est valable que pour les marchandises produites, et reproductibles par le travail humain.
Un bien non produit (l'air, la terre en tant qu'espace géographique) ou non reproductible (la Joconde) n'entre pas dans le champ d'application de la théorie de la valeur.
Le concept de travail commandé de Smith revient à dire que le prix du blé est fonction de lui-même
C'est Ricardo qui pointera les contradictions de la théorie du travail « commandé » de Smith : selon cette théorie, la valeur d'un kilo de blé dépendrait en effet de la quantité de travail que le blé permet d'acheter. Mais cette quantité de travail est elle-même fonction du salaire... dont le montant est lui-même fonction du prix du blé, puisque les travailleurs consacrent une part importante de leur budget à acheter du pain. Le raisonnement revient à dire que le prix du blé est fonction de lui-même et ne démontre rien selon Ricardo.
Le travail direct des salariés
Le travail indirect contenu dans les installations, les machines
La valeur d'un bien est égale à la valeur du travail incorporé, direct et indirect.
Le temps de travail qui intervient dans la création de valeur est un temps total, qui inclut aussi bien le travail directement dépensé dans la production que le travail indirect, passé, qui a servi à fabriquer les bâtiments, machines, matières premières, utilisés. Si pour produire une hache, les forgerons emploient 2 kg de fer ayant nécessité 4 jours de travail, et qu'ils mettent eux-mêmes 3 jours à la forger, celle-ci aura pour valeur l'équivalent de 7 jours de travail.
C'est la moyenne du travail incorporé par unité de production qui détermine la valeur d'un bien sur le marché.
La quantité de travail incorporé qui fixe la valeur d'une marchandise est une quantité de travail social, et non de travail individuel. Si un artisan maladroit met deux jours pour fabriquer des chaussures que les autres artisans assemblent en une journée, il ne les vendra pas deux fois plus cher. Sur un marché donné, la valeur d'une marchandise est unique, et elle est le résultat d'une moyenne entre les temps de fabrication des différents producteurs.
Le "prix naturel" est le prix du marché qui permet d'échanger des biens sur la base d'une même valeur du travail incorporé
C'est la valeur ainsi déterminée par le temps de travail consacré à la production qui règle le rapport d'échange d'équilibre entre les marchandises. S'il faut 7 jours pour fabriquer une hache et 14 jours pour fabriquer un chariot, un chariot s'échangera idéalement contre deux haches (il « vaudra » deux haches). Si l'on prend comme référence non le troc, mais une monnaie, on dira par exemple que si la hache a pour valeur 100 euros, alors le chariot aura quant à lui pour valeur 200 euros. Ricardo emploie le terme de prix naturel pour désigner cette valeur (ce prix d'équilibre) exprimé en monnaie.
Le "prix naturel" est un "prix d'équilibre"
Ce prix naturel est un prix d'équilibre, car si à un moment donné tous les prix correspondaient effectivement aux prix naturels, cela voudrait dire d'une part que pour chaque marchandise, l'offre est égale à la demande, et que d'autre part, aucun travailleur n'aurait intérêt à changer de métier, chaque journée de travail dans les différents métiers étant rémunérée de la même manière. J
La terre ne joue en elle-même aucun rôle dans la création de la valeur.
Qu'une société créée beaucoup ou peu de richesse, elle dispose toujours de la même quantité de terre : ce n'est pas la terre en elle-même qui est à l'origine de la création de richesse mais son exploitation par le travail des hommes.
Ricardo fera remarquer que si la terre appartenait à l'État, celui-ci pourrait supprimer la rente foncière. La richesse globale de la société n'en serait nullement diminuée, et les sommes ainsi économisées par les capitalistes et les fermiers leur permettraient d'investir, donc d'accroître davantage cette richesse globale.
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IV - Karl Marx
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Le travail "indirect" est un "capital mort" qui ne produit aucune richesse
Le travail direct des salariés est un "capital vivant", seul à créer de la valeur
Tout profit est de l'exploitation
Karl Marx est dans une logique idéologique et son raisonnement économique est faux.
La richesse produite est une combinaison de toutes les formes de capital : le capital intellectuel (innovation, capacité de management de l'entrepreneur), les outils de production et la force de travail.
Lorsqu'une machine crée des produits sans aucune intervention humaine, il est faux de la considérer comme un "capital mort" qui ne produit aucune richesse.
Inversement, le travailleur sans aucune qualification (capital intellectuel) ni aucun outil de production à sa disposition ne peut pas produire grand chose à lui seul et à mains nues.
La petite bourgeoisie intellectuelle marxiste non productive développe une culture du ressentiment contre la bourgeoisie entrepreneuriale qui organise la production. Vivant de la dépense publique et n'ayant jamais eu de contacts avec la réalité du monde de la production , la petite bourgeoisie intellectuelle marxiste non productive ne comprend pas les notions d'investissements, d'innovation, d'expérimentation et de prise de risques.
Rompant avec la démarche scientifique, le marxisme a une vision du monde manichéenne quasi-religieuse. Par définition, l'entrepreneur ne peut être que l'incarnation du "mal" est tout profit ne peut être que de "l'exploitation". Même si ce profit est intégralement investit pour donner de l'emploi à des chômeurs, augmenter les salaires ou dans la recherche et le développement pour améliorer le sort de l'humanité.
Loin d'être un progrès, la pensée de la cléricature de la nomenklatura marxiste est un retour à l'Ancien Régime, cumulant à elle seule l'Ordre éclésiastique (les idéologues marxistes détiennent le monopole de la "vérité)") et l'Ordre Aristocratique (le Parti unique détient le monopole du pouvoir).